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18 décembre 2017

Chrétien ET disciple

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Chrétien ET disciple

He 5,7-6,12


podcast

L’auteur de la lettre aux Hébreux reconnaît lui-même que le passage que je viens de lire est assez sévère (6,9). Même s’il s’est imposé à moi, ça n’a pas été chose aisée de le prendre comme texte du message pour aujourd’hui. En effet, c’est un passage qui peut paraître culpabilisant s’il est mal compris, et moralisateur s’il est mal expliqué. Or, ce n’est pas l’intention de l’Esprit-Saint qui a inspiré ce texte ni la mienne.


D’ailleurs, l’auteur fait comprendre à ses lecteurs, donc à nous aujourd’hui, qu’il n’y a aucune parole de condamnation dans ce qu’il a écrit : « Quoique nous parlions ainsi, nous sommes convaincus que vous êtes dans des conditions meilleures et favorables au salut » ( 6,9-10).
En fait, l’auteur nous adresse une exhortation sous forme de mise en garde. Et pour cela, il emploie deux fois le même adjectif, en 5,11 et 6,12, qui constitue le cœur de la mise en garde, et souligne le danger de toute vie chrétienne. En français l’adjectif grec signifie : nonchalant, endormi ou apathique.
5,11 : « Vous êtes devenus si lents à comprendre ». Ici, il constate.
6,12 : « en sorte que vous ne soyez pas nonchalants… ». Ici, il exhorte.
Pour donner du poids à sa mise en garde, et pour montrer aux chrétiens le chemin à suivre, l’auteur souligne l’attitude de Celui à qui tout chrétien se réfère, Jésus-Christ : « Dans les jours de sa chair, Jésus offrit à grands cris et dans les larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le délivrer de la mort. Ayant été exaucé à cause de sa soumission, il a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par ce qu’il a souffert »(5,7-8).
Les deux mots importants de ce passage sont « soumission » et obéissance ». C’est cette double vertu qui a fait de Jésus le Sauveur des hommes, notre Sauveur. C’est au jardin de Gethsémané que s’est joué le sort des hommes, notre sort, c’est-à-dire notre salut. C’est là que Jésus a accepté, en toute connaissance de cause, d’offrir sa vie en sacrifice pour notre salut.
Au début du verset suivant (v.11), l’auteur écrit : « À ce sujet, nous avons beaucoup à dire ». À quoi fait-il allusion ? Il fait directement allusion au fait que Dieu lui-même reconnaît en Jésus le Grand Prêtre dont le sacerdoce a permis que les hommes soient sauvés, mais aussi à la soumission et à l’obéissance de Jésus, qui l’ont conduit à mourir pour le salut des hommes.
L’auteur déplore que la soumission et l’obéissance de Jésus ne deviennent pas un exemple à suivre pour les chrétiens qui se réclament de Jésus, puisqu’il constate chez eux nonchalance, apathie et sommeil spirituel : « Vous êtes devenus lents à comprendre » (5,11). C’est-à-dire, "à comprendre » ce qu’est réellement le sens de la vie chrétienne, à quoi la grâce imméritée nous engage.
Cette somnolence spirituelle dont les chrétiens n’ont pas forcément conscience, tellement ils y sont habitués depuis tant d’années, a des conséquences gravissimes. L’auteur brosse un tableau concret des conséquences de ce sommeil spirituel : « Alors que vous devriez, avec le temps, être des maîtres, (c’est-à-dire capables d’enseigner les autres) vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne les premiers principes élémentaires des paroles de Dieu : vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or, quiconque est est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice, car il est un enfant » ( 5,12-13).
Le texte affirme donc qu’un chrétien de longue date peut cependant être un éternel bébé spirituel, s’il n’a pas « l’expérience de la parole de justice » (v 13).
Que veut dire ceci ? L’expérience de la parole de justice, c’est l’engagement concret d’une vie qui se déroule dans une juste relation avec Dieu, c’est-à-dire qui a conscience que l’amour que Jésus a manifesté à la Croix pour nous sauver ne devrait pas laisser les chrétiens dans une forme d’indifférence, de nonchalance et de paresse spirituelle, mais au contraire devrait les entraîner dans la soumission et l’obéissance joyeuse et active à Dieu, comme Jésus a été soumis et obéissant à son Père, pour nous sauver.
Frères et sœurs, le but premier de la vie spirituelle n’est pas de devenir chrétien pour être sauvé. Être sauvé est certes important, mais c’est une grâce que Dieu nous accorde par la foi en son Fils Jésus ; ce n’est pas le but de la vie chrétienne. Le BUT, c’est de devenir disciple de Christ, c’est-à-dire d’amener des hommes à Christ, pour qu’à leur tour ils deviennent disciples de Christ, et ainsi de suite. C’est Jésus qui le dit ; pas moi !
Juste avant de remonter près du Père, Jésus ressuscité a donné un dernier commandement à ses disciples, donc à nous : « Allez, faites de toutes les nations des disciples (pas des chrétiens !), baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28,19).

