La confiance

La confiance

Ps 27, 1-14

 

  J’aime particulièrement ce psaume. Mais ce n’est pas pour cela que je l’ai choisi pour le message d’aujourd’hui. Je l’ai choisi parce c’est une suite logique à mes deux précédents messages sur la peur : la peur subjective, et la peur de l’avenir.

 Suite logique, parce que ce Psaume est avant tout un Psaume de confiance. Toute l’Écriture, ancien comme nouveau Testament, nous invite à faire confiance à Dieu, dans toutes les circonstances de nos vies. J’ai envie de dire que Dieu n’a pas mis la peur au programme de la vie de ceux qui le connaissent. Mais elle est tellement présente dans notre vie, qu’on a fini par croire que c’est normal. Et lorsqu’on pense que les choses sont normales, on s’habitue, on fait avec. 

  En réalité, la peur est une intruse dans la vie d’un croyant. Dans sa relation avec l’homme, Dieu n’a voulu que la confiance. C’est le péché qui a fait naître la peur. Genèse 3 le dit clairement. Après la désobéissance d’Ève et d’Adam, le texte dit ceci : « Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? L’homme répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu ; je me suis donc caché » (Gn 3,9-10). Il n’aurait jamais eu peur de Dieu s’il ne lui avait pas désobéi !

   Si nous sommes sincères avec nous-même, nous savons tous que faire confiance à Dieu est souvent un combat à mener contre nous-mêmes, lorsque les circonstances sont particulièrement difficiles. Ce combat contre nous-même et les forces qui nous y poussent est parfois perdu.

   Je ne veux pas faire l’apologie du doute dans ce que je vais dire maintenant : Si ce combat est passagèrement perdu, ce n’est pas une catastrophe. Je dirais même que cela fait partie de notre condition humaine et de notre nature pécheresse. Il est important de prendre conscience de cela pour ne pas être accablé par ce que nous pourrions considérer comme un manque de confiance en Dieu, lorsque nous avons peur. En effet, l’ennemi de notre âme se ferait un malin plaisir d’appuyer sur ce point précis pour détruire notre confiance et nous faire tomber dans la spirale de la peur, sans que nous ayons envie de réagir.

   Venons-en au texte.

   Ce que le psalmiste écrit dans les 6 premiers versets manifeste une parfaite confiance en Dieu. 

   Dès le premier verset, 3 mots importants donnent le ton de cette confiance : le psalmiste parle de Dieu comme étant sa lumière, son salut et la place forte (ou refuge) de sa vie.

Ce sont 3 mots qu’il faut bien comprendre. 

  Ici, la lumière, c’est le contraire des ténèbres. Je ne parle pas des ténèbres physiques, mais des ténèbres spirituelles. Es 9,1 et 5 nous font bien comprendre le sens profond de ce mot : « Le peuple qui marche dans les ténèbres voit une grande lumière… Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la Paix » . Cette lumière-là apporte effectivement le salut, dans la personne de Christ. On peut placer toute notre confiance en elle.

   Quant au « refuge », puisque peu d’entre nous ont vécu dans un château-fort pendant une guerre, il faut avoir pratiquer la haute montagne pour comprendre la sécurité qu’apporte un refuge à celui qui s’aventure au milieu de cet univers hostile et dangereux qu’est la haute montagne. C’est aussi un univers hostile que décrit le psalmiste : les adversaires, les ennemis qui cherchent à le tuer. On pense à Saül qui a poursuivi David avec acharnement pendant des années avec son armée, pour l’éliminer.

   En dépit de ce danger bien réel, David se sent protégé par Dieu : « Si une armée se campait contre moi… si une guerre s’élevait contre moi, je serais malgré cela plein de confiance » (v.3).

   Cette confiance hors du commun a une raison précise : le psalmiste recherche avec persévérance la communion avec Dieu : « Je demande à l’Éternel une chose que je recherche ardemment : habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel ». Cette recherche de la communion avec Dieu se concrétise dans des sacrifices d’actions de grâce : « J’offrirai des sacrifices dans sa tente, des sacrifices d’acclamation ».

