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23 janvier 2017

Porter sa croix

croix

 

 Porter sa croix

Mt 10,34-39

 

 

 

Liturgie : Danielle Dugelet
podcast

Prédication : Alain Nadal
podcast

   De nombreuses versions de la Bible traduisent le verset 38 comme je viens de le lire : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi ». Cette traduction n’est pas fidèle au texte grec. De plus, elle nous empêche de prendre conscience d’une chose importante que nous devons intégrer dans notre relation avec Christ.
   Que dit le texte grec ? « Celui qui ne se charge pas de sa croix pour marcher à ma suite, n’est pas digne de moi » (BFC). Ou bien : « Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre, n’est pas digne de moi » (NBS).


   Je fais juste remarquer que la mauvaise traduction Second de 1978 a été rectifiée dans la NBS de 2002. Certaines traductions anglaises sont fidèles.


   Pourquoi tant d’insistance de ma part sur cette erreur de traduction ? Premièrement, parce qu’il est important de lire le texte tel qu’il nous a été transmis. Deuxièmement, pour que nous comprenions que si nous ne portons pas notre croix, notre façon de suivre Jésus, c’est-à-dire, notre façon d’être disciple, n’est pas conforme à ce qu’Il veut. Ou, comme le dit Jésus lui-même : nous ne sommes pas dignes de lui.
   Nous verrons que ce n’est pas un détail lorsque nous comprendrons ce que veut dire « porter sa croix ».

La compréhension commune
   Dans la compréhension commune, « porter sa croix » signifie être confronté à de grandes souffrances physiques ou morales liées à des événements que l’on subis et qui sont destructeurs. Il est courant d’entendre des personnes dire : « Je porte ma croix », lorsqu’elles sont affectées par des maladies à répétition, des dépressions, des conflits graves avec leur famille, des deuils d’enfants… Ou d’entendre des témoins de ces situations dire : Ils portent leur croix.
Cette compréhension n’est pas ce que Jésus a voulu dire lorsqu’il enseignait ses disciples.

Alors, qu’a-t-il voulu dire ?
   Pour le comprendre, il faut d’abord regarder quel est le point commun des versets 37 à 39. Comme nous allons le voir, le point commun est un choix que nous avons à faire. Et de ce choix dépend la qualité de notre relation avec Dieu.
   Au verset 37, Jésus nous dit que lorsque nous aimons notre père, notre mère, notre fils ou notre fils plus que Lui, nous sommes indigne de Lui. Il nous place devant un choix : Qui aimons-nous d’abord ? Quelles sont nos priorités ?
   Au verset 38, Jésus nous dit que pour le suivre, pour être son disciple, il faut porter sa croix. Remarquons que cela sous-entend qu’on peut vouloir de le suivre sans porter sa croix. Dans ce cas, Jésus dit qu’on est pas digne de Lui. Il est donc aussi question de faire un choix.
   Au verset 39, c’est encore une question de choix, toujours en rapport avec la relation que le chrétien veut avoir avec Jésus : soit on cherche à s’épargner les souffrances inhérentes au fait d’être disciple de Jésus ; soit on fait le choix volontaire de servir Jésus, quelles qu’en soient les conséquences.
   Dans le premier cas on préserve son confort de vie en pensant d’abord à soi-même, on cherche à éviter les contraintes, les souffrances, les moqueries, les incompréhensions, les persécutions ; mais on perd la relation intime que Dieu veut avoir avec nous.
   Dans le second cas, on perd son confort de vie, on ne s’appartient plus soi-même, on n’est plus maître de son temps, de ses loisirs, mais on gagne une richesse qui ne se mesure ni en euros, ni en dollars, mais en terme de communion profonde avec Dieu, et de paix et de joie que cette communion entraîne.
   Nous comprenons que ces choix décisifs conditionnent notre relation avec Dieu.