Nous serions très surpris si le système éducatif français prenait les enfants en primaire et les faisait redoubler, années après années, rabâchant indéfiniment les additions, soustractions, divisions, table de multiplications, accord des adjectifs, jusqu’à leur mort ! Sur le plan spirituel, c’est pourtant de que dit l’auteur à ses lecteurs : « Vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide » (5,12).
Les programmes de l’éducation nationale sont conçus pour amener les élèves de classe en classe, jusqu’à ce qu’ils aient acquis suffisamment de connaissances. Dans quel but ? Pour qu’ils entrent dans la vie active.
C’est exactement le rôle de l’église. Mais au lieu de la considérer comme un centre de formation pour disciples, beaucoup de chrétiens en font un temple de consommation où l’on se contente de venir remplir son caddie spirituel, dimanche après dimanche, pour une consommation personnelle.
Quelle est la cause qui conduit à cette vision erronée du rôle essentiel de l’église? La somnolence, l’apathie spirituelle qui sont le résultat du manque de soumission et d’obéissance à la Parole de Dieu : « Alors que vous devriez, avec le temps, être des maîtres, vous avez besoin qu’on vous enseigne les premiers principes élémentaires des paroles de Dieu » (5,12).
Dans ce verset, l’auteur déplore que ces notions essentielles ne soient pas comprises et et surtout mises en pratique, empêchant ainsi certains chrétiens d’être des adultes dans la foi. L’église n’a pas pour vocation d’être une perpétuelle nurserie où l’on nourrit les croyants au biberon jusqu’à leur mort. Sa vocation, c’est de former des adultes dans la foi qui acquièrent une maturité spirituelle pour entrer dans une vie spirituelle active au service de Christ, en tant que disciples.

