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29 mai 2018

Porter du fruit

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Jn 15,1-8


podcast

Cet entretien de Jésus avec ses disciples se situe juste avant son arrestation par des gardes envoyés par les principaux sacrificateurs et les Pharisiens (Jn 18,3).

   Le passage que je viens de lire fait partie des ultimes enseignements de Jésus ; ils sont rapportés sur 5 chapitres. Avant de quitter définitivement ses disciples, Jésus veut encore fortifier leur foi pour les affermir dans leur mission.


 En effet, après avoir passé 3 ans avec leur Maître, les disciples vont se retrouver seuls pour poursuivre l’œuvre que son Père lui a confiée, et qu’il confie à son tour à ses disciples. 

   2000 ont passé, mais de génération en génération, Jésus confie toujours la même mission aux croyants. Le passage de ce matin, nous devons donc l’entendre comme si c’était Jésus lui-même qui nous parlait. C’est une injonction à porter du fruit et à être disciple : « Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez du fruit, et vous serez mes disciples ».

  Qu’est-ce qu’un disciple ? La définition que Jésus donne ici, ne souffre pas d’ambiguïté : un disciple de Jésus est un croyant qui porte du fruit pour son Père céleste.

   Depuis longtemps, on a dénaturé le sens de ce mot. Pour beaucoup, « disciple » est synonyme de « chrétien ». Ça ne serait pas faux si on n’avait pas aussi dénaturé le sens du mot « chrétien ». En effet, il est courant d’entendre quelqu’un dire qu’il est chrétien, simplement parce qu’il a reçu le baptême étant enfant. Comment en est-on arrivé là ? 

   On en arrive là quand on confond religion et foi. Ce sont pourtant deux termes opposés. Karl Barth, le grand théologien Suisse du siècle dernier, a écrit, à juste titre : « La religion est le contraire de la foi ».

    Malheureusement, au cours des siècles, l’Église et les congrégations religieuses ont largement contribué à entretenir cette confusion, en réduisant la foi à une simple morale, à laquelle il fallait obéir pour accumuler des mérites, afin d’échapper à l’enfer. De nombreux chefs de l’Église, à tous les niveaux, n’ont pas été des hommes de foi, mais des hommes religieux.

    La nature humaine pécheresse, héritée d’Adam, fait qu’il y a toujours eu des gens religieux, et il en aura toujours. Dans les Évangiles, on voit Jésus dénoncer l’attitude religieuse des scribes et des Pharisiens. C’est un danger qui guette chaque croyant. Les 12 disciples de Jésus n’y ont pas échappé. Marc nous rapporte un événement significatif à ce sujet : « Jésus et les disciples arrivèrent à Capernaüm. Lorsqu’il fut dans la maison, Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin ? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin, ils s’étaient entretenus sur la question de savoir qui était le plus grand » (Mc 9,33-34). Eh oui ! Même les disciples que Jésus avait choisis !

   C’est peut-être en pensant à leur attitude religieuse orgueilleuse, que Jésus leur parle comme il le fait dans notre texte. En se comparant au cep et en comparant ses disciples à des sarments, il veut leur faire comprendre qu’il y a deux sortes de croyants : les infidèles et les fidèles, c’est-à-dire, ceux qui ne portent pas de fruit et ceux qui en portent.

    Il leur dit aussi, que ce qui importe pour le vigneron, (son Père), c’est que sa vigne produise le plus de fruit possible. Ainsi, tous les sarments qui ne portent pas de fruit sont retranchés, non seulement parce qu’ils ne servent à rien, mais aussi parce qu’ils privent de sève ceux qui portent du fruit. 

   Au contraire, tous les sarments qui commencent à produire du fruit sont émondés, purifiés, nous dit le texte grec, pour qu’ils en produisent encore plus. 

