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29 janvier 2011

Le regard de Jésus

 

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Israël : Le Mont Guilboa où le roi Saül et ses fils trouvèrent la mort (1 S 31)

 

 

 

Le regard de Jésus

 

  

Je vous invite d'abord à lire Jn 1.35-49

  Il est beaucoup question de regards dans ce passage, tantôt pour parler du regard des hommes sur Jésus, tantôt du regard de Jésus sur les hommes. Je m’intéresserai plus particulièrement à 2 de ces regards de Jésus : sur Pierre et sur Nathanaël. Nous verrons que le regard que Jésus a posé sur eux a été déterminant pour le restant de leur vie, et nous essayerons de comprendre pourquoi.

  Lorsque nous regardons quelqu’un, nous pouvons faire passer une grande variété de messages sans prononcer un seul mot : l’amour, la joie, la surprise, l’incrédulité, l’indifférence, la peur, la moquerie, la colère, le mépris, la haine, et j’en oublie sans doute. Nos regards sont comme nos mots : ils sont capables de construire ou de détruire un être ; de le rassurer ou de l’inquiéter ; de l’encourager ou de le décourager. Prenons conscience du bien ou du mal que nous pouvons faire au travers d’un regard.

  En ce qui concerne le regard de Jésus, les évangiles ne nous décrivent pas une palette de sentiments aussi variés que celle des hommes. L’Evangile de Marc nous parle d’un regard de colère sur les Pharisiens lorsque Jésus leur demande s’il est possible de faire du bien le jour du sabbat, et que ces derniers refusent de répondre (Mc 3.5). A part ce passage (et peut-être un ou deux autres), les évangiles nous montrent que le regard de Jésus exprime l’amour, la compassion. En dehors du texte d’aujourd’hui, je citerai 2 exemples. Le premier, c’est au moment de la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche. Il sait que cet homme est prisonnier sa richesse, mais il ne le blâme pas, il ne le juge pas. Le texte dit : Jésus l’ayant regardé l’aima (Mc 10.21). Le second exemple se situe au moment où Pierre renie Jésus, pendant que les chefs religieux sont en train de le juger. Quelques jours avant, Pierre avait affirmé, avec force, qu’il n’abandonnerait jamais son maître. Mais lorsqu’une servante le soupçonne d’être disciple de Jésus il jure 3 fois de suite qu’il ne le connaît pas. Juste après le 3e  reniement, le texte nous dit : Le Seigneur se retourna et regarda Pierre (Lc 22.61). Comment puis-je affirmer qu’il n’y avait ni reproches ni jugement dans ce regard, mais seulement de l’amour ? Si Jésus, cloué sur la croix, a prié son Père de pardonner à ceux qui l’avaient condamné et crucifié (Lc 23.34), il est certain qu’il a regardé Pierre avec compassion, même après son reniement. Ce qui confirme cela, c’est qu’après sa résurrection, Jésus considère toujours Pierre comme son disciple.

  Lorsque Jésus regarde un homme, c’est toujours un regard d’amour qu’il pose sur lui. Il est très important que nous comprenions cela pour nous-mêmes : Le regard que Jésus pose sur chacun d’entre nous est un regard d’amour.

  Venons-en au texte d’aujourd’hui où on assiste au premier regard de Jésus sur Pierre : Fixant son regard sur lui, Jésus dit : Tu es Simon, fils de Jonas : tu seras appelé Céphas (v 42). La façon dont Jésus a regardé Pierre a complètement changé la vie de ce dernier. Apparemment, son avenir était tout tracé : Toute sa vie, il serait pêcheur sur le lac de Tibériade. C’était sans compter sur sa rencontre avec Jésus : Désormais, Jésus lui donne un autre nom, Pierre, et les autres évangiles nous disent que Jésus en a fait un pêcheur d’hommes (Mt 4.19), un disciple de Jésus.

Qu’a-t-il de particulier le regard de Jésus pour bouleverser à ce point la vie d’un homme ? Pour le comprendre, nous allons suivre la rencontre de Nathanaël avec Jésus.

