25 mars 2011
Esprit-Saint et Révélation
Esprit-Saint et Révélation
Jean 16.1-15
1 Je vous ai parlé ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. 2 Ils vous excluront des synagogues ; et même, l'heure vient où quiconque vous fera mourir pensera offrir un culte à Dieu. 3 Et ils feront cela, parce qu'ils n'ont connu ni le Père, ni moi. 4 Je vous ai parlé ainsi, pour que l'heure venue, vous vous souveniez que je vous l'ai dit. Je ne vous l'ai pas dit dès le commencement, parce que j'étais avec vous. 5 Maintenant, je m'en vais vers celui qui m'a envoyé, et nul de vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai parlé ainsi, la tristesse a rempli votre coeur. 7 Cependant, je vous dis la vérité : il est avantageux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. 8 Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; 10 de justice, parce que je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus ; 11 de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. 12 J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. 13 Quand il sera venu, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera dans toute la vérité ; car ses paroles ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera les choses à venir. 14 Lui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. 15 Tout ce que le Père a, est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera.
Ce texte fait partie des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples, avant son arrestation. Ses paroles prennent donc un caractère particulièrement solennel. Au v.5, il leur annonce qu’il va les quitter pour remonter vers le Père. Et il constate que la tristesse a rempli leurs cœurs. Pourquoi ? Pas seulement parce que c’est toujours triste lorsqu’un groupe uni se sépare. Leur tristesse est provoquée aussi par ce que Jésus vient de leur dire : Ils vous excluront des synagogues ; et même, l’heure vient où quiconque vous fera mourir pensera offrir un culte à Dieu (16.2). Il est vrai que ce n’est pas un avenir particulièrement réjouissant ! Alors, Jésus va leur montrer que son absence ne va pas seulement engendrer des menaces pour eux, mais va aussi leur ouvrir un nouveau chemin, et se révéler être un avantage. Pourquoi ? Parce que c’est son départ qui va déterminer l’envoi du Saint-Esprit : Il est avantageux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai (v 7). Nous savons que c’est ce qui s’est effectivement passé à Jérusalem, quelques semaines plus tard, le jour de la Pentecôte.
Pourquoi est-il tellement important que les disciples reçoivent le Saint-Esprit, lorsque Jésus sera parti ?
C’est à cette question que la suite du texte va nous permettre de répondre.
Si le Nouveau Testament s’était limité aux 3 premiers évangiles (les évangiles synoptiques), la révélation de Dieu concernant le salut des hommes aurait été incomplète. En effet, pendant les 3 années au cours desquelles il a formé ses disciples, Jésus leur a seulement annoncé que des chefs religieux le condamneraient à mort, qu’il mourrait et qu’il ressusciterait (3 fois chez Matthieu : 16.21 ;17.9 ; 20.17-19 ; 3 fois chez Marc : Mc 8.31 ; 9.30 ; 10.33-34 ; 3 fois chez Luc : 9.22 ; 9.44 ; 18.32). Mais, à l’exception d’une allusion dans l’évangile de Marc (10.45), Jésus n’a pas parlé du sens de sa mort et de sa résurrection. Même discrétion dans l’évangile de Jean où Jésus dit seulement qu’il est le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis : 10.11 et 28. Sur ce point tellement important, l’enseignement de Jésus a été très succinct, pour ne pas dire inexistant.
De même, Jésus n’a jamais évoqué le plan de salut pour les païens ; ni le fait que les Juifs le reconnaîtront un jour comme leur Messie ; ni les rapports entre la grâce et la loi, ou la destinée de l’Eglise dans les derniers temps. Tous ces thèmes si importants pour notre foi, notre connaissance de Christ et notre compréhension des plans de Dieu, c’est Paul et quelques apôtres (Pierre, Jean et Jacques) qui nous en ont parlé à travers les épitres et l’Apocalypse. Quand ? Après la Pentecôte !
Pourquoi Jésus n’a-t-il pas tout dit à ses disciples, pendant qu’il était physiquement présent avec eux ?
Parce qu’il savait que sans l’onction de l’Esprit-Saint, ses disciples seraient dans l’incapacité spirituelle de comprendre certaines choses. Jésus le dit clairement au v. 12 : J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. Et pour montrer l’importance de l’action de l’Esprit dans la compréhension des choses spirituelles, il ajoute tout de suite après : Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité (v.13).
On voit bien, en lisant les évangiles, puis les épitres, que c’est ce qui s’est effectivement passé. Pour ne prendre qu’un exemple significatif, je citerai le moment où Jésus annonce sa mort et sa résurrection à ses disciples. Le texte nous dit : Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole (Mc 9.32). Luc va même plus loin. Après que Jésus leur ait annoncé sa mort, le texte dit : Les disciples ne comprenaient pas cette déclaration ; elle était voilée pour eux, afin qu’ils n’en saisissent pas le sens (Lc 9.45).
Mais tout a changé après la venue de l’Esprit. Jean, qui lui non plus n’avait rien compris lorsqu’il avait entendu Jésus parler de sa mort et de sa résurrection, écrivait dans son épître, après la Pentecôte : Mes petits enfants, je vous écris ceci, afin que vous ne péchiez pas. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier (1 Jn 2.1-2). Le Saint-Esprit avait fait son œuvre en lui ! Tout devenait clair pour lui ! Aujourd’hui, ce même Saint-Esprit veut faire la même œuvre en nous tous, pour que nous ayons la pleine révélation de l’œuvre de Christ pour nos vies et pour ceux qui nous entourent.
