Si je n'ai pas l'amour...

Si je n'ai pas l'amour...

1 Corinthiens 13,1-13

Il y a plusieurs semaines, ma lecture quotidienne était le texte magnifique où Paul parle de l’amour. Sans vraiment comprendre pourquoi, je me suis senti immédiatement poussé à prendre ce thème pour le premier culte de cette année 2022. Entendre parler de l’amour n’est jamais superflu pour des chrétiens. Car ce thème est au centre de toute la Bible. Et l’apprentissage de l’amour n’est jamais terminé, aussi longtemps que nous vivrons. En effet, dans sa vie de chaque jour, chacun peut constater sa pauvreté dans ce domaine.

 Dans la partie moderne de Corinthe, sur le parvis d’une église orthodoxe, juste à côté du site archéologie, se trouve un grand monument de forme cubique. Sur ses 4 faces en marbre sont gravés les 8 premiers versets du texte que je viens de vous lire, dans 4 langues différentes, dont le grec et le français.

  Bien sûr, on est à Corinthe, une ville où Paul a séjourné. Mais, que 8 versets du Nouveau Testament soient gravés dans le marbre sur un monument public, cela prouve que ce Paul a écrit sur l’amour est vraiment exceptionnel et d’une grande profondeur spirituelle.

  Comme je l’ai dit plus haut, le thème de l’amour est au centre de l’Écriture et de toute relation véritable avec Dieu. Avant Paul, Jésus avait déjà abordé ce thème. À des Pharisiens qui voulaient le piéger en lui posant la question : « Maître, quel est le grand commandement de la loi ? » Jésus répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premier et le grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi même » (Mt 22,36-40). Et la conclusion de Jésus est précise et sans ambiguïté  : « Tout ce qu’enseignent la Loi et les prophètes se résument dans ces deux commandements » (Traduction Parole vivante). En termes simples, cela veut dire qu’il n’y a rien de plus important et de plus grand que l’amour.

   Dans un autre passage, Jésus dit à ses disciples : « Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Et il ajoute  « Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,12-13).

  Jésus ne s’est pas simplement gargarisé avec ces mots, comme il nous arrive souvent de le faire. Ce qu’il a dit, il l’a fait : il a volontairement donné sa vie par amour pour l’humanité.

   Dans un autre texte, l’apôtre Jean insiste sur l’importance d’aimer, dans la relation avec Dieu : « Mes biens chers amis, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu. Celui qui rayonne l’amour est passé par la nouvelle naissance, il est enfant de Dieu, et il vit dans une intime communion avec Dieu. Qui n’aime pas n’a rien compris de Dieu, car Dieu est amour »(1 Jn 4, 7-8, traduction Parole vivante).

   Pour commenter cette exhortation de Jean, j’aurais envie de dire la chose suivante : On peut très bien pratiquer sa religion en faisant semblant d’aimer ; mais on ne peut pas vivre une foi digne de ce nom, sans aimer.

   Dernier exemple, de Paul : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi » (Rm 13,8).

   Mesurons-nous l’importance de ce qu’est l’amour dans une vie de chrétien ? Rien de moins que le total accomplissement de la Loi ! 

   Ah bon ! La foi, la prière, les œuvres, l’étude de la Bible, l’évangélisation, et tout ce qu’on s’efforce de faire dans notre vie de chrétien, cela a moins d’importance que l’amour ? Eh oui ! Toutes ces choses auxquelles nous attachons tant d’importance, et que nous nous efforçons d’accomplir, toutes ces choses qui nous permettent de nous définir  nous-mêmes, ou d’être vu par les autres comme chrétien lorsque nous les accomplissons, eh bien, toutes ces choses, en elles-même, peuvent n’être que des actes et des façons de vivre purement humains, qui produisent des fruits humains.

  Cette affirmation est assez dure à entendre. Et pourtant c’est ce que Jésus, Jean et Paul ont dit, chacun à leur façon.  En effet, si toutes ces choses n’ont pas été faites par amour, dans l’amour, si elles n’ont pas été inspirées, conduites, guidées et transcendées par l’amour, elles n’ont pas, aux yeux de Dieu, la valeur que nous leur accordons généralement, et qui nous satisfait pourtant.

  Le texte de Paul, particulièrement, ne souffre pas d’ambiguïté.  Je relis séparément les 3 premiers versets afin que nous les ayons bien présents à l’esprit : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit ». Même si on ne sait pas exactement ce que Paul veut dire quand il mentionne la « langue des anges » , on comprend que pour lui, c’est un don exceptionnel de pouvoir parler cette langue. Exceptionnel, sans doute, et pourtant, Paul dit que c’est simplement quoi ? Du bruit. C’est-à-dire pas grand-chose.

« Quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères, et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien ». 

   Frères et sœurs, c’est bien Paul qui écrit cela, alors qu’au chapitre précédent il fait la « promotion » des dons spirituels, à qui il accorde une grande importance, au point de dire, au v. 31 : « Aspirez aux dons les meilleurs ». Et au chapitre suivant (14) il écrit  « Aspirez aux dons spirituels, mais surtout à celui de la prophétie ». Est-ce que Paul se contredirait ? NON !

« Quand je distribuerais tous mes bien pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien ».

