Importance de la prière

L'importance de la prière

Lc 21,36 ; 1 Thes 5,17 ; Rm 15,30

Le prière est un thème souvent abordé, aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Les textes de la première alliance nous rapportent que des hommes comme Abraham, Moïse, David et tant de prophètes, ont été de grands intercesseurs, et ont vu de grandes choses se produire suite à leurs prières. Songeons à Élie qui avait annoncé à Achab qu’il ne pleuvrait pas pendant 3 ans et demi (1 R 7 ; Lc 4,25). Et c’est sur sa prière que la pluie est revenue.

Dans le NT, nous voyons Jésus passer des nuits entières dans la prière, et exhorter ses disciples à « veiller et à prier en tout temps » (Lc 21,36). Dans la parabole du juge inique, (Lc 18,1-8), le premier verset nous dit : « Jésus leur dit une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne pas se lasser ».
Dans les épitres, Paul aussi exhorte les croyants à « prier sans cesse » (1 Thes 5,17). Ne doutons pas un instant que l’apôtre a appliqué pour lui-même les exhortations qu’il adressait à ses correspondants. Au début de presque toutes les lettres qu’il adresse aux églises, il fait mention des prières qu’il adresse à Dieu : « Nous (Paul, Sylvain et Timothée) rendons continuellement grâce à Dieu pour vous tous, et faisons mention de vous dans nos prières ». Frères et sœurs, que faisons-nous de ces exhortations de Jésus et de Paul ? Sont-elles devenues une sorte de rengaine à laquelle nous ne prêtons plus attention, parce que nous les avons entendues si souvent ? Jésus et Paul auraient-ils parler pour ne rien dire, juste pour le plaisir de s’entendre parler, un peu comme nous le faisons si souvent ?
Je suis certain qu’aucun de vous qui êtes ici ce matin ne pense cela. C’est donc que ces exhortations ont un sens, qu’il est important de les comprendre, et surtout de les mettre en pratique.
Le célèbre évangéliste méthodiste, John Wesley, a écrit : « Donnez-moi une centaine de prédicateurs qui ne craignent rien d’autre que le péché et n’ont pas d’autres désirs que Jésus seul, et je ne me ferai pas de soucis au sujet de leurs diplômes. Ces quelques uns seuls feront trembler les portes de l’enfer et établiront le Royaume des Cieux sur terre. Dieu ne fait rien qu’en réponse à la prière ».
« Dieu ne fait rien qu’en réponse à la prière ». Si nous étions vraiment persuadés de cela, nous commencerions à comprendre pourquoi Jésus nous a demandé de veiller et de prier en tout temps. Et nous accorderions plus d’importance à notre prière personnelle, au temps que nous y consacrons. Nous comprendrions mieux, qu’en quelques décennies après la résurrection de Jésus, l’Évangile se soit répandu dans tout le bassin méditerranéen, malgré les horribles persécutions auxquelles ont été confrontés ceux qui devenaient chrétiens.
John Wesley affirmait qu’il suffirait de 100 prédicateurs consacrés à la prière et remplis du Saint-Esprit pour établir le Royaume des Cieux sur la terre. Combien étaient-ils ces hommes entièrement consacrés à Dieu et à la prière, qui ont allumé le feu de l’Esprit dans tout le bassin méditerranéen, au cours du premier siècle de notre ère ? 12 ! 13 avec Paul, plus quelques compagnons de Paul !
Étaient-ils de meilleurs prédicateurs que la majorité des prêtres et des pasteurs de notre siècle ? Étaient-ils mieux formés théologiquement ? Les gens de l’époque étaient-ils plus disposés à recevoir l’Évangile que nos contemporains ? NON ! Alors, pourquoi l’Évangile est-il réduit à la portion congrue en Europe, dans notre pays, dans notre ville ? Qu’avaient-ils de plus que nous, les premiers disciples de Christ ? La réponse est très simple : Ils étaient totalement consacrés à Dieu et à la prière. Aujourd’hui encore, même en France, on assiste à des Réveils dans certaines communautés, lorsque leurs pasteurs, entièrement consacrés à Dieu, laissent à l’Esprit Saint toute la liberté d’agir avec puissance. Ils reçoivent l’onction divine capable de chambouler les cœurs des chrétiens installés dans la léthargie spirituelle.
