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06 août 2013

Entrer dans le repos de Dieu

Repos

Catherine KENNEDY

Entrer dans le repos de Dieu

Hébreux 4.9-16

 

podcast

Hébreux 4:9-16

 

   Lorsque j'ai appris que j'animais ce culte en plein milieu des vacances d'été, je me suis demandée ce que je devais prendre comme texte, car je ne sais plus tellement ce que vous vivez en paroisse ici.  Et en y réfléchissant avec le Seigneur, il m'a semblé évident que, compte tenu du calendrier, le repos était le thème à retenir.  Et plus j'y ai réfléchi, plus il m'a semblé que c'était bien parlant – du moins en ce qui me concerne personnellement.  Alors nous y voilà.


  Il n'est pas évident, ce texte de l'épitre aux hébreux, du moins à la première lecture.  Alors revenons-y un peu.

   Le repos n'est pas facultatif.  Il s'agit d'une exigence, d'un commandement positif.  Ne pas entrer dans le repos signifie la désobéissance.  Dieu se repose, et nous sommes appelés à l'imiter.  Cependant, le texte nous appel à nous « efforcer » ; alors cela ne va pas de soi.

   La qualité de notre obéissance est évaluée selon un critère très exigeant : la parole de Dieu.  Ce jugement s'applique à tous les aspects de la vie – jusqu'aux pensées et aux sentiments.  Là, deux observations :

  • Il existe un repos des pensées et des sentiments, non simplement un repos par rapport à l'activité extérieure.
  • Mon obéissance ne sera jamais à la hauteur !  Pour l'activité extérieure je saurais probablement faire, pour les pensées peut-être que je pourrais apprendre, mais pour ce qui est des sentiments – Seigneur !  Là tu me demandes l'impossible.

           Comment faire face à l'échec certain ?  Se reposer sur Jésus, notre « souverain sacrificateur » qui comprend, lui, ce que nous ne sommes pas capables de comprendre de nous-mêmes, ni pour nous-mêmes.  Nous approcher de lui sans complexe afin qu'il puisse nous venir en aide.

Dieu nous ordonne de nous reposer, comme lui se repose.  Il est souvent ainsi : Dieu est amour, nous devons aimer.  Dieu est pardon, nous sommes appelés à vivre le pardon.  Dieu serait donc repos.

   Pour moi, deux questions se dégagent : Qu'est-ce que ce repos ?  Et qu'est-ce que s'efforcer d'entrer dedans ?

   Le repos : En pâtisserie ou en boulangerie, le repos est ce qui permet à la pâte de se structurer.  En brasserie, c'est la fermentation qui intervient par moyen d'un repos.  En sport, les muscles et tissus se construisent lors du repos après l'entraînement.  En apprentissage, c'est dans le sommeil que les informations se classent, et prennent sens.

   Imaginons un sportif que l'on croiserait au gymnase tout stressé, mais qui ne s'entraînerait plus.         

─  Que fais-tu encore là ? 

─  Je me concentre pour que mes muscles se reconstruisent et se consolident, et pour qu'ils se réhydratent, et pour que l'acide lactique produit pendant l'effort puisse s'évacuer, et pour que mes os se construisent suite à la sollicitation ....

   Vous lui répondez quoi ? Laisse tomber ! Rentre chez toi, lave-toi, mange, bois, dors.  Tout cela se fera au mieux si tu laisses faire !

   Ou un étudiant qui erre dans la bibliothèque, tout névrosé, mais qui ne lit plus ? 

─   Que fais-tu encore ici ? 

─  Je me concentre à classer ce que j'ai vu aujourd'hui, à répertorier tous les liens avec ce que j'avais vu hier.  Je me concentre à stimuler mes dendrites pour que de nouveaux cheminements synaptiques puissent s'établir dans mon cérébellum, et surtout je m'efforce de tenir mon hypothalamus en état d'éveil maximal pour que ces synapses puissent se relier durablement ...

─  Rentre à la maison !  Regarde un épisode de la Star-Ac, va voir le match, joue aux cartes ... tout ce que tu voudras, mais surtout comprends que moins tu te mêleras de tes synapses, mieux ils se porteront !

   Voilà pour le corps et pour l'esprit. Mais pouvons-nous appliquer ce principe aux choses de Dieu ? 

   Dans nos deux exemples, le repos est un aspect fondamental du travail.  Ce n'est pas un état qui s'y oppose.  Le repos n'est pas le contraire du travail, c'est ce qui permet son accomplissement.  Sans le repos, le travail reste inachevé.  Lors du repos, le travail se poursuit, le chantier demeure.  Ce qui change est que je me retire, je m'excentre par rapport à son avancement.  Je laisse faire.  Je reconnais que « moi, je », je ne suis pas indispensable au travail – même lorsque ce travail relève de ma responsabilité directe.  Même lorsque le chantier, c'est moi.  Le travail, le projet, ne peut s'accomplir que si je reconnais que j'ai une part, mais que mes efforts ne feront pas tout.  Si notre texte s'efforce de faire cette différence entre le repos et le travail qui le précède, c'est qu'il fait bien cette différence entre mon activité et mon humilité devant les limites de celle-ci.  Des limites que Dieu lui-même a posées.

