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20 janvier 2014

La religion et la foi

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 La religion et la foi

Mt 23.1-7 ; 23-26

Col 3.1-15


podcast

 

   Vous est-il arrivé de regarder ces émissions de TV où l’on voit des filles offrir à leur mère une séance de relooking avec un coach, car elles sont désolées de les voir mal fagotées ?

   Ça commence par l’achat de nouveaux habits dans une boutique de prêt-à-porter ; on passe ensuite chez le coiffeur pour une nouvelle coupe et une nouvelle couleur. Puis vient la maquilleuse, et enfin on passe à l’achat de chaussures.


   Après tout cela, on nous faire voir la métamorphose qui s’est opérée en nous montrant les photos prises avant et après le relooking. Il faut le reconnaître : c’est parfois spectaculaire ! Puis le réalisateur de l’émission insiste sur les commentaires dithyrambiques et les mimiques ébahies de l’intéressée, de sa famille et de son conjoint : super ! répétés une dizaine de fois, faute de trouver mieux, tant l’émotion est grande de constater le changement.

   Mais de quel changement parle-t-on ? De l’apparence extérieure, ni plus ni moins. La personne relookée est strictement la même pour ce qui concerne sa personnalité, sa façon de penser et sa vision de la vie.

   C’est exactement la même chose pour ceux qui ont recours à la chirurgie esthétique pour corriger un défaut physique, réel ou imaginaire : seule l’apparence extérieure change. L’intérieur reste strictement le même.

   Ce matin, à la lumière des textes que nous avons lus, et des anecdotes sur le relooking, je voudrais que nous prenions clairement conscience de la différence radicale qui existe entre la religion et la foi. C’est même plus qu’une différence : ce sont deux choses contraires, comme l’a écrit Karl Barth, un théologien protestant suisse décédé en 1968.

   J’entends par religion, ce que Jésus dénonce dans l’attitude des scribes et des Pharisiens de notre texte. Bien sûr, ceci concerne tous les hommes de toutes les époques.

  Pour faire comprendre la différence entre la religion et la foi, j’emploie 2 adjectifs : extérieur et intérieur. La religion affecte seulement l’extérieur de l’homme, tandis que la foi transforme l’intérieur de l’homme.

  La religion peut être comparée à une médaille épinglée sur le revers d’une veste, comme le signe du poisson que je porte, que les chrétiens charismatiques affectionnent particulièrement, la croix Huguenote pour affirmer son protestantisme ou la croix catholique. Ces signes d’appartenance à une religion peuvent n’être rien d’autre que des bouts de métal. Et pourtant, beaucoup de nos contemporains qui les portent ont tendance à les confondre avec la foi. C’est ainsi que l’on peut interpréter le  sondage Ifop de 2011 qui indique que 61% des Français se disent Catholiques. Si tous avaient la foi, les prêtres ne se plaindraient pas que leurs églises soient vides ! Je me souviens d’une église réformée qui comptait 2000 membres dans son fichier. Pourtant, lorsqu’il y avait 50 personnes au culte, le pasteur était content ! Ces deux exemples nous prouvent que beaucoup confondent religion et foi.

 

 

Dans quel sens est-ce que j’affirme que la religion n’affecte que l’extérieur l’homme ?

   Dans l’attitude qu’adoptent les scribes et les Pharisiens de notre texte, on voit bien qu’il n’y a aucun lien entre leurs actes et les enseignements qu’ils délivrent eux-mêmes aux foules. Tout ce qu’ils font, nous dit Jésus, c’est pour « être vus des hommes. Ils élargissent leurs phylactères et ils agrandissent les franges de leurs vêtements » (v 5). À l’origine, le but de porter ces signes était de garder fidèlement le souvenir des commandements de la Torah. Ces personnages ont pervertit ce but pour en faire un motif d’orgueil, un signe distinctif pour se faire remarquer, pour faire croire aux hommes qu’ils sont de bons croyants.

   Les v 25-26 sont encore plus éclairants sur l’opposition entre religion et foi : Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites ! Parce que vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, alors qu’en dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. Pharisien aveugle ! Purifie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne pur. Vous avez compris que le dehors de la coupe et du plat, ce sont nos actes et nos comportements qui ne sont en fait que des masques trompeurs. L’intérieur, c’est notre être profond, celui que le Seigneur veut transformer pour que nous lui appartenions.

