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17 août 2011

Découvrir le pardon et l'amour du Père

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Découvrir le pardon et l'amour du Père

 

   Je vous invite d'abord à lire Lc 15.11-32                             


Voici 2 fils qui suivent des chemins bien différents. Et pourtant, chacun est certain qu’il est sur la bonne voie : Le plus jeune est certain que sa liberté se trouve dans l’indépendance vis-à-vis de son père. Il agit en conséquence : il demande sa part d’héritage et coupe les ponts avec son père.

L’aîné est certain de mériter l’amour de son père. Cette conviction de mériter l’amour de son père est encore renforcée lorsqu’il se compare avec son vaurien de frère : Lui n’a pas demandé sa part d’héritage ! Lui a fait son devoir de fils en travaillant dur pour son père, sans désobéir, sans jamais rien lui demander ! Lui a eu une vie droite ! Alors que l’autre a vécu dans la débauche et dilapidé l’argent de son père avec des prostituées ! Il a un accès de fureur lorsqu’il constate l’injustice que son père lui fait subir lorsqu’il apprend la fête qui se déroule dans la maison familiale, parce que l’autre est revenu ! : Tu as osé tuer le veau gras, pour lui, alors que tu ne m’as jamais donné  un seul chevreau pour me réjouir avec mes amis !

   Honnêtement, cela ne vous est-il jamais arrivé d’avoir une réaction semblable. Je ne parle pas de l’avoir exprimée avec virulence, comme dans ce texte. Nous savons ce qui est pieux, ce qui peut se dire et ce qui ne doit pas se dire ! Mais de l’avoir pensé ? Lorsqu’on a le sentiment de mériter l’amour de Dieu, on trouve que c’est injuste que Dieu pardonne aussi facilement ceux qui sont des pécheurs notables, comme ce fils cadet ! Si Dieu pardonne si facilement, à quoi servent les efforts que l’on fait pour mériter l’amour de Dieu ? Les ouvriers de la 1ère heure trouvent aussi que c’est parfaitement injuste que les ouvriers de la 11e heure reçoivent le même salaire qu’eux ; eux qui ont travaillé toute la journée sous le soleil ! (Mt 20.11-12). Eh oui ! Depuis notre petite enfance, nous sommes imprégnés de la logique du mérite ! Et nous avons tant de mal à comprendre la logique de l’amour de Dieu !

   Apparemment, le parcours de ces deux frères semble bien différent. Et pourtant, ces deux fils se ressemblent sur un point : Ni le rebelle, ni le consciencieux ne connaissent vraiment leur père. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas encore expérimenté son amour. Je vous propose de regarder de près le parcours du plus jeune fils.

  Pensez-vous qu’il aurait voulu se séparer de son père s’il avait su que la relation avec son père était la source de sa vie ?

   Non ! En effet, tout le monde sait, même lui, que lorsqu’on se coupe de sa source, volontairement ou involontairement, on se coupe de soi-même, on se coupe de son centre. Mais ce fils ignore que son Père est sa source. Il ignore l’importance vitale du lien avec le père. Donc il rompt les relations. Le texte nous dit : il partit pour un pays lointain ; il met de la distance entre son père et lui, car il pense que loin de lui, il sera libre. Le grand mot est lâché : LIBERTE. Faire enfin ce qui lui plait, sans aucune contrainte ! Il soupire après cette liberté-là.  Mais c’est le contraire qui se produit ; il devient esclave : il dissipa sa fortune en vivant dans la débauche (v 13). L’esclavage ne consiste pas seulement à être sous la domination d’un homme. L’esclavage officiel n’existe plus aujourd’hui, mais on peut cependant être l’esclave de tant de choses : l’argent, l’alcool, le tabac, le sexe, la drogue, le pouvoir, le travail… Chez son père, il était un « fils » ; loin de son père, il devient « ouvrier ». Chez son père, il avait une tâche noble ; loin de son père, il garde des cochons, animaux considérés comme impurs. Chez son père, il était rassasié ;  loin de son père, il meurt de faim et envie même la nourriture des cochons qu’il garde.

Jésus veut nous faire comprendre que loin de Dieu, l’homme se retrouve en exil, affamé intérieurement. Quand l’homme se construit sans référence à la Parole de Dieu, dans la volonté de s’assumer lui-même, d’être indépendant de Dieu, il s’exile lui-même. Sur le plan humain, cet homme peut faire illusion : sa part d’héritage lui a permis de briller, d’assouvir ses désirs, de faire la fête, d’être reconnu par les autres. Mais c’est un artifice qui ne dure pas. Privé de cet artifice (l’argent, le pouvoir, la position sociale…), il découvre que son cœur est comme un champ en friche : il n’y pousse que des fruits fades ou amers qui n’apportent ni la paix ni l’harmonie avec soi-même. Ceci est logique, puisqu’il s’est coupé de sa source de vie.

  La vie de ce fils a pris un tour tellement douloureux, c’est un tel échec, que s’il ne veut pas mourir, il va être contraint de se repentir. Finies les fausses assurances, les fausses excuses, les faux discours. Il doit entrer dans le silence intérieur et faire le point : Rentré en lui-même, il se dit : Combien d’employés chez mon père ont du pain en abondance, et moi ici, je péris à cause de la famine (v 17-19). L’épreuve a ceci de positif qu’elle lui fait se souvenir qu’il a un père. Ce père dont il a voulu fuir la présence parce qu’il considérait qu’elle empiétait sur sa liberté, voilà qu’il commence à le voir autrement lorsque tous ses rêves de liberté s’évanouissent parce que son estomac crie famine.

