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26 mars 2012

Ne jugez pas !

 

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 Ne jugez pas !


Je vous invite à écouter 2 passages bibliques (Matthieu 7.1-5 et Jean 8.1-11) qui feront l'objet de la méditation de ce jour.
podcast

    On imagine bien la scène : Jésus est assis sur les marches du Temple et parle à la foule qui a soif d’être enseignée. Soudain, une délégation de scribes et de Pharisiens, spécialistes de la Loi de Moïse, surgissent devant Jésus, traînant de force une femme qu’on vient de surprendre en flagrant délit d’adultère.

  L’air faussement calme, le chef de cette délégation , Torah en mains, s’approche de Jésus, et en pointant du doigt la pécheresse que ses collègues ont placée bien en vue au centre d’un cercle d’accusation, lui dit : Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ?

 Un esprit religieux pourrait dire : Enfin des gens droits qui veulent relever le niveau moral du peuple ! Ils veulent faire disparaître du milieu d’eux toute pourriture morale susceptible de contaminer l’ensemble du peuple. Vous avez tous remarqué, en effet, qu’un seul fruit pourri dans un panier peut faire pourrir l’ensemble des autres fruits. Enlevez le fruit pourri, et les autres restent sains. N’est-ce pas vrai ? 

   En réfléchissant à l’accusation de ces gardiens de la morale, on se dit qu’il y a quand même quelque chose qui cloche, car l’adultère se commet à deux !

  Au fait, que dit ce fameux verset qu’ils citent à Jésus (Dt 22.23-24) ? Si une jeune fille vierge est fiancée à quelqu’un, et qu’un homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les ferez sortir tous deux à la porte de la ville, vous les lapiderez, et ils mourront, la jeune fille pour n’avoir pas crié dans la ville, et l’homme pour avoir fait violence à la femme de son prochain.

(Remarque : Seul l’homme était lapidé si l’agression avait eu lieu en rase campagne, car la jeune fille avait pu crier sans que personne ne vienne à son secours Dt 22.25-27)

  Ne trouvez-vous pas étonnant que ces spécialistes de la Loi tronquent ainsi un commandement de la Torah ? Ils oublient tout simplement de parler de l’homme qui, selon la loi, doit être condamné avec la femme !

   Et puis, en réfléchissant un peu, on se demande : Pourquoi n’ont-ils pas réuni directement le Sanhédrin pour juger cette femme, s’ils sont aussi scandalisés qu’ils le disent par ce péché d’adultère ? Pourquoi viennent-ils vers Jésus qui n’a aucun pouvoir de justice ?

  Le verset suivant (6a) nous donne la réponse ? Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve afin de pouvoir l’accuser.

  Voilà donc leur motif caché ! Ils font semblant d’être scandalisés par l’attitude de cette femme, mais en réalité c’est à Jésus qu’ils en veulent. Pour l’instant, ils se moquent pas mal de la morale ; ce qu’ils veulent c’est faire arrêter Jésus par le pouvoir romain en place, en essayant de le piéger sur un commandement de la Loi de Moïse. Pourquoi font-ils cela ? Parce que Jésus leur fait de l’ombre en menaçant la notoriété et l’autorité qu’ils ont sur le peuple. Ils tiennent tellement à garder cette autorité qu’ils sont prêts à tout.

  Leurs motifs et leurs intentions sont clairement exprimées dans le chapitre précédent (7.31-32) : Plusieurs (habitants de Jérusalem) parmi la foule, crurent en lui et disaient : Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a faits celui-ci ? Les Pharisiens entendirent ce que la foule murmurait à son sujet. Alors les principaux sacrificateurs  et les Pharisiens envoyèrent des gardes pour l’arrêter (Jn 7.32). Et un peu plus loin (7.46), le texte nous dit que les gardes avaient tellement été subjugués par les paroles de Jésus qu’ils ne l’avaient pas arrêté. On imagine que ces principaux sacrificateurs et ces Pharisiens étaient fous de rage. Ils tentent donc de compromettre Jésus une nouvelle fois, en leur présentant la femme adultère, et en lui demandant ce qu’il faut faire d’elle.

  Il y a une grande ambiguïté dans l’attitude de ces chefs religieux : Il est vrai que leur but principal est de piéger Jésus pour le discréditer et le faire condamner. Mais il n’est pas moins vrai qu’ils traînent devant Jésus une femme qu’ils méprisent parce qu’elle a commis un adultère.

  Notre problème à nous, êtres humains, hommes et femmes, c’est que nous sommes aveugles sur la gravité nos propres péchés. Et nous éprouvons un immense réconfort lorsque nous pensons avoir trouvé un plus grand pécheur que nous. Pourquoi ? Parce que c’est comme si un gros péché chez les autres, excusait un plus petit péché chez nous. Nous aimons hiérarchiser les péchés. C’est rassurant !