  Si quelqu’un parmi nous faisait cela, on lui tresserai des couronnes de laurier, et on dirait de lui : Quel chrétien ! Il a tout compris ! Mais Paul ne dit pas cela : « Cela ne me sert de rien ».

  Dans ces 3 premiers versets, il y a une autre chose très importante à comprendre. Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que Paul n’est à un homme qui parle pour ne rien dire (comme nous, parfois). Il me semble aussi que peu d’entre nous doutent que c’est l’Esprit-Saint qui a inspiré à Paul ces paroles.

  Quand on admet ceci, cela veut dire qu’il est possible d’afficher tous les signes apparents de la foi, tels qu’on le comprend généralement, bien qu’il manque l’essentiel à cette foi, c’est-à-dire la dimension de l’amour !

  Aie ! Ça fait mal d’entendre cela ! Et les versets 4 à 7 ne nous rassurent pas vraiment lorsqu’il nous décrivent en quoi consiste l’amour dont Paul parle :  « L’amour est patient, l’amour est serviable, il n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne médite pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout ».

 Lorsqu’on médite ce que Paul écrit là, à propos de l’amour, on cherche désespérément à quelle partie du texte notre propre façon d’aimer peut s’identifier. Si on est sincère, on se sent assez petit en amour !

  Eh bien, laissez moi vous dire une chose : C’est très bien qu’il en soit ainsi. Non pas qu’il faille se résoudre à être pauvre en amour, et en prendre son parti. Non !

Mais l’inverse serait la pire des choses, à l’image du Pharisien de la parabole, parfaitement serein et fier de la qualité de sa foi et sa relation avec Dieu (Luc 18,11).

   Dans le portrait que Paul fait de l’amour, comprenons qu’il ne décrit pas sa propre façon d’aimer. Il décrit ce que seule la puissance du Saint-Esprit peut permettre à un chrétien de vivre. Tout est parfaitement vrai dans ce qu’il dit sur l’amour. Mais cela ne doit pas nous désespérer de constater que nous en sommes si loin. Les paroles de l’Écriture ne sont jamais accusatrices : elles nous montrent la voie à suivre ; elles nous montrent le chemin sur lequel notre Seigneur et Dieu veut nous entraîner pour que nous lui rendions gloire pendant notre passage sur terre.

   Dans les versets 8 à 10, Paul nous montre que des choses comme les prophéties, les langues, la connaissance, qui ont de l’importance aujourd’hui sur cette terre, en ce qui concerne la foi et la relation avec Dieu, doivent être considérés comme de simples outils pour manifester la gloire de Dieu, et ne doivent pas devenir des objets d’orgueil spirituel. Pourquoi ? Parce que vient le jour où toutes ces choses seront abolies : « Que ce soit les prophéties, elles seront abolies ; les langues, elles cesseront ; la connaissance, elle sera abolie. Car c’est partiellement que nous connaissons; c’est partiellement que nous prophétisons ; mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli ».

   Dans les verset 11 et 12, Paul nous exhorte à devenir des chrétiens adultes, à ne pas se focaliser seulement sur les réalités de ce monde, mais à nous ouvrir à la vision de la vie avec Christ dans le Royaume qui attend chaque croyant.

  Comprenons bien que ce n’est pas un encouragement à attendre passivement que le Royaume soit établi, sans tenir compte de ce que le Seigneur attend de ses enfants sur cette terre. 

   Mais prenons aussi en compte que Paul veut élargir notre vision : « Aujourd’hui, nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière confuse, mais alors, nous verrons face à face ; aujourd’hui, je connais partiellement, mais alors, je connaîtrai comme j’a été connu ».

   Ce verset est étonnant de profondeur et devrait nous émerveiller, car il nous dit que sur cette terre, Dieu nous connaît parfaitement ; nous n’avons pas de secret pour Lui. Cela ne doit jamais nous effrayer, lorsque nous pensons à notre pauvreté en amour et dans d’autres domaines, car dans la Bible, le verbe « connaître » n’est jamais lié à une menace. Dieu n’est pas un Père Fouettard, ni un juge. Il est un Dieu d’amour, et rien qu’un Dieu d’amour. 

  Laissons-nous interrogé par ce texte de Paul, dans un cœur à cœur quotidien avec Dieu. N’ayons pas peur de dire au Seigneur : Tu vois comme je suis loin de ce que Paul écrit. Pardon, Seigneur ! Fais moi comprendre que ma capacité d’aimer n’est pas le résultat des efforts que je pourrais faire ; mais que seule l’action de ton Saint-Esprit en moi peut me permettre de faire des progrès en  amour. Alors, cher Saint-Esprit, je veux t’accueillir chaque jour pour que tu me remplisses de toi.

  Pour paraphraser une phrase entendue il y a quelques années, la seule question que notre Dieu nous posera lorsqu’il nous accueillera dans son Royaume sera : Comment as-tu aimé, sur terre ?

Profitons du temps qu’il nous reste à vivre pour grandir en amour.

 Je conclus ce message avec le dernier verset de notre texte (13) : « Maintenant donc, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande, c’est l’amour ».

Sur le podium de notre vie chrétienne, c’est l’amour qui est sur la plus haute marche, c’est l’amour qui est à la place d’honneur. C’est l’amour qui triomphe. Car c’est l’amour le plus grand.