Edward Bounds, un pasteur américain du début du siècle dernier, écrit : « L’onction n’est pas un don confié pour toujours. C’est un don conditionnel, et sa présence est perpétuée et augmentée par le même procédé qui l’a obtenu pour la première fois. Quel est ce procédé ? D’incessantes prières à Dieu, des désirs passionnés pour la ressemblance à Christ, en l’estimant, en le recherchant avec une ardeur infatigable, en regardant toute chose comme une perte ou en échec sans cette ardeur ».
« D’où et comment vient cette onction ? Directement de Dieu, en réponse à la prière. Les cœurs remplis de l’esprit de prière sont les seuls à pouvoir être remplis de cette huile sainte ; des lèvres qui prient sont les seules à pouvoir être ointes de cette onction divine ».
« La prière, beaucoup de prières, tel est le prix d’une parole sainte. La prière, beaucoup de prière, telle est la seule et unique condition pour garder cette onction. Sans cette incessante prière, l’onction ne vient jamais sur le prédicateur ; sans la persévérance dans la prière, l’onction, comme la manne gardée trop longtemps par le peuple dans le désert, fera naître des vers qui la dévoreront toute » (Cf Ex 16,19).
Il nous faut une révélation de l’Esprit pour comprendre que la prière est la chose la plus importante qui soit, la plus essentielle, dans notre relation avec Dieu. Tous nos actes, en tant que chrétiens, découlent de notre vie de prière. Une vie de prière rabougrie donnera toujours des fruits spirituels rabougris. Un prêtre, un pasteur, un prédicateur qui ne se consacre pas à la prière ne verra que peu de fruits dans son ministère. « C’est l’onction du Saint-Esprit qui rend vivante la vérité révélée de Dieu ; elle lui donne de communiquer la vie. Même la vérité évangélique, apportée sans cette onction, est légère, et n’insuffle pas la vie. Le sermon peut abonder en vérités, être chargé de pensées, briller par sa clarté, frapper par sa logique, être puissant d’enthousiasme ; sans cette onction, les cœurs endurcis ne seront pas touchés par la Vérité ».
Les pasteurs, les paroissiens, les conseillers presbytéraux, les prédicateurs devraient veiller à la priorité de leur relation avec Dieu : la prière ! On constate souvent que l’intendance prend le pas sur la prière. C’est ce que ne voulaient pas, dès le début, les responsables de la première église. On voit cela en Act 6,4, où les 12 disciples nomment des diacres pour les soulager des tâches matérielles, afin qu’ils aient plus de temps à consacrer à la prière.
En effet, « les appels et le but des apôtres étaient de mettre l’Église en prière. Ils n’étaient pas ignorants de la grâce reçue par celui qui donne avec joie. Ils n’ignoraient pas la place que l’activité religieuse et le travail occupent dans la vie chrétienne. Mais pas une de ces choses, ni même toutes réunies, ne pouvaient, à leurs yeux, être comparées à la prière, en nécessité, en importance, en urgence ».
Il existe un danger qui guette les chrétiens : celui de percevoir la prière comme un « devoir ». Dans ce cas, cela devient un travail épuisant que l’on ne fait qu’à contre-cœur, ou sans enthousiasme. En effet, « prier, prier véritablement demande beaucoup d’attention et de temps, choses auxquelles notre vieille nature ne trouve pas beaucoup d’intérêt. Le risque, c’est de nous habituer à nos prières de mendiants, jusqu’au point où cela nous semble bon et normal : c’est une forme décente qui calme notre conscience. Nous pouvons écourter nos prières et ne pas réaliser le péril jusqu’au moment où les fondations sont détruites. Des prières rapides produisent un foi faible, des convictions faibles, une piété douteuse. Être petit avec Dieu, c’est être petit pour Dieu. Racourcir la prière donne aussi un caractère religieux rabougri, mesquin et négligent. »
« Il faut du temps, pour que le souffle de Dieu pénètre notre esprit. La brièveté de nos prières coupe le canal qui nous relie à Lui. Cela prend du temps dans le lieu secret pour recevoir une pleine révélation de Dieu ». Nous admettons unanimement qu’il faut du temps en tête à tête pour apprendre à connaître quelqu’un, que ce soit son futur conjoint ou un ami. C’est exactement la même chose avec Dieu. Et pourtant, nous pratiquons souvent le speed dating dans nos prières, parce que nous trouvons toujours une chose plus urgente à faire. Nous repoussons souvent la prière à plus tard, un « plus tard » qui se traduit souvent par une prière faite à la sauvette, avant de se précipiter pour faire quelque chose « d’important » !