   Soyons attentif au mécanisme subtil qui se déclenche dans notre esprit : Lorsque j’accuse l’autre, lorsque je me focalise sur son péché ; je finis par oublier mon propre péché. Et c’est bien confortable moralement ! Je vois avec précision la paille dans l’œil de l’autre, mais je ne vois pas la poutre qui est dans mon œil (Mt 7.3).

  Ceci devrait nous faire réfléchir sur cette exhortation de Christ : Ne jugez pas ! (Mt 7.1) En effet, le jugement que l’on porte sur l’autre engendre presque automatiquement, sans que l’on s’en rende compte, un aveuglement sur son propre péché. Et ceci a des conséquences redoutables : Lorsqu’on est aveugle sur ce plan, on ne sait plus vraiment ce qu’est la repentance. Nous risquons de devenir comme ce pharisien qui priait : O Dieu,  je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont accapareurs, injustes, adultères, ou même comme ce péager. (Lc 18.11).

  Quelle est l’intention de Jésus lorsqu’il dit aux accusateurs de la femme : Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre ? Il veut les amener à sortir de ce cercle vicieux où le jugement qu’on porte sur les autres ne permet plus de voir clairement ses propres péchés. Il veut leur faire prendre conscience qu’ils ne peuvent pas s’ériger en juges de cette femme parce qu’ils sont eux-mêmes pécheurs.

 Il veut leur faire comprendre aussi qu’en condamnant cette femme, ils se condamnent eux-mêmes. Et pour qu’ils comprennent cela, Jésus leur donne du temps. Le texte nous dit : De nouveau, Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre (v 8). Qu’a-t-il écrit ? On ne le saura jamais avec certitude. Tout ce qu’on a pu avancer ne sont que des hypothèses. Alors, je n’en dirai pas plus.

   Par contre, remarquons que Jésus qui connaît parfaitement les intentions malfaisantes de ses adversaires ne cherche pas à se venger. Il veut seulement les amener à réfléchir sur le fait qu’ils s’érigent en juges. Et cela réussit. Le texte nous dit : Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu’au dernier (v 9). Même devant ses ennemis les plus acharnés, Jésus essaie de parler à leur coeur pour qu’ils trouvent le chemin du salut.

   Voilà donc Jésus seul avec la femme. Jésus se redresse et lui dit : Où sont tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ?

-         Personne, Seigneur.

-         Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus.

   Jésus est-il laxiste en disant cela ? L’adultère  serait-il une pécadille à ses yeux ? Bien sûr que non ! Remarquons en effet qu’il ne dit pas à la femme : Je te pardonne. Il lui dit : Je ne te condamne pas. En lui disant cela, il lui laisse le temps de mesurer la grâce qui lui est faite. Lorsqu’elle aura compris cette grâce, elle demandera pardon et elle sera pardonnée.

Avons-nous mesuré le poids de la grâce qui pèse sur nos vies ?

   La grâce, c’est ce qui fait que tout en étant pécheurs, Dieu ne tient pas compte de notre péché, parce que nous avons foi en l’œuvre de Jésus à la croix ; nous pouvons lui confesser nos fautes, et être certains d’être pardonnés.

Soyons attentifs à une chose : Jésus ne s’est pas contenté de dire à cette femme : Je ne te condamne pas. Il a ajouté : Va et ne pèche plus. Dieu ne tient pas le coupable pour innocent (Ex 34.7). Mais Dieu pardonne toujours celui qui se repent. C’est la compréhension de ce qu’est la grâce qui va nous pousser à mettre notre vie en ordre, parce que nous voulons honorer celui qui nous a fait grâce de façon totalement imméritée. C’est la compréhension de ce qu’est cette grâce imméritée qui va aussi nous empêcher de juger et condamner les autres lorsqu’ils pèchent.

  Lorsqu’un frère pèche, ne soyons pas son accusateur, ne le jugeons pas. Nous sommes aussi pécheur que lui. Souvenons-nous que nous sommes au bénéfice d’une grâce imméritée. Aidons-le plutôt, dans un dialogue fraternel dénué de tout jugement, comme nous le demande Jésus : Si ton frère a péché, va reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère (Mt 18.15). Aidons-le aussi dans la prière ; plaçons-le sous la grâce du Seigneur, afin qu’il vienne de lui-même vers le Christ et se repente. Alors, au lieu de juger, c’est-à-dire de désobéir à Dieu, nous pourrons nous réjouir, car, comme Jésus nous le dit : Tu as gagné ton frère.


 

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