  Quelles que soient les épreuves qui peuvent nous atteindre, que ce soit la maladie, la malveillance, les injustices, la violence, les drames familiaux, les échecs, les persécutions, les fausses accusations, etc… le psalmiste nous donne le seul moyen de garder confiance : la recherche persévérante de la communion avec Dieu. La communion ne peut pas se faire sans passer du temps dans la présence du Seigneur, à travers la prière et la méditation de l’Écriture. Le psalmiste exprime cela en disant : « habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel. » Les prières-express  où l’on se contente de demander des choses à Dieu ne permettent pas une intimité et une communion profonde avec Dieu. C’est dans la louange et l’adoration que la communion avec Dieu grandit. Le psalmiste l’exprime ainsi : « Je chanterai, je psalmodierai en l’honneur de l’Éternel ». 

   En effet, Dieu n’est-il pas le même Dieu d’amour, que les circonstances de nos vies soient favorables ou non ? Est-il responsable de la maladie, de la malveillance, des injustices, des violences, des drames familiaux, des échecs, de la persécution, des fausses accusations ? Nous savons bien que non. 

   Lorsque nous entendons les témoignages de frères chrétiens qui gardent confiance en Dieu, qui louent le Seigneur, alors qu’ils subissent des persécutions atroces, nous voyons bien que la confiance est complètement déconnectée des souffrances qu’ils endurent. Cela doit nous encourager à ne pas perdre confiance.

  Lorsqu’on arrive au v. 7, la confiance fait place à la supplication, à un appel au secours.   Le psalmiste semble ne plus pouvoir vivre ce qu’il a dit dans les 6 premiers versets : « Éternel ! Écoute ma voix, je t’invoque : fais-moi grâce et réponds-moi !… Ne me cache pas ta face, ne repousse pas avec colère ton serviteur. »

   Que s’est-il passé dans sa vie pour que la confiance semble l’avoir quitté ? L’épreuve s’est-elle durcie au point qu’il perde courage ? Est-elle trop longue pour qu’il doute que Dieu veille encore sur lui ?

   Comme je le disais plus haut, tout roi qu’il est, David est un homme. Lorsqu’un homme ne voit pas le bout de l’épreuve, il lui arrive de craquer et de donner prise au doute.

   Mais ce que je remarque dans ce passage à vide, c’est que le doute n’est pas absolu. Il supplie Dieu de ne pas l’abandonner, mais dans le même temps il exprime une confiance absolue : « Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu de mon salut ! Car mon père et ma mère m’abandonne, mais l’Éternel me recueillera ». 

   J’ai envie de dire qu’un moment de doute n’est pas du tout le signe d’un manque de confiance. Ce qui serait dramatique c’est de perdre totalement confiance. Mais soyons sûr d’une chose : Dieu ne veut absolument pas cela. Même s’il a tout fait pour que le doute ne nous atteigne pas, et avec le doute, la souffrance que cela engendre, lorsque cela arrive, nous ne sommes pas seuls dans le doute. Il est à notre côté, et il nous permet d’en sortir vainqueur.

   C’est ce que l’on voit dans les 2 derniers versets (13 et 14). On retrouve le psalmiste du début. La confiance est redevenue totale. 

   Après avoir imploré la protection du Seigneur : « Ne me livre pas au désir de mes adversaires, car il s’élève contre moi de faux témoins, et l’on ne respire que la violence », la vision pessimiste du psalmiste change radicalement. Il prend conscience que Dieu est toujours à ses côtés : « Oh ! Si je n’étais pas sûr de contempler la bonté de l’Éternel sur la terre des vivants !… ». Cela veut dire : « Que deviendrai-je si je n’étais pas sûr… ».

   Dans le dernier verset, on voit que la confiance est entièrement revenue. On a l’impression qu’il s’exhorte lui-même : Espère en l’Éternel ! Fortifie-toi et que ton cœur s’affermisse ! Espère en l’Éternel !

   Après un moment de doute, le psalmiste retrouve la confiance. J’ai envie de dire que sa confiance est encore plus forte qu’au début, car il a vaincu le doute. Chaque bataille gagnée contre le doute fortifie notre foi et notre confiance en Dieu.

   Cette exhortation finale qui appelle à la confiance absolue est le point fort de ce psaume. C’est ce qui peut tous nous fortifier dans la confiance, pour chaque jour de notre vie. 

   Approprions-nous cette finale dans notre prière de chaque jour : J’espère en toi, Seigneur ! Tu me fortifies et tu affermis mon cœur ! J’espère en toi, Seigneur !

   N’oublions jamais que les mots que nous adressons au Seigneur, d’un cœur sincère, ont une très grande force. Le Seigneur les entend et nous fortifie.