17 janvier 2013
La promesse faîte aux nations
Matthias HELMLINGER
La promesse faîte aux nations
Ephésiens 3
Les GoYiM sont associées dans le Messie aux mêmes promesses que Dieu a faites à Israël. Les GoYiM, c’est le mot hébreu qui, dans la Bible désigne les Nations qui ne sont pas juives. La Bible considère qu’il y a soixante-dix Nations en dehors d’Israël. Elle prend toujours bien soin de distinguer entre Israël et les Nations. La venue des mages à Bethléhem annonce le début du pèlerinage des Nations à Jérusalem pour adorer le Messie, le Roi des Juifs. Ce pèlerinage a été prophétisé par plusieurs prophètes, notamment par Esaïe. Une fête spéciale a été instituée dans l’Eglise pour commémorer ce commencement du pèlerinage des Nations à Sion : c’est la fête de l’Epiphanie.
L’apôtre Paul a reçu une vocation toute particulière, celle d’annoncer aux Nations qu’elles ont part dans le Christ aux mêmes promesses faites par Dieu à Israël.
Cela nous paraît aujourd’hui banal, de dire que nous les Nations, nous participons dans le Christ aux promesses faites à Israël.
Ce n’était pas banal pour Paul. C’était totalement nouveau à son époque. C’était même inouï. Paul va jusqu’à dire que même les anges qui sont continuellement en présence du Seigneur, ne connaissaient pas cet aspect du plan de Dieu : que les Nations seraient associées à Israël. Cela paraît étonnant, puisque comme je viens de le dire, les prophètes avaient annoncé le pèlerinage des Nations à Sion. Ils ont dit que toutes les Nations feront ce pèlerinage pour aller découvrir à Sion le seul vrai Dieu. Oui, les prophètes l’ont annoncé, Jésus aussi en a parlé, mais personne ne comprenait comment cela pourrait avoir lieu, puisque tellement de textes dans la Bible disent explicitement que Dieu maintiendra jusqu’à la fin des temps la distinction entre Israël et les Nations.
L’incarnation, puis la mort et la résurrection de Jésus ont rendu possible ce qui était impossible humainement : associer les Nations aux promesses faites à Israël. C’est possible dans une nouvelle création. Et précisément, la résurrection de Jésus-Christ inaugure cette nouvelle création.
« Nouvelle création », cela signifie que nous, les Nations sommes aimés par le Seigneur Dieu du même amour dont il aime Israël, du même amour dont il aime son Fils Jésus-Christ. C’est un amour éternel, qui ne peut jamais être détruit et qui dépasse ce que l’être humain peut comprendre. Si l’être humain ne peut pas comprendre cet amour, il peut par contre y être fondé, y être enraciné. C’est en étant dedans qu’on peut comprendre l’amour. L’amour ne peut pas se comprendre de l’extérieur. C’est cela, la nouvelle création. L’apôtre Paul est subjugué par ce mystère. Il tombe à genoux et ne peut que prier encore davantage pour que les chrétiens découvrent de plus en plus cet amour qui est dans le Christ.
Cette ouverture aux Nations de l’amour de Dieu pour Israël ne s’est pas faite sans une profonde crise.
1. Le livre des Actes des apôtres dans le NT nous raconte essentiellement comment les apôtres, tous juifs, ont vécu cette crise. Par docilité à l’Esprit Saint, ils ont été mis devant le fait accompli : les Nations croient comme Israël au Dieu Un, au Dieu qui aime et choisit qui il veut. L’apôtre Pierre a ouvert la voie avec l’annonce de l’évangile à la famille de Corneille. Puis l’apôtre Paul a creusé le même sillon avec ténacité. En effet, Pierre et d’autres apôtres par la suite, seraient bien revenus en arrière, préférant limiter l’annonce de l’évangile à Israël. Il faut savoir que le mot « évangile » vient précisément du prophète Esaïe, où il désigne le retour des Juifs à Sion et le pardon des péchés de façon inconditionnelle par Dieu. L’apôtre Paul a payé cher pour continuer l’annonce de l’évangile aux Nations. Traverser la crise qu’il a provoquée, lui a coûté bien des souffrances. Paul a écrit l’épître aux Ephésiens en prison. Il a plusieurs fois échappé à la mort de très peu. Mais il ne s’est pas découragé. Il se savait investi d’une haute mission, d’autant plus haute qu’il ne l’avait pas inventée. Au départ, il ne se sentait absolument pas digne ou qualifié pour annoncer l’évangile aux Nations. Il dit explicitement qu’il est « le moindre de tous les saints » (c’est ainsi qu’on appelait les chrétiens à l’époque). Jean Calvin dit que ce n’est pas là un effet de style sous la plume de Paul, comme chez tant de faux humbles qui « crèvent d’orgueil au-dedans d’eux-mêmes ». Paul se sent le plus indigne de tous les croyants, et c’est précisément lui que Dieu a choisi. Que cela nous encourage à ne jamais désespérer de l’amour de Dieu, à ne jamais désespérer de notre vocation, de notre élection, de la fidélité de Dieu à notre égard. Si Dieu a choisi Paul, il peut choisir n’importe qui. Si nous n’avons pas une profonde certitude que la grâce de Dieu à notre égard est perpétuelle, alors nous n’arriverons pas réellement à Le louer.
