24 février 2020
Revêtir la vie nouvelle en Christ
Revêtir la vie nouvelle en Christ
Eph 4, 17-5,7
Il y a quelques dizaines d’années, les exhortations pratiques que nous venons d’entendre étaient souvent reprises dans les prédications. De nos jours, les pasteurs répugnent souvent à prendre ce genre de texte comme sujet de méditation. En le faisant, ils craindraient que la foi chrétienne ne soit reléguée au rang de simple morale, ou perçue comme telle, comme c’est souvent le cas, et qu’on oublie que la foi est avant tout une relation vivante avec Dieu dans la connaissance de Jésus-Christ et de l’œuvre de salut qu’il a accomplie à la croix.
A l’époque où Paul écrivait ces exhortations, les chrétiens d’Éphèse ne connaissaient pas les réseaux sociaux ; ils n’avaient ni smartphones ni tablettes numériques ; mais leur nature humaine était strictement identique à la nôtre. Cela me permet d’affirmer que si l’apôtre n’hésite pas à leur parler de traits de caractère et de comportements incompatibles avec la foi chrétienne, comme le mensonge, la colère, le vol, les paroles négatives, l’amertume, l’inconduite sexuelle, l’impureté, l’avidité…, ces exhortations ne doivent pas être reléguées aux oubliettes, car elles sont toujours aussi importantes à entendre et surtout à mettre en pratique.
À toutes les époques, l’Écriture doit être méditée dans sa totalité, sans procéder à des tris qui nous arrangent ou qui correspondent aux modes du temps comme, par exemple, ne parler que de la grâce, et éviter de parler du péché, pour ne pas effaroucher ceux que nous aimerions voir venir à Christ. Lorsqu’on détruit l’équilibre parfait qui existe dans les textes bibliques entre le péché et la grâce (Cf Rm 3,23), la vision que les hommes se font de Dieu est faussée. C’est très grave !
L’exhortation dominante de Paul, dans le passage que j’ai lu, c’est que ceux qui se réclament de Christ, c’est-à-dire les chrétiens, ne peuvent pas se comporter comme ceux qui n’ont aucune référence à Christ. Le v 17 est sans ambiguïté : « Voici donc ce que je dis et ce que j’atteste dans le Seigneur : c’est que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leur intelligence. Ils ont la pensée obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux et de l’endurcissement de leur cœur. »
Autrement dit : une vraie conversion devrait entraîner un vrai changement de vie.
Cela semble évident. Et pourtant, il ne faut pas se lasser de le rappeler aux croyants, comme le fait Paul dans plusieurs de ses lettres. En effet, ce qui semble évident pour les uns, ne l’est pas pour les autres. J’en veux pour preuve l’enquête publiée par la revue chrétienne « Expériences », en juin 2018, qui indique qu’aux États-Unis, 68% des chrétiens et 50% des pasteurs sont des consommateurs réguliers de pornographie.
Ne pensons pas que les États-Unis ont le monopole de cette triste situation !
Changement de vie et sanctification
Lorsqu’on devient enfant de Dieu, on est destiné à ressembler de plus en plus à Christ. Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Dieu a décidé d’avance de rendre ceux qui l’aiment semblables à son Fils » (Rm 8.28-29). Je veux souligner le fait que ce n’est ni un prêtre ou un pasteur, ni une autorité spirituelle qui a décidé cela : c’est Dieu lui-même ! La sanctification est un sujet cher à Paul et il mérite d’être pris en considération, puisque c’est la transformation profonde que Christ opère dans la vie d’un croyant. Aux Thessaloniciens, Paul écrit : « Dieu ne nous a pas appelés pour que nous demeurions dans l’impureté (au sens large), mais il nous a appelés à la sanctification » (1 Thes 4.7). On pourrait définir la sanctification comme un chemin de croissance dans la sainteté, rendue possible par Dieu lui-même.
Paul veut nous faire comprendre la chose suivante : il y a incompatibilité entre la conversion, c'est-à-dire notre appartenance à Christ, notre nouvelle vie avec Christ, et le mensonge, l’amertume, l’animosité, la colère, la calomnie, la malfaisance, les propos grossiers, l’impureté, l’inconduite sexuelle… Pourquoi ?