Pourquoi le Saint-Esprit permet-il aux premiers disciples et aux croyants de tous les temps de mieux entrer dans la révélation ?
La 2e partie du v 13 apporte la réponse : Quand il sera venu, lui, l’Esprit de Vérité, il vous guidera dans toute la vérité ; car ses paroles (les paroles de l’Esprit) ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu’il aura entendu et vous annoncera les choses à venir.
Pour bien comprendre ce que dit Jésus, il faut ajouter quelques mots à cette phrase : le Saint-Esprit parlera de tout ce qu’il aura entendu dire par le Père à mon sujet, et vous annoncera les choses à venir. Ceci est très important : C’est le Père lui-même qui, par l’intermédiaire de l’Esprit, enseignera les disciples au sujet de Jésus et de son œuvre, et de la fin des temps (les choses à venir).
C’est ce qu’il s’est passé exactement : Inspirés par l’Esprit, les auteurs des épitres et de l’Apocalypse ont non seulement pu connaître Jésus et son œuvre d’une façon beaucoup plus profonde après la venue de l’Esprit, mais ils ont aussi été ceux qui ont complété la révélation voulue par Dieu. L’Apocalypse, qui parle de la destinée de l’Eglise dans les derniers temps, est l’exemple même de la révélation faite à Jean par l’Esprit Saint : Révélation de Jésus-Christ, que Dieu… a fait connaître par l’envoi de son ange à son serviteur Jean… (Apo 1.1). La reconnaissance par les Juifs de Jésus comme Messie est un autre exemple de la révélation faite par l’Esprit à Paul (Lire Rm 11). De même, l’annonce du salut pour les païens au même titre que pour les Juifs est une révélation de l’Esprit. Paul écrit à ce propos : Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes (Eph 3.5). Maintenant, c’est-à-dire après que l’Esprit ait été répandu.
Dans le texte, Jésus parle aussi d’une œuvre qui aurait été impossible sans la venue de l’Esprit. Relisons les v. 7 et 8 : Il est avantageux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. Quel vont être les conséquences de cet envoi ? La suite du verset le précise : Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement.
Remarque : Je précise, conformément à ce que dit Jésus aux v.9-11, qu’ici, le péché n’est pas une faute morale, mais le fait de ne pas croire à l’œuvre de Jésus ; la justice n’est pas la justification, mais le fait que Jésus n’a pas usurpé le titre de Fils de Dieu, puisqu’après sa mort, il est ressuscité et est remonté vers le Père. Quand au jugement, ce n’est pas celui des hommes, mais celui de Satan, dont le sort est scellé, puisqu’il est déjà jugé.
Je parlais à l’instant d’une œuvre impossible sans la venue de l’Esprit. De quoi s’agit-il ? A votre avis, comment le Saint-Esprit s’y prend-il pour convaincre le monde de péché de justice et de jugement dont je viens de parler ? Oh ! bien sûr, il peut le faire tout seul ! Mais ce n’est pas sa façon habituelle de procéder. Si le Saint-Esprit est envoyé sur des disciples, c’est pour que ces disciples, par la prédication, convainquent les hommes du monde entier de la vérité de ces 3 points. On est ici au cœur de la mission de l’Esprit-Saint. Et pour que cette mission s’accomplisse par des disciples, il faut d’abord que l’Esprit-Saint ait agit en eux, comme on l’a dit plus haut, et comme on le voit au v 14 : Lui (l’Esprit) me glorifiera.
En introduisant les apôtres et les croyants dans la vérité, en leur dévoilant les attributs de Christ (sa sainteté, sa grandeur, son amour…) qui sont aussi ceux du Père (tout ce que le Père a est à moi, v 15), en leur dévoilant le sens de sa mort et de sa résurrection, le cœur des croyants ne pourra que glorifier le Fils. En effet, le Fils ne travaille qu’à glorifier le Père, et l’Esprit ne veut que glorifier le Fils. Lorsqu’un croyant vit par l’Esprit, lorsqu’il laisse le Saint-Esprit guider sa vie (pensées, paroles et actes), la connaissance de Jésus en lui grandit ; l’amour pour Jésus grandit ; l’Ecriture devient une nourriture spirituelle dont il ne peut plus se passer, son oxygène spirituel ; le sens de la mort et de la résurrection de Christ prend une signification nouvelle qui va le conduire dans une prière de reconnaissance, de louange et d’adoration plus spontanée et intense. Mais aussi le mobiliser pour annoncer aux autres ce que l’Esprit lui a fait connaître de Christ et de son oeuvre. Voilà une mission essentielle de chaque disciple ; mission impossible sans l’Esprit.
La fête de Pâques est célébrée, à juste titre, comme un événement majeur dans l’histoire du monde et dans celle de chaque chrétien. Pour beaucoup de croyants, elle semble même reléguer la Pentecôte au second rang, si on en juge par l’assistance bien plus faible dans les lieux de culte, lorsque l’Eglise célèbre Pentecôte. C’est pourtant un événement aussi essentiel que celui de la résurrection de Jésus. Le texte d’aujourd’hui nous en montre toute l’importance. Mais il nous montre aussi que c’est un événement à vivre, personnellement et communautairement, si nous ne voulons pas en rester à la compréhension limitée qu’avaient les disciples avant la Pentecôte. Le plan de Dieu pour chaque croyant, pour chaque communauté, c’est ce que Jésus dit au v 13 : Quand il sera venu, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité.
Viens, Esprit-Saint, et conduis-moi, conduis-nous dans toute la vérité.
10:36 Publié dans Vie chrétienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : révélation, esprit-saint