2. La crise qui a eu lieu dans l’église des premiers apôtres, avait commencé à la naissance de Jésus. La venue des mages à Bethléhem a provoqué le massacre d’enfants juifs par Hérode. L’épée a traversé le cœur de Rachel et de tant de mères juives. Dans le temple, où Joseph et Marie sont allés présenter leur enfant, un Juif pieux et âgé, SHiM*oN dira à Marie : « une épée transpercera ta propre âme » Luc 2/35. Comme Rachel, Marie doit vivre les souffrances de l’enfantement du Messie. Quand est-ce que la prophétie de SHiM*oN s’est-elle accomplie ? Tout le ministère de Jésus a été déconcertant, mais le comble a été atteint à la croix : Marie a dû accepter que son Fils vive autrement que d’elle. Elle a dû accepter que la chair et le sang de Jésus deviennent, par l’Esprit Saint source de vie éternelle pour chaque être humain, que cet être humain soit juif ou non. Sion est destinée à être la mère de toutes les Nations. La prophétie d’Esaïe 60 précise, au verset 5 que le cœur de Sion « aura peur et s’élargira » devant une si belle destinée. En français, nous avons une belle expression qui dit la même chose : « fendre le cœur ». L’amour de Dieu pour Israël et les Nations fendra le cœur de Sion. Nous avons écouté au début de ce culte le Psaume 72 qui parle de la sagesse de Salomon. Il est étonnant que la Bible ne nous donne qu’un seul exemple de la sagesse de Salomon : quand il a jugé deux femmes prostituées qui se disputaient le même bébé. Pour savoir laquelle des deux était la véritable mère, il a ordonné de couper le bébé en deux et d’en donner une moitié à chacune. Evidemment, la vraie mère s’est révélée : c’est celle qui préférait que son enfant vive, même en appartenant à une autre femme. Marie a dû accepter cela : que son Fils vive en chacun de nous, pour que nous connaissions le seul vrai Dieu, le Dieu d’Israël, ce Père dont nous n’aurons jamais fini de découvrir l’étonnant amour.
3. La crise n’est pas terminée aujourd’hui. Les chrétiens persécutés sont environ cent vingt millions dans le monde. Les Juifs sont toujours et encore haïs, eux qui ont donné aux Nations la Parole de Dieu et le Messie Jésus. L’apôtre Paul dit aux Ephésiens que les souffrances que lui-même doit subir sont la gloire des chrétiens. Il leur dit de ne pas perdre courage à cause des souffrances qu’il endure. L’amour de Dieu qu’il a prêché aux Ephésiens n’est donc pas un mythe. Paul n’a pas inventé l’évangile qu’il prêche aux Nations. Cet évangile lui a été révélé. Il n’en changera rien, même si cela ne lui apporte aucun bénéfice. Jean Calvin écrit que cela doit être un puissant encouragement pour nous à croire en l’évangile : Paul n’en a rien changé, même si cet évangile était à son détriment. Dieu a des projets que nous ne connaissons pas forcément à l’annonce. Même quand ils sont prophétisés, ils nous surprennent, tellement ils dépassent notre entendement. Il est le Dieu Créateur et accomplit en son heure ce qu’Il dit et ce qui est le fond de sa pensée. Cette pensée, il l’a révélée à Paul : en Christ, son amour est plus fort que la mort. En Christ, les Nations participent aux promesses faites à Israël.
Amen.
11:48 Publié dans Prédications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : epiphanie
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