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18 septembre 2012

Le pain de vie

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Matthias HELMLINGER
podcast

Jean 6.24-35

   Quand le Seigneur agit c’est pour que nous apprenions à vivre de sa Parole. Déjà, du temps de Moïse, la manne avait été donné uniquement pour que le peuple juif apprenne à vivre de toute parole qui sort de la bouche de Dieu : Tu te souviendras de toute la route que le Seigneur ton Dieu t'a fait parcourir depuis qurante ans dans le désert, afin de te mettre dans la pauvreté ; ainsi il t'éprouvait pour connaître ce qu'il y a dans ton coeur et savoir si tu allais, oui ou non, observer ses commandements. Il t'a mis dans la pauvreté, il t'a fait avoir faim et il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères vous ne connaissiez, pour te faire connaître que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais qu'il vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur (Dt 8.2-3).

  La foi biblique, ce n'est pas la foi que Dieu existe. Les démons ont aussi ce genre de foi. D'après l'épître de Jacques, ils croient que Dieu est un, et ils frissonnent (Jc 2.19).

   Alors, qu'est-ce que la foi biblique, la foi d'Abraham, la foi d'Israël et des prophètes, la foi de Jésus et des apôtres ?

   La foi biblique, c'est être certain de la Parole qui sort de la bouche de Dieu et en vivre dès maintenant. Pour nous aider à croire, le Seigneur Dieu donne des signes. La manne était un signe pour les Hébreux. Elle était un véritable miracle nourricier, pas seulement un miracle. En effet, tous les jours pendant qurante ans dans le désert, ils pouvaient en manger. La foi des Hébreux était nourrie, fortifiée par la manne qu'ils mangeaient. Cela ne les a pas empêchés de murmurer dix fois contre Dieu, et c'est pourquoi cette génération n'a pas hérité du pays promis.

   Quand les Hébreux ont vu pour la première fois ce miracle nourricier dans le désert, ils ont dit en hébreu MaN Hou ? Les mêmes lettres dans un autre ordre forment le mot hébreu éMouNah, qui signifie foi, fidélité. De cette question MaN Hou ? est venu le mot français manne. Manne est un mot hébreu qu'on n'a pas traduit, on l'a simplement transcrit en français. Il signifie littéralement d'où lui ?

   D'où il est Lui ? C'est la question que tout le monde se pose à propos de Jésus dans l'évangile de Jean (Jn 9.29). Les parents de Jésus sont bien connus. Lui-même, Jésus, n'a aucun caractère mystérieux aux yeux de ses contemporains. Il était connu comme un simple Juif (Jn 6.42). Mais quand il enseigne et agit, là tout à coup, tout le monde s'interroge : D'où il est Lui ? Et Jésus indique très clairement son origine en utilisant au moins dix fois dans l'évangile de Jean l'expression Je suis, caractéristique du Dieu d'Israël. Il dit ici : Je suis le pain de vie (Jn 6.35). Jésus vient du ciel, il vient du Père, il est envoyé par le Seigneur Dieu d'Israël. Les targums juifs sur Exode 16 (les targums sont des paraphrases araméennes du texte hébreu, qui sont lues dans les synagogues déjà avant Jésus) disent que la manne est un aliment qui existait avant la création du monde, qui était restée cachée dans le ciel, jusqu'à ce que les Hébreux en aient besoin. L'Apocalypse connaît cette tradition : Au vainqueur, dit Jésus, je donnerai de la manne cachée (Apo 2.17). Jésus parle donc aux Juifs de choses qu'ils connaissent, de choses que leurs ancêtres ont expérimentées : un pain qui descend du ciel et permet de vivre dans le désert, là où il est impossible de vivre. Et ce pain est donné tous les jours, pas une fois seulement, ou de manière occasionnelle. Il est donné tous les jours. En plus, ce pain est un test pour voir si les Hébreux écoutent vraiment la parole de Dieu, s'ils sont prêts à obéir au Seigneur. Ce pain permet de croire la Parole de Dieu et d'agir selon la Parole de Dieu. Il teste notre obéissance au Seigneur. Voilà pourquoi Jésus dit à la foule venue le rejoindre à Capernaüm après la multiplication des pains : Oeuvrez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure pour une vie éternelle, que le Fils de l'homme vous donnera (Jn 6.27). Il aurait pu parler à cette foule du nouveau miracle qu'il venait d'opérer en marchant sur la mer de Tibériade au milieu d'une tempête. La foule justement lui avait demandé comment il avait pu venir si rapidement à Capernaüm. La foule avait en effet vu les disciples partir en barque sans Jésus. Mais Jésus ne parlera pas de ce miracle de sa marche sur l'eau, il va droit au but. Ce n'est plus le moment de parler de miracles extérieurs, il propose à ses auditeurs un miracle intérieur : La foi qui vient de la parole de Dieu et qui permet d'agir selon cette Parole. Oeuvrez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure pour une vie éternelle, que le Fils de l'homme vous donnera.