    Il a dû en verser des larmes, lorsqu’il a pris conscience du vide qui s’était creusé en lui. Mais ces larmes ont été salutaires car c’était les larmes de la repentance. La tristesse selon Dieu produit une conversion qui mène au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort (2 Co 7.10). En un instant, tout va basculer en lui: Il aspire à revenir chez son père pour retrouver sa vie de fils, une vraie nourriture, et un sens à sa vie.

 L’attrait de son indépendance et sa liberté, il en parle maintenant comme d’un péché : J’ai péché contre le ciel et envers toi. Il est même prêt à échanger sa position de fils contre celle de serviteur pour retrouver la présence et la sécurité du père : Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes employés.

Sa repentance est sincère, car elle le met en route : Il partit pour rentrer chez son père. Il fait demi-tour. Il fait le chemin inverse, celui qui le ramène vers son père. Il ne veut pas passer sa vie à garder des cochons. Il fait un choix ; et ce choix est une grâce de Dieu, qui lui permet de sortir d’une culpabilité stérile qui l’aurait empêché de se repentir. Il va faire le pas vers la vie !

  Parce que Dieu nous aime, il donne à chacun la possibilité de pouvoir revenir vers Lui. Avons-nous compris que Dieu ne nous enferme jamais dans notre passé, quel que soit ce passé, ou dans notre péché, quel que soit ce péché. Quel que soit notre parcours, il nous donne toujours possibilité de revenir vers lui, de se repentir.

  Maintenant que sa décision est prise, ce fils va pouvoir, enfin, découvrir la grandeur de l’amour de son Père. Mieux vaut tard que jamais ! (Ce n’est pas ironique). Il s’attendait à des remontrances ; or voilà que son père, qui le guettait de loin, se précipite vers lui pour le serrer contre lui et l’embrasser. Avez-vous remarqué qu’il n’a même pas le temps d’aller jusqu’au bout de la phrase qu’il avait prévu de dire à son père ? Il n’a pas le temps de dire : traite-moi comme l’un de tes employés, que son Père lui donne les insignes d’un fils : la plus belle robe, une bague, des sandales. Mais ce n’est pas tout : il donne aussi un ordre : Apportez le veau gras, sacrifiez-le ! Mangeons et faisons bombance. Le verbe grec employé dans le texte  - sacrifiez-le - nous suggère que la fête qui va suivre n’est pas simplement une réjouissance autour d’un plat de viande succulente. Il y a l’idée d’un sacrifice de communion et de reconnaissance, tel qu’on le voit en Lv 7.12, où la majeure partie de l’animal sacrifié était mangé par l’adorateur et sa famille. Mais aussi, sans doute, allusion au sacrifice de Jésus sur la croix qui nous accorde le pardon.

  Ce fils fait l’expérience extraordinaire du pardon total, immérité : Dans les bras de son Père, le fils doit se demander : Comment mon Père peut-il encore m’aimer après ce que je lui ai fait ?

  Ce père aimant, qui pardonne totalement quand on revient à lui, c’est aussi NOTRE Père.

Etes-vous revenus à votre Père ? On ne devient pas enfant de Dieu simplement en naissant dans une famille chrétienne ou en allant au culte ou à la messe ! Les 2 fils de la parabole étaient bien nés chez leur père, ils étaient « fils » par les liens du sang, mais ils ne connaissaient pas l’amour de leur père ! Il faut passer par une nouvelle naissance, spirituelle, pour comprendre cet amour. Mais, sans repentance, cette nouvelle naissance est impossible. Comme ce fils, nous sommes tous rebelles par notre nature pécheresse. Nous avons donc tous besoin de revenir vers le Père.

 Si vous vous sentez-vous concernés par ces paroles, c’est-à-dire, si vous n’êtes pas encore revenu vers votre Père, n’attendez pas pour faire la même démarche que ce fils. Ne reportez pas votre décision à demain. Ne tombez pas dans ce piège qui consiste à dire : Aujourd’hui, je ne suis pas prêt ; on verra demain

   Peut-être une partie de votre cœur est-elle encore loin de Dieu, en friche ; et vous expérimentez le vide ou l’amertume des fruits qui y poussent. N’en prenez pas votre parti ! Ne pensez pas qu’il y a des fatalités ! C’est à la totalité de votre cœur, de votre être, que Dieu veut redonner la vie. Pour cette « friche » où  vous tenez Dieu à l’écart, Dieu attend que vous rentriez en vous-même, que vous reveniez à lui, car il veut guérir, par son pardon et son amour.

  Même lorsque nous sommes loin de Lui, Dieu nous cherche, nous attend, guette le moindre signe de retour de notre part. Nous savons maintenant que, quel que soit notre situation, nous pouvons nous lever et revenir vers le Père. Ce mouvement de repentance peut nous paraître insignifiant, insuffisant, inapproprié  pour que Dieu nous pardonne. Il le serait effectivement si notre pardon dépendait de nous, d’une phrase que nous adressons à Dieu. Mais notre pardon dépend de ce que Jésus a accompli à la croix : il a pris sur lui notre péché et a payé, à notre place, les conséquences de nos fautes. La repentance, c’est le signe que nous reconnaissons que nous avons offensé Dieu. Mais la repentance ne serait rien sans l’amour inconditionnel de Dieu manifesté à la croix à l’égard de chacun d’entre nous.

   Lorsqu’on a compris cela, le Seigneur nous guérit progressivement de l’attitude du frère aîné qui pensait mériter l’amour de son père et qui l’empêchait de se réjouir du retour de son frère, pécheur notoire. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on a pris conscience du pardon immérité que le Père nous accorde, on n’a plus envie de se comparer aux autres pour établir une hiérarchie des mérites. On a juste envie de louer Dieu pour son immense amour et la puissance vie de son pardon.

 

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