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11 janvier 2016

En règle avec Dieu ?

en règleAlain NADAL

En règle avec Dieu ?

Rm 7,14-8,4

 
podcast

Lorsqu’on pense à l’apôtre Paul, on se représente un chrétien hors pair, totalement consacré à Dieu. Il a parcouru tout le bassin méditerranéen sur mer et sur terre pour annoncer l’Évangile. Il a formé des disciples du Christ dans tous les pays dans lesquels il séjournait. Il a créé et affermit des dizaines d’églises. Il a été persécuté par des Juifs et des païens, à cause de sa foi. Il a été battu de verges, lapidé. Il a affronté la faim, la soif et les naufrages pendant ses voyages missionnaires (2 Co 11,23-27). À lui seul, il a écrit une bonne partie du Nouveau Testament. Il a fait des guérisons à la pelle (Act 19,11), ressuscité un mort (Act 20,7-12), et s’est même permis de reprendre Pierre, le grand apôtre, dont l’église catholique a fait le premier pape, lui reprochant, devant une assemblée de croyants, sa conduite ambiguë vis-à-vis chrétiens et des païens (Gal 2,11-14).
Tout ce que je viens d’évoquer de la vie de l’apôtre est parfaitement vrai. On se dit que si le chrétien parfait existe, il en est le digne représentant. Et on conclut qu’on ne lui arrive pas à la cheville ! On se sent si petit par rapport à ce géant de la foi ! On n’est pas loin de penser qu’il ne connaissait pas les luttes intérieures qui agitent si souvent notre esprit ; des luttes qui nous font agir parfois de façons si étranges qu’on ne se reconnaît pas soi-même ; que les tentations lui étaient épargnées, les pensées mauvaises et méchantes absentes de son esprit, les jugements sur les autres inexistants… En quelques mots, qu’il était parfaitement en règle avec la loi de Dieu.

Eh bien, si vous avez jamais pensé cela, le texte que je vais lire va vous décevoir. Voici ce que cet apôtre hors du commun a écrit en parlant de lui : Lire Rm 7,14-8,8.


Tout géant de la foi qu’il était, et totalement consacré à Dieu, Paul n’était pas en règle avec la loi de Dieu grâce à ses œuvres ou sa consécration à Christ. En cela, Paul ressemble trait pour trait à tous les hommes, chrétiens ou pas. Nous l’avons entendu dire il y a un instant : « Ce que je veux, je ne le pratique pas, mais ce que je hais, voilà ce que je fais ». Plus loin, il ajoute : « Car je le sais : ce qui est bon n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair. Car je suis à même de vouloir mais non pas d’accomplir le bien. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas.» (Rm 7,15 et 18-19). En cela, Paul nous ressemble, ou bien nous lui ressemblons. Car aucun homme n’a jamais été en règle avec la loi de Dieu, et ne le sera jamais !
En effet, d’une façon ou d’une autre, dans un domaine de notre vie ou dans un autre, nous péchons tous contre Dieu. Car, si nous sommes droit dans un domaine et pécheur dans un autre, c’est toute la loi que nous bafouons. L’apôtre Jacques le dit clairement : « Car quiconque observe la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable envers tous » (Jc 2,10).
Aucun homme n’est donc jamais en règle avec la Loi. En effet, les bonnes œuvres que nous accomplissons ne « compenseront » jamais les œuvres mauvaises que nous faisons ou les œuvres bonnes que nous ne faisons pas.
Je voudrais souligner cette idée de « compensation ». C’est un poison spirituel inhérent à notre vieille nature dont nous conservons encore des lambeaux malgré notre nouvelle naissance en Christ. C’est un poison dont nous avons tant de mal à nous défaire et que nous avons tendance à entretenir inconsciemment.
Dans notre recherche effrénée de nous donner bonne conscience devant les hommes et devant Dieu, nous plaçons, sur le plateau de la « balance des mérites », le mal que nous ne faisons pas, et il nous arrive d’en être fier. C’est une façon sournoise de se comparer aux autres pour en tirer orgueil, de minimiser la grosseur de la poutre que nous avons dans l’œil pour grossir la paille que nous voyons dans l’œil des autres (Mt 7,3). Et nous oublions aussi de placer sur l’autre plateau de la balance, le bien que nous ne faisons pas.
Le bien que nous ne faisons pas : On a souvent tendance à l’oublier ! Dans le récit-parabole du jugement des nations, Jésus nous met en garde contre cet oubli si répandu qui nous donne bonne conscience. À ceux qui ont une bonne conscience de n’avoir pas pratiqué le mal, il dit : « Retirez-vous de moi, maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire. J’étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli ; nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité ». Alors ils répondront : « Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim ou soif, étranger ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas rendu service ? » Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le dis, dans la mesure vous n'avez pas fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l'avez pas fait. » (Mt 25,41-45).
Prenons conscience que le raisonnement qui consiste à se comparer aux autres pour se sentir en règle avec la loi de Dieu est une forme « d’arrangement », ou « marchandage » avec Dieu. C’est comme si nous lui disions explicitement : « Bénis-moi, Seigneur, pour les bonnes œuvres que je fais, mais ferme les yeux sur le mal que je fais ou sur le bien que je ne fais pas » !
Demandons pardon pour cette tentative « d’arrangement » avec notre conscience, arrangement qui s’apparente singulièrement au salut par les œuvres. Et n’oublions jamais que le seul acte qui fait de nous des hommes ou des femmes pardonnés, c’est Christ qui l’a accompli à la croix : « Car — chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force — Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair ; et cela pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit » ( Rm 8,3-4).