   Ce miracle intérieur de la foi dans la parole de Jésus ne s'est pas produit ce jour-là pour la plupart. Un grand nombre d'auditeurs sont partis. Plusieurs disciples même on quitté Jésus ce jour-là. Ils ne pouvaient supporter des paroles comme celles-ci : Je suis le pain vivant qui descent du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l'éternité. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie (Jn 6.51).

  Il y a un moment dans l'évangile où tous les miracles extérieurs de Jésus cesseront. Le dernier miracle raconté dans l'évangile de Jean, c'est la résurrection de Lazare. Mais après cette dernière action, le Père n'a pas cessé d'agir par son Fils. Il continue à agir dans le Fils jusqu'à aujourd'hui : il fait un miracle intérieur, en nous attirant à Jésus crucifié, en nous faisant participer à la gloire de son Fils.

   La vie chrétienne est une vie après la mort, ou même, peut-on dire, une vie au coeur de la mort. Jésus est le pain de vie. Manger de ce pain, c'est simultanément croire et agir avec une force qui ne vient pas de nous, mais du Dieu vivant. Comme Jésus agit en voyant son Père agir, nous pouvons agir en voyant Jésus son Fils dans la gloire : Oeuvrez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure pour une vie éternelle, que le Fils de l'homme vous donnera.

   Dans l'épître de ce dimanche, Eph 4.16-24, l'apôtre Paul nous demande de renoncer aux ténèbres, à la convoitise, à l'endurcissement de notre coeur et de notre conscience, à la débauche. Mais l'apôtre Paul ne s'appuie pas sur les commandements pour nous motiver à vivre une vie juste et sainte, il s'appuie sur le fait que nous avons revêtu l'homme nouveau, l'homme nouveau que nous sommes devenus en Christ.

  Nous avons revêtu l'homme nouveau : l'habit indique une fonction, un travail à accomplir. Dans un restaurant cinq étoiles, vous ne trouverez pas de chef cuisinier habillé en coureur cycliste. Sur les pistes du tour de France,nous ne trouverez pas non plus de cycliste en pantalon blanc, avec un tablier blanc et une toque blanche sur la tête. L'habit que nous mettons nous engage dans tel ou tel travail. En Christ, nous sommes revêtus d'un habit qui nous permet de faire ce que Jésus faisait. Il nous dit encore aujourd'hui et chaque jour en attendant son retour : Oeuvrez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure pour une vie éternelle et que le Fils de l'homme vous donnera.

   Nous pouvons faire ce que Jésus nous dit de faire, car il est le Pain de vie.

   Cet été, j'ai entendu le témoignage de Kheïra, une ancienne musulmane d'Algérie. Elle assista un jour au culte dans une église. Elle prit le pain de la Sainte-Cène et en mangea sans comprendre ce que cela signifiait. Pendant toute la semaine qui suivit, elle avait une joie et un bonheur inconnus jusque là, que ses amies ont remarqués. Ses amies lui demandaient ce qui lui était arrivé, mais elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle comprit finalement que cela devait être lié à la Parole qu'elle avait entendue à l'Eglise, l'Evangile. En fait, le Christ était déjà en elle, puisqu'elle avait communié. En retournant à l'église, elle comprit que ce Jésus-Christ l'appelait maintenant à croire en Lui pour agir comme Lui.

  C'est en faisant ce que Jésus nous dit de faire que nous fortifierons notre foi. Déjà, au Sinaï, les Hébreux avaient répondu à Moïse qui leur demandait s'ils acceptaient les commandements du Seigneur : Nous ferons et nous comprendrons (Ex 24.7). De même, Jésus dit : Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de mon propre chef (Jn 7.17).

  D'après notre texte, la foule était disposée à faire des oeuvres de Dieu, des commandements que Jésus leur aurait indiquée (Jn 6.28), mais Jésus ne parle que d'une seule oeuvre de Dieu : Croire en celui que le Père a envoyé : Ceci est l'oeuvre de Dieu, que vous croyez en celui qu'a envoyé Celui-ci (Jn 6.29). Croire et agir sont une seule et même chose. Oeuvre de Dieu et la nôtre aussi. Amen.

 

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