Approfondissons maintenant ce que Jésus a voulu enseigner
   Jésus n’a pas employé le mot « croix » par hasard. Pour lui le premier, ce mot est lié à la souffrance, car il avait annoncé à ses disciples qu’il allait être crucifié. On le voit dans Mt 20,19.
   Il y a deux choses essentielles à comprendre concernant la Croix de Jésus :
1) C’est la preuve la plus grande de son amour, mais aussi de notre salut : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
2) C’est volontairement que Jésus s’est offert en sacrifice : « Je donne ma vie pour mes brebis… Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même » (Jn 10,15 ; 18).
   Lorsque Jésus enseigne que chaque disciple doit porter sa croix, il fait incontestablement un lien et un parallèle avec la croix sur laquelle il a été cloué. Ces deux choses essentielles (l’amour (du prochain) et le sacrifice volontaire) se retrouvent aussi dans cette exhortation à porter notre croix? Je m’explique :
1) Christ nous a aimé jusqu’à la Croix pour nous sauver / Nous devons faire connaître aux aux autres l’amour de Christ pour qu’ils soient sauvés.
2) Christ a accepté les souffrances de la Croix / Nous devons accepter les souffrances qu’engendrent le fait d’être disciple : « Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite ; Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15,20).
   Jusqu’où va le parallèle entre les souffrances de Christ à la Croix, et les souffrances du disciple lorsqu’il porte sa croix dans ce monde ?
   La Croix de Christ est directement et pleinement rédemptrice. C’est le sacrifice unique et parfait de Jésus qui nous sauve.
   Qu’en est-il de la croix du disciple ? Bien sûr, elle n’est pas directement rédemptrice. Elle l’est indirectement, car elle peut conduire des hommes au salut, dans la mesure où la mission première du disciple est de faire connaître aux autres l’amour et le pardon de Dieu, même dans un climat hostile à l’Évangile. C’est ce que vivent des centaines de milliers de chrétiens dans les 50 pays où ils sont persécutés à cause de leur foi, et où pourtant la foi est la plus vivante.

   Frères et sœurs, quelle vision avons-nous d’une vie chrétienne idéale ? Est-ce un long fleuve tranquille nous transportant de bonheur en félicité tout au long de notre existence, où nous pouvons jouir de l’amour ineffable de Dieu, sans écueil, sans combat ? Ce n’est pas ce que Jésus a dit de sa mission, ni ce qu’il a vécu : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu pour mettre la division entre l’homme et son père… et l’homme aura pour ennemi les gens de sa maison » (Mt 16,34).

   Écoutons ce qu’écrit Leanne Payne dans son livre Vivre la présence de Dieu : « Il existe une vraie et authentique souffrance spécifiquement chrétienne que nous subissons en portant notre croix. Lorsque nous permettons à Christ de vivre en nous et à travers nous, nous nous trouvons aux prises avec un combat spirituel. Sa lumière en nous se heurte aux ténèbres du monde — l’ignorance, la haine, les mensonges et tromperies qui aveuglent l’âme des hommes et des femmes se répercutent aussi dans les structures culturelles, institutionnelles et gouvernementales qu’ils créent. Quand nous, qui sommes les messagers du Royaume, rencontrons les mensonges et illusions d’un monde obscurci et déchu, nous entrons dans un conflit. Toute souffrance volontaire que nous endurons en exerçant notre rôle d’instrument de la vie de Christ constitue ce que la Parole appelle « porter sa croix ». Par conséquent, ce sont la joie et la paix, et non des regards de martyrs et des visages allongés, qui caractérisent ceux qui portent vraiment leur croix. »
   Il n’y a pas de meilleure illustration de ce qui vient d’être dit que le récit de l’emprisonnement de Paul et de Silas à Philippe : Parce que Paul avait chassé un esprit de divination d’une servante qui rapportait beaucoup d’argent à ses maîtres, ceux-ci les traînèrent devant les autorités de la ville. Ils furent roués de coups et jetés en prison comme des criminels. Le texte nous dit ensuite : « Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu ». (Act 16,25). Paul et Silas portaient joyeusement leur croix, même au travers des souffrances.
   Porter sa croix n’est pas une option, ou un bonus qui viendraient s’ajouter à une vie chrétienne normale. De même que la croix de Christ est au cœur du salut des hommes, porter sa croix est la mission de chaque disciple, c’est-à-dire de chaque chrétien : Faire connaître et apporter l’amour de Christ à ceux qui ne le connaissent pas, même dans un climat hostile à la foi chrétienne.

   Dans notre pays, pour l’instant, contrairement aux pays que j’évoquais, on ne peut pas vraiment parler de persécution des chrétiens. Et pourtant, combien de fois avons-nous renoncé à parler de Jésus, par crainte qu’on se moque de nous, ou qu’on nous rejette ?
   Demandons pardon au Seigneur. Demandons-lui aussi de nous donner du zèle pour que nous le servions en portant joyeusement notre croix.

11:20 Publié dans Prédications | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : croix

Commentaires

"Porter sa croix" j'aimerai dire que cela peut être aussi la maladie, je pense à cette jeune femme atteinte d'une maladie grave, peu connue et malheureusement incurable, cette souffrance n'est bien sur pas librement consentie, pourtant je dirais presque qu'elle l'accepte et témoigne avec joie partout où sa maladie le lui permet, hôpitaux, cabinets de médecin et de spécialiste, groupes de discutions, églises ! Et je dirais même que lorsque l'on connait sa maladie, c'est la joie avec la quelle elle témoigne malgré tout qui frappe le plus.
Devant de telles personnes tout comme devant nos Frères de l'Église persécutée je m'incline humblement me sentant tout petit !

Écrit par : Georges C. | 08 février 2017

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