La religion comme « empêcheuse de tourner en rond »

  La religion est souvent perçue comme un code moral, comme une « empêcheuse de tourner en rond », au même titre que la loi civile. Les deux disent : Tu ne dois pas faire ceci, tu dois faire cela ! Ces lois sont justes ; et pourtant, beaucoup les enfreignent. Pourquoi ? Parce qu’elles sont perçues comme contraignantes.

  Pour ne prendre que des exemples dans la loi civile, je mentionnerai le respect des limitations de vitesse ; l’obligation de s’assurer lorsqu’on achète un véhicule ; l’interdiction de pirater les logiciels ou les CD de musique ; le devoir de fidélité dans le couple, l’obligation de déclarer tous ses revenus au fisc ; l’obligation d’acheter un billet lorsqu’on prend le train ou le métro etc…

  Beaucoup trichent, en espérant ne pas se faire prendre. Ils se justifient en disant que la loi est injuste ou inadaptée ou que les choses sont trop chères. Beaucoup ont envie de tricher. Ce qui les retient, c’est la peur de se faire prendre. Ils respectent la loi uniquement par peur de la sanction, mais pas par conviction. Ces exemples montrent à l’évidence que beaucoup d’hommes considèrent ces lois comme des contraintes qui empiètent sur leur liberté. Alors, dès qu’il y a une possibilité d’échapper à la loi, sans risque, ils ne la respectent plus, car leur être profond n’est pas en accord avec elle.

   J’en tire la conclusion suivante : parce qu’elle concerne l’extérieur de l’homme, la religion n’a jamais changé et ne changera jamais le cœur d’un homme.

  Pour qu’un homme change, il faut que l’intérieur de cet homme change, c’est-à-dire son cœur, son être profond.

  Le peuple d’Israël avait reçu de Dieu les 10 Commandements (Ex 20). Ces lois étaient gravées sur deux tables de pierre. Tout le peuple les connaissait ; et pourtant, on ne compte plus les fois où il a désobéi à ces lois. Pourquoi ? Parce qu’elles étaient restées extérieures au cœur des hommes.

   Comment Dieu va-t-il s’y prendre pour que les hommes considèrent ces lois non comme une contrainte mais comme le chemin de la liberté ? Il va les graver directement sur le cœur, sur un nouveau cœur : Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions, et que vous observiez et pratiquiez mes ordonnances (Ez 36.26).

  Cette image très concrète de la transplantation d’un cœur nouveau, Paul la reprend avec ses mots à lui : Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ

  Que veut-il dire ? Je laisse parler Paul : Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ-Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité d’entre le morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie (Rm 6.3-4).

   Pour pouvoir regarder les commandements de Dieu comme une liberté, comme une grâce et non comme une contrainte, il faut d’abord mourir à soi-même. Notre vieille nature, notre vieil homme, prisonnier du péché et attiré par le péché doit d’abord mourir. Comment ? En reconnaissant notre péché, en demandant pardon à Dieu et en croyant que Jésus, par sa mort sur la croix à payé à notre place les conséquences de notre péché. Le mouvement de la foi, c’est de mourir à notre vieille nature avec le Christ, pour renaître à une nouvelle vie avec le Christ. Bien sûr, cette mort à nous-mêmes et cette résurrection à une vie nouvelle ne sont possible et ne prennent leur véritable sens que dans la foi à la mort expiatrice de Christ à la croix (1 Jn 2.2 ; 4.10) et à sa résurrection.

  Cette nouvelle nature en Christ (cette naissance spirituelle) va progressivement nous détacher de l’attirance du péché et nous le faire prendre en horreur. Elle va aussi nous faire prendre conscience de nos attitudes religieuses, de l’hypocrisie de nos attitudes et de nos propos pieux qui peuvent peut-être tromper les hommes mais qui ne trompent pas Dieu. Lorsque par la bouche d’Ésaïe, Dieu fait dire à son peuple : Écoutez la parole de l’Éternel, chefs de Sodome ! Prête l’oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe ! Qu’ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; je ne prends pas plaisir au sang des taureaux, des agneaux et des boucs (Es 1.11).