Il nous faut une révélation pour comprendre que l’important, ce qui est véritablement important, c’est la prière. Lorsque nous aurons compris cela, nous bousculerons nos calendriers, nous modifierons notre gestion du temps pour consacrer à la prière la place qui lui revient : la priorité.
Si Jésus nous exhorte à prier en tout temps, c’est que Dieu nous donne un rendez-vous permanent pour s’entretenir avec nous. Je dis bien : « pour s’entretenir avec nous ». On a trop tendance à penser que prier, c’est parler à Dieu. C’est vrai aussi ! Mais prier, c’est aussi écouter Dieu nous parler. Je dirai même que c’est le plus important.
Ces moments d’intimité avec Dieu sont faits pour que nous puissions lui ouvrir notre cœur, lui apporter nos joies, nos peines, notre reconnaissance, notre joie de lui appartenir, notre confiance en lui dans toutes les circonstances de notre vie. Mais aussi nos peurs, nos doutes, nos questions, nos révoltes, nos incompréhensions, nos faiblesses, nos péchés. Dieu peut tout entendre. Il veut nous apprendre à être transparent devant lui, à lui ouvrir totalement notre cœur, à ne pas lui cacher ce dont nous avons honte, mais au contraire à le placer dans sa lumière guérissante, en regardant Christ, cloué sur la croix, qui a pris sur Lui nos péchés.
Nous avons souvent peur de confesser à Dieu nos fautes et nos péchés, parce que nous avons peur qu’il nous juge. Quelle erreur ! Dieu ne nous juge jamais. Pourquoi ? Parce qu’il nous aime. Mais il ne veut pas non plus nous laisser dans notre péché. Pourquoi ? Parce qu’il nous aime !
La prière a aussi une autre dimension, tout aussi importante, tout aussi indispensable pour le Réveil dans les églises. À ce propos, je vous lis ce que Paul écrivait aux Romains à la fin de son épitre : « Je vous exhorte, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l’amour de l’Esprit, à combattre avec moi, en adressant à Dieu des prières en ma faveur » (Rm 15,30). À trois autres occasions (Eph 6,18 ; Col 4,3 ; 1 Thes 5,25) Paul adresse la même demande insistante aux églises.
À ce propos, Edward Bounds écrit : « L’Évangile ne peut pas être multiplié par un messager qui ne sait pas intercéder. Les dons, les talents, l’éloquence, les appels de Dieu même ne peuvent pas remplacer la prière. Paul est une illustration frappante de ces vérités. Si quelqu’un pouvait faire progresser l’Évangile par le moyen de sa valeur personnelle, de sa puissance intellectuelle, de sa culture, de toutes les grâces personnelles reçues, de l’appel de Dieu à l’apostolat, c’était bien Paul. Et cependant, il a été un vivant exemple du fait qu’un serviteur doit être un homme littéralement donné à la prière. Tout apôtre qu’il était, Paul montre par dessus tout que le plein succès de son ministère dépendait de la prière des croyants. Il les supplie de prier pour lui. Il savait que dans le Royaume spirituel, comme partout ailleurs, l’union fait la force. Si Paul dépendait tellement des prières des enfants de Dieu pour donner le succès à son ministère, combien n’est-il pas plus nécessaire, aujourd’hui encore, que les chrétiens nés de nouveau concentrent leurs intercessions sur ceux à qui le Seigneur a confié de répandre Sa Parole ».
Frères et sœurs, que le Seigneur nous fasse la grâce de comprendre qu’il n’y a rien de plus important que la prière, que rien ne peut se faire sans elle. Que chacun de nous ait soif de recevoir un Esprit de prière qui le conduira à mettre à part le meilleur moment de ses journées à la recherche de la volonté de Dieu, pour lui-même et pour notre église.
Prions aussi avec foi et persévérance pour ceux qui nous annoncent l’Évangile chaque dimanche, afin qu’ils parlent sous l’onction de l’Esprit.