  Le lendemain de ce jour mémorable pour Pierre, Nathanaël voit venir vers lui quelqu’un qu’il connaissait bien, Philippe. Ce dernier, tout excité, lui raconte qu’il vient de rencontrer un homme dont il est sûr que c’est celui dont il est parlé dans la loi de Moïse et dans les prophètes (v 45). En d’autres termes, il lui dit : Nous avons trouvé le Messie dont parle la Torah !

  Surpris d’une telle nouvelle, Nathanaël lui demande alors : Comment s’appelle-t-il celui dont tu me parles ? Philippe répond : Jésus de Nazareth, fils de Joseph. Nathanaël réfléchit un instant, essaye de se remémorer tout ce qu’il a étudié dans la Torah ; mais il ne se souvient d’aucun passage de la Torah où la ville de Nazareth est mentionnée. Alors, il exprime son scepticisme à Philippe : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? C’est-à-dire : Un événement aussi extraordinaire que celui que tu m’annonces peut-il venir d’une localité dont ne parle pas la Torah ?

Philippe sait que Nathanaël a raison : Nazareth n’est jamais mentionné dans la Torah. Mais il sait aussi que son ami est un chercheur de Dieu et que, lorsqu’il sera en face de Jésus, tous ses préjugés tomberont. Alors, il lui dit simplement : Viens et vois (v 47). Nathanaël accepte cette proposition. Et Philippe le conduit vers Jésus. Alors qu’ils s’approchent, Nathanaël entend Jésus dire à son propos : Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a pas de fraude (v 47). Un peu interloqué de constater que Jésus parle de lui comme s’il le connaissait, il lui demande : D’où me connais-tu ? La réponse de Jésus va le bouleverser : Avant que Philippe t’ait appelé, quand tu étais sous le figuier, je t’avais vu (v 48).

  Pourquoi Nathanaël est-il bouleversé au point de laisser tomber, d’un seul coup, tous les préjugés qu’il avait quelques instants avant, et d’affirmer avec force : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël ? Parce que Nathanaël prend conscience, tout à coup, que le regard que Jésus a porté sur lui lorsqu’il était sous le figuier, n’était pas un regard physique, mais un regard surnaturel qui a percé les secrets de son cœur.

  On ne pourra jamais affirmer avec certitude ce que Nathanaël faisait sous ce figuier, puisque le texte ne nous le dit pas. Mais on a un indice dans ce que Jésus dit de lui : Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a pas de fraude. Il est vraisemblable que Nathanaël était dans une prière de repentance, demandant à Dieu de lui donner un cœur pur.

  Alors, lorsqu’il entend Jésus lui dire : quand tu étais sous le figuier, je t’avais vu, Nathanaël comprend immédiatement que cet homme est bien celui annoncé depuis plusieurs siècles dans les prophéties, car seul le Fils de Dieu a un regard capable de lire dans le cœur.

   Pierre avait fait la même expérience la veille : Le regard de Jésus était allé jusqu’au fond de son cœur. Le psalmiste dit la même chose : Eternel ! tu me sondes et tu me connais (Ps 139.1) Même affirmation dans l’évangile de Jean 2.23 : Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de la Pâque, plusieurs crurent en son nom, à la vue des miracles qu’il faisait, mais Jésus ne se fiait pas à eux…il savait de lui-même ce qui était dans l’homme. Nathanaël s’est senti transpercé par ce regard de vérité. En l’espace que quelques instants, il est passé du scepticisme à la foi : il a compris qui était Jésus. Il est devenu son disciple, sous le nom de Barthélémy (Mc 3.18).

Vous sentez-vous mal à l’aise de savoir que Jésus peut lire dans votre cœur et tout connaître de vous ?

   Si cela nous rend mal à l’aise, cela veut dire que nous avons encore peur de Dieu. Lorsque nous essayons de dissimuler à Dieu des actes, des attitudes ou des pensées dont nous avons honte, cela veut dire que nous avons peur que Dieu nous juge et nous punisse. En agissant ainsi, nous restons enfermés dans notre culpabilité ! Cela peut vouloir dire aussi que nous aimerions pouvoir vivre en lui cachant des choses ou des situations contraires à l’esprit de l’Evangile. Cela montre que nous aimerions pouvoir vivre en désobéissant à Dieu, tout en essayant de passer pour de bons chrétiens ! Dans les 2 cas, ce n’est pas le Saint-Esprit qui nous guide ! Dans les 2 cas, nous sommes prisonniers du péché !