   On pourrait s’étonner de la dureté de cœur, de l’intolérance du vigneron qui, sans état d’âme, élimine les hommes qui ne portent pas de fruit. Ce serait mal comprendre ce que dit Jésus. En effet, les hommes dont il parle ici ne sont pas des incroyants. Ce sont  des croyants. Ce qui nous le prouve, c’est qu’ils se réclament de Jésus : « Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit », ou une autre traduction possible : « tous les sarments qui ne portent pas de fruit en union avec moi » (v. 2). 

   En fait, Jésus désigne ici des hommes religieux dont la foi est tiède. Cela nous rappelle une autre mise en garde de Jésus : « Pourquoi m’appelez-vous : Seigneur, Seigneur ! Et ne faites-vous pas ce que je dis » (Lc 6,46). 

   Prenons cet avertissement au sérieux. Aux yeux de Dieu, la tiédeur et la religiosité, qui ont beaucoup de points communs, sont pires que l’incrédulité, car il vient s’y greffer l’hypocrisie. 

   Souvenons-nous des invectives de Jésus : « Malheurs à vous, scribes et Pharisiens hypocrites ! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, sous subirez une condamnation particulièrement sévère » (Mt 23,14). Presque tout le chapitre 23 est de la même veine : elle condamne l’hypocrisie religieuse qui consiste à se réclamer de Jésus ou de la Parole, sans y obéir.

   Demandons sincèrement au Seigneur de nous faire prendre conscience de toute attitude religieuse et hypocrite, et de nous en délivrer.

   Le seconde partie du v. 2 nous dit : « Tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde afin qu’il porte encore plus de fruit ». 

   Vous êtes-vous posé la question :  Pourquoi le vigneron veut-il que sa vigne produise le plus de fruit possible ? Est-ce un vigneron capitaliste qui veut amasser, amasser toujours plus ? 

   Oui, il veut amasser le plus possible ! Mais, contrairement à ce que font les hommes dans notre société capitaliste, il ne veut pas amasser pour Lui. C’est pour les hommes, ses créatures, qu’il veut amasser, parce qu’il les aime.

    Mais que veut-il amasser, au fait ? Il existe un mot qui englobe tout ce que notre Père céleste veut amasser pour l’offrir généreusement à tous ses enfants, quels que soient leur nationalité, leur couleur de peau, leur religion. Ce mot est AMOUR. Car avec l’amour, il n’y a plus de guerre, plus de violence, plus d’injustices, plus de racisme, plus de haine, de chantage, de pressions, de méfiances, de menaces etc… C’est ce que dit le chapitre 13 de la première épitre aux Corinthiens. C’est ce fruit-là, l’amour, que Dieu veut voir produire par les disciples de Christ. C’est d’ailleurs le dernier commandement que Jésus a donné à ses disciples : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).

   Presque toutes les chansons parlent d’amour, et tous les êtres humains, sans exception, ont soif d’amour. Alors, comment se fait-il qu’il soit si peu répandu dans notre monde ? 

   Le texte ne répond pas directement à cette question. Mais il nous dit comment faire pour porter ce fruit. Cela se déroule en deux opérations : La première, c’est Dieu qui s’en charge : il purifie le croyant qui commence à porter du fruit. La seconde est du ressort du croyant  : il doit chercher à « demeurer » en Christ, c’est-à-dire vivre en communion avec Lui.

   Première opération : la purification. 

   Chères sœurs, l’or des colliers et bracelets que vous portez, provient d’un minerai d’or qui contenait, outre de l’or, de nombreux autres éléments qu’il fallait éliminer pour que l’or de vos bijoux devienne pur. Aucune femme n’accepterait de porter un bracelet en « minerai d’or », et elle aurait bien raison ! Eh bien, c’est la même chose pour Dieu : Il veut que ceux qu’il appelle à devenir disciples aient un cœur purifié de tous les éléments impurs que nous portons tous en nous. 

   Comment Dieu s’y prend-il pour ôter les scories impures de notre cœur ? Jésus nous répond au v. 3 : « Déjà, vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai annoncée ».