Parce que la conversion relève de la nature spirituelle nouvelle que nous pouvons vivre en Christ, tandis que le reste relève de notre ancienne nature charnelle, sans Christ. Il ne peut pas y avoir de continuité. Il doit y avoir rupture, même si certains changements prennent du temps. Il y a un « avant », et il y a un « après ». Paul le dit clairement : « Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1.13) ; Autrefois, vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez comme des enfants de lumière (Eph 5.8).
Personne n’aurait l’idée d’aller au mariage de son enfant ou d’un ami en gardant les habits dont il se sert pour jardiner ou pour vidanger sa voiture. Non ! Il va mettre des habits adaptés à la situation nouvelle. C’est exactement ce que nous dit Paul : dépouillez-vous de la vieille nature et revêtez la nature nouvelle (Eph 4, 21-24).
Dans le plan de Dieu, lorsque nous acceptons Christ comme Sauveur et Seigneur, notre corps, notre âme et notre esprit, c’est-à-dire notre être tout entier est destiné à devenir le temple du Saint Esprit (1 Co 6.19). Nous avons donc besoin d’un grand « nettoyage », pour que notre être pécheur soit purifié, et pour que le Saint-Esprit puisse faire sa demeure en nous. C’est le sang de Jésus qui opère cette purification, par la foi au Christ ; et c’est l’Esprit Saint qui opère la transformation de nos façons de vivre, de penser et d’agir.
Comme je viens de le dire, c’est l’Esprit-Saint qui opère cette transformation. Mais le chrétien ne doit pas être un spectateur passif de cette transformation. Dieu nous donne une volonté, et cette volonté doit aller dans le même sens que la volonté de Dieu : Débarrassez-vous de votre vieille nature que ses désirs trompeurs mènent à la ruine… et revêtez la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu et qui se manifeste dans la vie juste et sainte qu’inspire la vérité (Eph 4,22-24, traduction BFC). « Se débarrasser », « revêtir" nous demande d’être actifs dans les changements que Dieu veut opérer en nous.
Peut-être avons-nous du mal à admettre que Paul mette sur le même plan le mensonge, la colère, l’inconduite sexuelle, les propos grossiers et l’avarice. Nous, nous avons tendance à établir des degrés de gravité, suivant notre éducation et notre histoire personnelle. Paul n’a pas ce raisonnement, car pour lui, chacun de ces traits de caractère relève de notre ancienne nature sans Christ et ils attristent l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire démentent la raison de sa présence en nous, démentent son œuvre de sanctification et l’empêchent ainsi de manifester sa puissance en nous.
Accordons de l’importance aux exhortations de Paul. Écoutons-les toutes, sérieusement. Ne nous laissons pas influencé par le climat permissif, laxiste, délétère, corruptif que des médias comme la télévision, Internet, les réseaux sociaux diffusent à longueur de journée. Faisons un tri rigoureux de ce que nous pouvons regarder et ce que nous devons bannir, en temps qu’enfant de Dieu animé par l’Esprit-Saint.
Il est très facile de s’habituer à la violence sous toutes ses formes, aux scènes impures sensées pimenter une histoire. Il est très facile de passer d’un regard neutre devant une scène impure, à un regard de complaisance. Lorsqu’un adultère non seulement ne nous choque plus, mais qu’il devient romantique à nos yeux, c’est que les messages du monde sans Dieu ont déjà une emprise sur nous. Quels genres de personnages admirons-nous dans les films ou dans les romans ? Avons nous honte de passer pour des puritains rigoristes et austères aux yeux d’autres chrétiens qui se disent « adultes » et donc capables de tout regarder, malgré les exhortations de Paul ? Oserions-nous classer l’apôtre Paul parmi les puritains, lorsque nous lisons le texte de ce matin ? Ce serait n’avoir rien compris à la sainteté de Dieu, ni au chemin de sanctification dans lequel Dieu nous appelle à marcher. Ce serait édulcorer, affaiblir ce qu’est la sainteté. Ce serait se faire plus sage que le Saint-Esprit. Ce serait s’opposer à Dieu et à la transformation que Dieu veut opérer en nous.