Le texte nous met en garde contre une autre conséquence dramatique de l’endormissement spirituel : le risque de rétrograder dans la foi. Rétrograder, c’est revenir en arrière. Dans le domaine de la foi, revenir en arrière, c’est se retrouver dans la situation où nous nous trouvions avant notre rencontre avec Jésus, avant notre conversion.
Vous pensez que j’exagère ? Si j’exagère, alors, l’auteur de ce passage exagère aussi. Je relis ce qu’il écrit : « Quant à ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste et sont devenus participants à l’Esprit-Saint, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, il est impossible de les ramener à une nouvelle repentance. Car ils crucifient de nouveau, pour leur part, le Fils de Dieu et le déshonorent publiquement ». (6,4-6).
Je veux d’abord redire que ce passage n’est pas une condamnation, mais une mise en garde pressante.
Lorsqu’on a une foi plutôt tiède, lorsque la place qu’on attribue au Seigneur dans la vie est restreinte, mais qu’on continue cependant à faire appel à Lui quand on en a besoin, on peut se rassurer à bon compte et se dire : « Ce texte ne me concerne pas. Car l’auteur parle de ceux qui sont "tombés". Mais moi, je crois toujours en Dieu, et je lui adresse des prières de temps en temps. Je vais au culte lorsque je n’ai rien d’autre à faire, et je lis le journal paroissial ».
Frères et sœurs, prenons au sérieux la mise en garde de ce texte. On ne « tombe » pas du jour au lendemain. On ne rétrograde pas du jour au lendemain. C’est une lente évolution qui peut prendre des années, mais qui conduit à la mort spirituelle s’il n’y a pas une prise de conscience à temps.
La léthargie spirituelle est quelque chose de sournois. On s’y habitue peu à peu sans se rendre compte qu’on en devient prisonnier. C’est alors qu’intervient l’ennemi de notre âme qui nous susurre à l’oreille que c’est un passage à vide, comme tous les croyants en connaissent ; bref, que ce n’est pas grave du tout, et qu’on a tout le temps pour se reprendre.
Curieusement, le fait de rétrograder va souvent de paire avec de nouveaux centres d’intérêt, de nouvelles activités sportives, culturelles ou autres, qui mobilisent notre énergie, notre temps et nos pensées. Du coup, on a de véritables excuses pour justifier notre manque de présence aux cultes, notre désengagement dans la vie de l’église, notre peu de goût pour lire la Bible et pour prier. Sans compter de nouveaux amis qui sont athées, ce qui nous éloigne un peu plus de la vie spirituelle.
Pour bien faire comprendre la gravité du fait de rétrograder, deux images nous sont données: « Lorsqu’une terre abreuvée de pluies fréquentes produit des plantes utiles à ceux pour qui elle est cultivée, elle a part à la bénédiction de Dieu. Mais si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée, près d’être maudite, et finit par être brûlée » (6,7-8).
Dans son endurcissement et son aveuglement spirituel, le chrétien rétrograde n’a plus conscience qu’il ne produit que des chardons aux yeux de Dieu. Car les fruits qu’il produit ont de la valeur à ses yeux, ce qui l’enferme un peu plus dans son chemin rétrograde.

Depuis plusieurs mois, par de nombreux signes, le Seigneur nous montre la voie dans laquelle il veut que notre église s’engage : l’évangélisation. Petit à petit, notre communauté s’est endormie sur ses lauriers, avec les conséquences que l’on voit chaque dimanche : des bancs au trois quart vide, aucun enfant, aucun adolescent, et une écrasante majorité de têtes chenues.
Nous espérons la venue d’un pasteur. C’est une bonne chose. Mais prenons conscience que ce n’est pas ce qui va redonner vie à notre église si l’ensemble des membres de notre communauté ne se réveille pas spirituellement. Le futur pasteur ne pourra jamais tout faire tout seul. Les membres du Conseil presbytéral non plus !
Il est grand temps de monter dans le train d’une foi réveillée, soumise et obéissante à Dieu. C’est le dernier wagon qui va passer devant nous. Montons-y tous ensemble. Personne ne doit rester sur le quai.
Dieu aime notre communauté. Elle a été bénie et il s’y est passé de belles choses. Mais elle s’est assoupie et n’a pas été fidèle au commandement essentiel : l’évangélisation.

Par l’intermédiaire du texte de ce matin, Dieu nous parle, Dieu nous presse de nous réveiller. Il est tard, sans doute. Nous avons perdu beaucoup de temps. Mais il n’est pas trop tard. Prenons conscience de l’importance de la prière de louange et d’adoration. Elle est le chemin qui conduit à la soumission et à l’obéissance, parce qu’elle nous décentre de nous-mêmes, de nos besoins, de nos frustrations, de nos désirs non-assouvis, et nous recentre sur Dieu lui-même, sur son amour inconditionnel, sur sa grâce imméritée.
La louange et l’adoration conduisent le chrétien à une éternelle reconnaissance et le poussent à s’engager joyeusement pour son Seigneur.
Voilà les exhortations et les paroles d’encouragement que Dieu nous adresse aujourd’hui : « Quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous sommes convaincus que vous êtes dans des conditions meilleures et favorables au salut. Car Dieu n’est pas injuste pour oublier votre action, ni l’amour que vous avez montré pour son nom par les services que vous avez rendus et que vous rendez encore aux saints. MAIS nous désirons que chacun de vous montre jusqu’à la fin le même empressement en vue d’une pleine espérance, en sorte que vous ne soyez pas nonchalants, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et l’attente patiente, reçoivent l’héritage promis » (6,9-12).

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