   Il faut considérer, au contraire, que c’est une grâce que Jésus puisse lire en nous. En effet, puisqu’il connaît tout de nous, nous ne commettons plus l’erreur d’essayer de dissimuler nos fautes, de les minimiser et ainsi de nous enfermer dans la culpabilité ou le péché. Le fait qu’il connaisse tout de nous, et que son regard ne nous juge pas, nous permet de venir librement vers lui pour lui demander pardon et recevoir son pardon. Plus nous désirons que le regard du Seigneur pénètre en nous, plus nous sommes libérés des pièges du péché, et plus nous découvrons que c’est un regard d’amour que Dieu pose sur nous.

   Jusqu’à présent, j’ai insisté sur le regard. Mais le texte nous montre que ces regards sont accompagnés par une parole. Qu’est-ce qui a été déterminant dans le bouleversement opéré chez Pierre et Nathanaël ? Le regard ? Ou la parole ? L’Ecriture nous dit que la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ (Rm 10.17). C’est donc assez clair : la parole prime sur le regard. Alors, à quoi sert le regard ? Pour Nathanaël, la parole prononcée par Jésus a été le révélateur de l’acuité du regard de Jésus sur son cœur. Il n’existe pas de hiatus entre la parole de Jésus et son regard, entre son regard et sa parole. L’un ne va pas sans l’autre ; l’un ne peut pas contredire l’autre. Ils sont complémentaires. La vie de Pierre, celle de Nathanaël ont basculé lorsque le regard et les paroles de Jésus ont atteint leur cœur.

Qu’en est-il pour nous ?

   Aujourd’hui, Jésus n’est plus présent physiquement près de nous, mais par l’Esprit Saint donné à la Pentecôte (Act 2), son regard surnaturel est toujours là, et pénètre toujours au fond de notre cœur, même si nous n’en avons pas conscience, même si nous refusons l’idée de cette connaissance que le Seigneur a de chacun de nous. Qu’est-ce qui me permet d’affirmer que le regard de Jésus est toujours présent ? Les textes bibliques ! J’ai cité plus haut 2 passages bibliques (Ps 139.1 et Jn 2.23). En voici un 3e, He 4.12 : La parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle est juge des sentiments et des pensées du cœur.

   Lorsqu’on entend la fin de ce verset : la parole de Dieu …est juge des sentiments et des pensées du cœur, on a toujours tendance à considérer le verbe juger comme une menace. Cette compréhension est fausse ! Dieu ne veut pas notre condamnation, mais notre salut. Dieu ne menace pas à travers sa parole, mais nous donne un signal d’alarme pour nous détourner du péché et de ses conséquences humaines et spirituelles ? Lorsque le signal sonore de votre détecteur de fumée retentit,  ce n’est pas le signal sonore qui vous menace, c’est la fumée qui risque de vous asphyxier.C’est la même chose pour la parole : quand il y a un danger de prendre le mauvais chemin, la parole nous le signale. A chacun de nous d’en tenir compte !

   Cette parole pénétrante est aussi donnée aux hommes pour les guérir. Les guérir du découragement, de l’incrédulité, d’une foi vacillante, des peurs multiples, de l’angoisse de la mort, du manque d’estime de soi, de l’orgueil, du mensonge, de l’hypocrisie, de la fascination du pouvoir ou de l’argent, de souvenirs traumatisants, des séquelles du rejet, des séquelles d’une enfance volée, de la rancune, du non-pardon, etc… Tout ce que viens d’énumérer, et beaucoup d’autres situations encore, sont autant de boulets que nous traînons dans nos vies, qui nous paralysent et nous rendent plus ou moins prisonniers. Dieu connaît ces situations et veut que nous en soyons guéris, libérés, délivrés pour faire de chacun de nous des serviteurs et des servantes du Christ, libres  (Lc 4.17-18 et 21). Aujourd’hui encore, le regard de Jésus peut bouleverser la vie d’un homme, d’une femme, quel que soit son âge, et quel que soit son parcours avant cette rencontre décisive. N’ayons pas peur du regard de Jésus sur nous ! C’est un regard libérateur, un regard d’amour.

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Israël : Lac de Tibériade, près de Tabgha