Dans la nouvelle Alliance, — c’est-à-dire depuis la mort et la résurrection de Jésus — l’homme vit sous le régime de la grâce, cette grâce qui a coûté la vie au Seigneur. L’homme a besoin de cette grâce chaque seconde de sa vie, car il n’est jamais en règle avec la loi.
Nous devons donc veiller à ne jamais être satisfait de ce que nous considérons parfois comme un « état de sainteté » lorsque nous avons été guéri du mensonge ou de la colère, du vol, de l’infidélité, du jugement, du non-pardon, etc… afin de ne pas tomber dans le découragement ou le désespoir lorsqu’il nous arrive de commettre un péché, le même ou un autre.
Pour éviter cette déprime, que l’ennemi de nos âmes voudrait entretenir en nous pour nous détourner de Dieu — « Mais regarde-toi, mon pauvre : tu vois bien que tu retombes toujours dans les mêmes travers ! Laisse tomber ce Dieu qui ne t’aide pas ! — il est primordial d’avoir conscience que nous ne serons jamais en règle avec la loi de Dieu. En effet, ce qui nous justifie, ce n’est pas notre bonne conduite dans tel ou tel domaine de notre vie, ou nos bonnes œuvres aussi grandes soient elles. Ce qui nous justifie, c’est ce que Jésus a accompli à la croix : « C’est par la grâce, en effet, que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres afin que personne ne se glorifie » (Eph 2,8-9). C’est le sacrifice de Jésus qui fait de nous des hommes et des femmes « justifiés », des êtres « pardonnés » qui ne sont plus condamnés par la loi : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus » (Rm 8,1).
Frères et sœurs, qui allons-nous écouter lorsque nous sommes confrontés à cette situation ? Celui que l’évangile de Jean présente comme « menteur et père du mensonge » (Jn 8,44) ? Ou celui qui a subi, à notre place, les conséquences de notre péché, Christ ?
Attention : Savoir que l’on est sous le régime de la grâce et du pardon n’est pas un encouragement à continuer à pécher. Savoir cela, c’est ne plus désespérer lorsque nous prenons conscience que nous sommes incapables d’observer toute la loi de Dieu : « Car je le sais : ce qui est bon n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair. Car je suis à même de vouloir, mais non pas d’accomplir le bien. je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas (Rm 7,18-19).
Se croire « en règle » vis-à-vis de Dieu ou de la loi, c’est penser inconsciemment qu’on « mérite » son salut.
Pour éradiquer et extirper de nos pensées et de nos comportements cette attitude « religieuse » contre laquelle Jésus nous met en garde, il y a deux choses essentielles à faire :
La première, c’est de cesser de se regarder le nombril et de passer au crible ses comportements ; en un mot, de cesser de pratiquer une introspection maladive. Car cela nous conduit presque inévitablement à nous comparer aux autres avec tout l’orgueil spirituel que cela peut engendrer. Mais aussi avec le désespoir ou le sentiment d’échec que cela peut faire naître. « Orgueil spirituel » et « sentiment d’échec » semblent être deux attitudes opposées. En réalité, elles se confondent : ce sont deux attitudes « religieuses ».
La seconde seconde chose à faire, c’est de ne jamais cesser de regarder à Christ et à la croix, en toutes circonstances.
En effet, la loi n’a pas été donnée aux hommes pour les sauver, mais pour leur faire prendre conscience de leur péché (Rm 3,20), et donc de la nécessité d’un Sauveur. Et ce Sauveur, c’est Christ.
Regarder à Christ et à la croix en toutes circonstances, c’est lui dire qu’Il est l’unique auteur de notre salut et de notre justification. C’est accepté d’être petit et faible, tout en sachant que nous ne craignons rien, car notre grand Dieu nous tient dans sa main (Jn 10,27-29) : « Mes brebis entendent ma voix, dit Jésus. Moi je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne les arrachera de ma main. Mon père qui me les a données est plus grand que tous ; et personne ne peut les arracher de la mais du Père ».
Alors, comme l’apôtre Paul qui prenait conscience de son état de pécheur en posant la question : « Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? », nous pourrons répondre, comme lui : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ, notre Seigneur ! »

12:05 Publié dans Prédications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : en règle

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