Admettons une fois pour toutes que ce ne sont pas nos critères de jugement qui doivent prévaloir, mais les critères de Dieu dont Paul se fait le porte-parole. Lorsque nous nous complaisons dans ce qui attriste l’Esprit de Dieu, nous détruisons petit à petit notre relation intime avec Dieu si nous ne remédions pas rapidement à la situation.
Si nous prenons l’exemple de la colère qui est mentionnée deux fois dans ce texte (v 26 et 31), Paul nous dit qu’elle peut ouvrir la porte au diable (v 26). En effet, une simple colère au départ, une colère non maîtrisée peut entraîner l’amertume, l’animosité, un désir de vengeance et finir par un meurtre. Le conseil que donne Paul est d’une grande sagesse. Il ne nous dit pas : « Ne vous mettez jamais en colère ! ». Il nous dit : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (v 26). Plus on attend pour pardonner ou demander pardon, plus les racines d’amertume s’enfoncent profondément dans notre cœur, et plus nous aurons du mal à les arracher. La vie spirituelle peut être complètement paralysée par la colère, comme elle l’est par l’avarice, l’impureté, l’inconduite sexuelle ou le mensonge.
Notre caractère, nos comportements sont le résultat de plusieurs choses : 1) de notre nature pécheresse (que nous avons héritée). 2) de la façon dont nous avons été éduqués. 3) des conséquences de nos propres péchés ou des péchés que les autres (parents ou tiers) ont commis contre nous et qui nous ont blessés profondément.
Alors, sommes-nous condamnés à subir et à rester esclaves de ces comportements toute notre vie ?
NON ! Il n’y a pas de fatalité qui nous empêcherait de guérir de tout cela. Non seulement il n’y a pas de fatalité, mais la guérison fait partie du plan de Dieu. C’est Lui qui veut opérer ces guérisons et c’est Lui qui peut nous guérir, parce qu’il veut faire de nous des enfants de lumière.
Mais avant cela, il faut demander à Dieu, dans une prière sincère, de nous révéler ce qu’est la sanctification. À ses yeux à lui, pas aux nôtres ! Si nous n’avons qu’une vision humaine de la sanctification, nous relativiserons toujours la sainteté telle que Paul en parle. Seule une révélation divine nous permettra d’entrer de plain pied dans ce que le Seigneur veut pour chacun de ses enfants : « être renouvelés par l’Esprit dans notre intelligence, et revêtir la nature nouvelle, créée selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (4,23-24).
Soyons conscient d’une chose : Dieu ne fait rien sans notre consentement, ni si nous sommes passifs, ni si nous n’avons pas une position ferme devant Lui.
Vous sentez-vous concernés pas un péché qui empoisonne secrètement votre vie, votre relation avec Dieu et votre relation avec les autres ? Et cela depuis des décennies, peut-être ? Ne désespérez pas en pensant que vous ne pourrez jamais changer. Ce serait nier, d’une part la volonté de Dieu de vous libérer, et d’autre part sa puissance pour vous guérir et reconstruire en vous ce qui a été détruit par le péché, que ce soit le vôtre ou celui des autres.
Demandez d’abord à l’Esprit Saint de vous révéler l’origine de votre comportement déviant. Il vous montrera ce que vous devez confesser comme péchés, ce que vous devez pardonner, ce à quoi vous devez renoncer.
Si vous n’y arrivez pas seul, alors demandez à un frère ou au pasteur de vous aider. Nous avons souvent besoin du ministère et de la prière de frères pour avancer dans la sanctification.
Dans un passage du sermon sur la montagne, Jésus recommande de s’arracher l’oeil et de le jeter loin de soi, de se couper la main et de la jeter loin de soi, si notre œil et notre main sont pour nous une occasion de chute (Mt 5,29-30). Jésus savait pertinemment que l’essentiel des tentations passe par la vue et le désir de posséder.
Humblement, je me permets actualiser cette parole de Jésus, tellement importante et vraie :
« Si tu n’as pas encore la volonté de faire le tri entre ce qui est pur et impur aux yeux de Dieu dans ce que tu regardes à la télévision, sur ton ordinateur et sur ton smartphone, va les jeter à la déchèterie. Car il vaut mieux pour toi que tu vives sans télé, sans ordinateur et sans smartphone, mais que tu puisses pleinement revêtir la vie nouvelle en Christ".
11:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
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