   Pourquoi Dieu dénigre-t-il les sacrifices qu’il a lui-même ordonné de faire ?  Dieu ne dénonce pas les sacrifices eux-mêmes, mais l’esprit dans lequel beaucoup les faisaient. Il dénonce l’esprit religieux qui consistait à offrir des animaux malades, boiteux à la place d’animaux sans défaut et sans tâches, dans le but de se faire passer pour un bon observateur de la Loi de Moïse, alors que leur cœur n’enfantait que des actes mauvais (Es1.16).

   La religiosité n’est pas l’apanage des croyants de l’ancienne Alliance. L’esprit religieux guette aussi les croyants de la nouvelle Alliance aussi longtemps que n’a pas eut lieu la nouvelle naissance.

    En effet, avec la nouvelle naissance, cette loi de Dieu, qui était extérieure à nous et qui nous paraissait une contrainte, prend vie maintenant à l’intérieur de nous. Elle fait partie intégrante de notre nouvelle nature en Christ. Et nous comprenons et expérimentons que c’est une loi libératrice. Désormais, lorsque nous sommes tristes par rapport à la loi de Dieu, cela ne vient plus du fait que nous devons nous y soumettre, mais bien plutôt lorsque nous y désobéissons. C’est un renversement total de notre vision des choses.

La nouvelle naissance nous garantit-elle que nous n’aurons jamais plus d’attitude religieuse ? Non ! Mais la grande différence avec avant, c’est que : 1) nous prenons conscience que nous offensons Dieu, sans relativiser la gravité de l’offense, sans chercher d’excuses ; 2) cette offense devient insupportable pour celui en qui le Saint-Esprit règne, et il agit en conséquence : en demandant pardon à Dieu.

  La nouvelle naissance est l’œuvre de Dieu dans le cœur de l’homme qui reconnaît qu’il a besoin d’un Sauveur. Mais pas plus qu’avant cette nouvelle naissance, l’homme n’est programmé pour obéir. Dieu lui laisse toujours le choix. Et aussi longtemps que Christ ne sera pas revenu, aussi longtemps que nous vivrons sur cette terre, les puissances des ténèbres n’auront de cesse d’essayer de nous faire revenir en arrière.

   C’est la raison pour laquelle Jésus nous exhorte : Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible (Mt 26.41). C’est aussi la raison pour laquelle Paul nous exhorte à ne pas être passifs, mais à se servir de notre volonté pour obéir à la loi de Dieu : Recherchez les choses d’en haut (v 1) ; faîtes mourir votre nature terrestre (v 5) ; rejetez la colère, l’animosité, la méchanceté, la calomnie, les paroles grossières (v 8) ; revêtez-vous d’ardente compassion (v 12). Même si le Saint-Esprit est actif, la foi mobilise la volonté de l’homme. Et c’est un cercle vertueux qui se met en place.

  La religion peut se réduire une pratique : aller à la messe ou au culte, faire baptiser ses enfants ou se marier à l’église pour faire plaisir à la famille. À la limite, il n’y a pas besoin de croire lorsqu’on est dans le registre de la religion. On peut faire ces démarches par pur formalisme.

  La foi, c’est tout autre chose : c’est une relation vivante entre Dieu et l’homme. Cette relation est voulue par Dieu et vitale pour le salut de l’homme. Elle a donc un ennemi : Satan, qui veut détruire ce que Dieu construit. Mais le croyant est assuré que si Satan a encore de la puissance dans ce monde, Christ l’a définitivement vaincu à la croix ; en communion avec Christ, le croyant est aussi vainqueur de Satan : Je vous ai donné l’autorité pour marcher sur les serpents et sur les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire (Lc 10.19). Approprions-nous cette promesse de Jésus et soyons certains que les exhortations de Paul ne sont pas utopiques mais réalisables pour celui qui a la foi. Car c’est l’Esprit Saint qui agit, avec le plein consentement de l’homme.

 

   Plaçons-nous un instant devant le Seigneur et demandons-lui qu’il nous fasse la grâce de nous montrer ce qui est encore du domaine du religieux et de l’hypocrisie dans notre relation avec lui. Demandons-lui d’extirper de nos pensées, de nos actes et de nos paroles ce qui s’apparente plus à la religion qu’à la foi.

   Si nous sommes sincères, soyons sûrs que cette prière sera exaucée. Dieu ne nous condamne pas. Il veut nous faire prendre conscience, nous délivrer et nous guérir de sentiments religieux qui n’ont rien à voir avec la foi.

 

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