   Après les six jours de la création, Dieu s'assied.  Il entre en repos.  Comment ?  Eh bien, il a confié le chantier à l'humanité.

   Lorsqu'il donne la loi à Israël, il leur donne ce principe de Sabbat, qui les met à part de leurs voisins, qui leur donnent quelque chose que la plupart des gens n'ont pas : du loisir.  Et cela sans exception.  Même les esclaves, le bétail, même les femmes doivent entrer dans ce repos du Sabbat.  Il ne s'agit pas de courir à la défaite, ni d'avoir faim.  Il s'agit de reconnaître par l'obéissance que nous ne pouvons pas tout faire - pas plus en sept jours qu'en six - et que nous remettons à Dieu dans une confiance absolue cette part qui nous échappe.

   Après l'Ascension, Jésus « s'assied à la droite du Père ».  Sa part du chantier est accomplie.  Il le confie à l'Église.  On ne le voit plus debout – hormis deux instances.  Lors de l'Apocalypse, où il revient en gloire, si je peux me permettre, pour la réception de son chantier, et à un autre moment dans le livre des actes des apôtres.  Lors de son procès qui s'achève par sa condamnation à mort, Etienne reçoit une vision de Jésus, debout à la droite du Père.  Jésus se lève. Pourquoi donc ?  Selon certains exégètes, Jésus se lève en anticipation du pardon prononcé par Etienne envers ses meurtriers, dont un certain Saül de Tarse.  Jésus se lève en réponse à cette porte qui s'ouvre à lui par le pardon. 

   Efforçons-nous d'entrer dans son repos.  Effort.  Repos.  Repos. Effort.  A priori cela n'est pas logique.  Nous avons tendance à vouloir prendre ce genre de tension et la traduire en idées simples, à faire du noir-et-blanc.  L’effort, c'est ceci.  Le repos, c'est cela.  L’effort, c'est le travail, le repos, c'est la prière.  Saint Ignace de Loyola a écrit à un moment donné :

            « Priez comme si tout dépendait de la prière, et travaillez comme si tout dépendait du travail »

   Pour beaucoup d'entre nous ce sera la seule citation de Loyola que nous entendrons, et c'est dommage, car on le cite hors contexte.  Où est la mal ?  D'abord, la prière est une activité volontaire dont je suis consciente, où j'interviens directement, ne serait-ce qu'intérieurement.  La prière est donc travail dans le sens où elle n'est certainement pas repos.  Ensuite, la formule ne laisse de place qu'à mon intervention d'être humain.  Où est Dieu là-dedans ?  En tout cas, il est là où je ne risque pas de le voir.  Je fais aveuglement un maximum, parce que je ne peux pas savoir ce qui sera utile. Cette idée que je dois me lancer dans une fuite en avant à la fois extérieure et intérieure me lave de toute responsabilité : peu importe le bien fondé de mes efforts, à partir du moment que j'en fais beaucoup.  Sous des aspects de pensée très spirituelle, c'est en fait un salut par les oeuvres qui est présenté là.

   Je préfère de loin une formulation du pasteur Louis Schweitzer :

            « Il nous appartient à chacun de discerner en quoi nous sommes requis »

   De quel chantier s'agit-il ?  Quelle est la part de Dieu ?  Quelle est ma part ?  De quelle manière et à quel endroit Dieu me demande-t-il d'être présent ?  Par quels moyens ?

   Discerner la volonté de Dieu est un vaste sujet que nous ne pouvons pas méditer ici, mais il est évident que les réponses à nos interrogations sont à chercher auprès de Dieu. Ce sera là le commencement de tout ce que nous entreprendrons.  Ce sera lui qui fixera les limites de notre action.  Ce sera lui qui nous autorisera à poursuivre ou à nous dessaisir. Dieu est parfait. Notre discernement ne le sera pas, mais la part qui nous échappe, il s'en charge.

   Il me semble que si nous désirons réellement nous efforcer d’entrer dans le repos de Dieu, il nous faut nous défaire de ce mensonge qui consiste à nous convaincre que Dieu nous laisse seul nous débrouiller. Nous n'avons pas à nous jeter dans le travail, physique, intellectuel, spirituel.  Nous avons à y entrer de manière posée. Par moyen d'un discernement de la volonté de Dieu pour nous en ce lieu-là. Dès lors que nous arrivons à nous tenir humblement devant Dieu et devant le travail, nous entrons dans son repos. Nous n'y entrerons que de cette manière-là. Toute autre chose sera désobéissance.  Jésus a accompli ce qu'il avait à faire.  Il me reste à faire ce que j'ai à faire, et seulement ce que j'ai à faire. En faire plus, ou autre, serait faire comme si au contraire, l'oeuvre de Jésus était insuffisante.  Ce serait sortir de la grâce.



11:19 Publié dans Prédications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : repos

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