   Cette petite phrase est capitale. Elle nous fait prendre conscience de l’importance que nous devons accorder à la lecture et à la méditation de la Parole de Dieu. C’est cette parole qui va changer notre vie, purifier notre cœur. L’auteur de l’épitre aux Hébreux confirme ce que dit Jésus : « La parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’une épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle est juge des sentiments et des pensées du cœur » (He 4,12).

    Avoir une Bible à la maison et ne pas l’ouvrir chaque jour et prendre du temps pour la lire et la méditer, c’est comme avoir un réfrigérateur rempli des meilleurs aliments, bons pour la santé, mais préférer aller manger dans un fast food. 

   Sans s’en rendre compte, le croyant qui ne se nourrit pas sérieusement de la Parole, ingurgite une mauvaise nourriture, celle du monde que véhicule la télévision, la radio et de nombreux magazines. En aucun cas, cette nourriture-là ne peut rendre pur notre cœur. Par contre, elle peut salir notre âme et risque de nous entraîner dans l’impureté.

   Frères et sœurs, désirez-vous être purifiés par Dieu pour porter du fruit ? Alors, passez du temps avec la Parole de Dieu, méditez-là et mettez-là en pratique. C’est un choix que nous avons à faire. Il est de notre responsabilité de le faire.

   La seconde condition pour porter du fruit, Jésus l’exprime sous forme d’exhortation : « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure sur le cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi » (v.4).

   Demeurer en Christ, c’est vivre en communion avec Lui. Comment ? Il n’y a pas 36 moyens. Il y en a deux : la méditation de la Parole accompagnée de la prière, et l’obéissance à la parole. Ces deux conditions sont inséparables. EIles ne vont pas l’une sans l’autre quand on veut être un disciple.

   Le croyant qui ne veut pas se laisser purifier par Dieu, ne peut pas demeurer en Christ, être en communion avec Lui. Quelles conséquences ce refus entraîne-t-il ? Il ne portera pas le fruit que Dieu le destine à porter. Jésus explique pourquoi : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (v. 5b).

   Il y a 8 ans, j’ai planté 3 arbres dans mon jardin. Un prunier et deux pommiers de variétés différentes. Le prunier donne beaucoup de fruits délicieux que je partage avec les merles et les guêpes. Les deux pommiers donnent aussi des fruits, mais on peut les compter sur les doigts des deux mains. De plus, ils sont rabougris et n’arrivent jamais à maturité. Même les guêpes n’en veulent pas !

   J’ai peur que dans notre église nous nous soyons contentés, jusqu’à présent, individuellement et collectivement, de produire les mêmes fruits que mes pommiers : des fruits qui ont juste un nom, mais qui ne peuvent nourrir personne, parce que nous nous sommes contentés d’être des chrétiens, alors que notre Père veut faire de nous des disciples qui évangélisent.

   Quel lien y a-t-il entre le fruit « amour » et l’évangélisation ? Un lien étroit, car l’amour s’incarne aussi dans l’évangélisation. Si nous disons que nous aimons les autres sans tout faire pour que ces autres découvrent la vraie vie en Christ, de deux choses l’une : soit nous ne connaissons pas vraiment la vraie vie, soit nous ne savons pas ce que c’est d’aimer.

   Frères et sœurs, j’espère que nous avons tous pris conscience que les choses doivent radicalement changer dans notre façon de vivre la foi. Jésus n’a pas offert sa vie en sacrifice pour que nous soyons simplement des chrétiens. Il veut faire de chacun de nous des disciples, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui portent des fruits qui vont pouvoir nourrir d’autres hommes qui ne connaissent pas encore Jésus comme leur Seigneur et Sauveur. 

   Demandons à Dieu de nous préparer à être des disciples dignes de ce nom, afin que notre Père soit glorifié : « Si vous produisez du fruit en abondance et qu’ainsi vous devenez vraiment mes disciples, mon Père en sera honoré et sa gloire apparaîtra visiblement aux yeux de tous » (v.8 ; traduction Parole vivante).

Prière

   Père céleste, je veux que ton nom soit glorifié ! Alors, fais de moi un disciple de Jésus qui porte beaucoup de fruit. 

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