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06 novembre 2014

Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait

images.jpgÉtude tirée de Être ou ne pas être

de C.S. LEWIS

 

Remarque : de nombreuses phrases du texte ci-dessous sont de l’auteur lui-même.

 

Vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux (Mt 5. 45)

Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait (Mt 5. 48)

   Le christianisme affirme qu’en nous attachant à Christ, nous pouvons devenir fils de Dieu. Que veut dire exactement être fils de Dieu ?


   La paternité de Dieu est une idée fondamentale dans le christianisme. Même sans croire à Jésus, on peut dire que chaque être humain est déjà enfant de Dieu. En effet, Dieu nous a tous appelés à la vie, nous aime et nous protège. De ce fait, il est comme un père et nous sommes ses enfants.

   Mais quand la Bible dit que nous deviendrons fils de Dieu, cela signifie vraiment autre chose. Pour le comprendre, il faut bien faire la différence entre être créé et être engendré.

   Engendrer, c’est devenir père

   Créer, c’est fabriquer

   On engendre quelque chose de la même nature que soi : un homme engendre des enfants, un castor engendre des petits castors.

   Un homme fabrique un outil, un castor construit un barrage avec des branchages.

   Un homme habile peut faire une statue qui lui ressemble beaucoup. Mais ce ne sera pas un homme authentique. Ce sera une image. Elle n’aura ni souffle, ni pensée. Elle ne sera pas vivante.

   Voilà la première chose à comprendre. Dieu engendre Dieu ; l’homme engendre l’homme. Ce que Dieu créé n’est pas Dieu ; tout ce que l’homme fabrique n’est pas l’homme. C’est la raison pour laquelle les hommes ne sont pas Fils de Dieu dans le sens où Christ l’est. Ils peuvent ressembler à Dieu sous certains rapports, mais ils ne sont pas des objets de même nature. Ce sont plutôt des statues ou des images de Dieu.

   Une statue peut avoir la forme d’un homme, mais elle n’est pas vivante. De même, l’homme revêt la forme ou l’image de Dieu (Gn 1.26 : Dieu dit : Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance), mais il ne possède pas la même vie que Dieu.

   Avec l’homme, nous trouvons la ressemblance avec Dieu la plus parfaite que nous connaissions. Non seulement l’homme vit et aime, mais il raisonne : la vie biologique atteint en lui son niveau le plus élevé.

   Mais l’homme ne possède pas naturellement la vie spirituelle, cette vie supérieure et différente qui existe en Dieu. Nous employons le même mot « vie » pour les deux choses, mais prétendre que l’une et l’autre soient identiques reviendrait à croire que la « grandeur » de l’espace et la « grandeur » de Dieu sont du même ordre.

   La différence entre la vie biologique et la vie spirituelle est si importante qu’il faut leur donner deux noms distincts.

   La vie biologique qui nous vient de la nature, et qui, comme tout dans la nature tend vers l’épuisement et la mort, de sorte qu’elle ne peut être conservée que par des apports incessants de la nature, sous la forme d’air, d’eau, de nourriture, etc., s’appelle BIOS (Lc 8014 ; 1 Tm 2.2 ; 1 Jn 2.16).

   La vie spirituelle qui est en Dieu de toute éternité et qui a donné l’existence à tout l’univers, s’appelle ZOÉ ( Jn 6.35 ; Act 3.15 ; Rm 2.7 ; Eph 4.18 ; 2 Tm 1.10 ; 1  Jn 5.20).

   Bios présente quelque ressemblance lointaine et symbolique avec Zoé ; mais ce n’est que la ressemblance qui existe entre une photographie de paysage et le paysage lui-même, entre une statue d’homme et un homme. Quiconque passerait de la possession de Bios à celle de Zoé subirait un changement aussi grand qu’une statue passant de l’état de pierre sculptée à l’état d’homme vivant.

   Les hommes ne sont pas engendrés par Dieu. Ils sont simplement créés. À l’état naturel, nous ne sommes pas fils de Dieu, mais seulement, pour ainsi dire, des statues. Nous ne possédons pas la vie spirituelle Zoé, mais seulement la vie Bios, la vie biologique, qui va bientôt s'épuiser et mourir.

   Or, voici ce que nous offre Dieu : c’est de pouvoir, si nous le laissons agir, partager la vie de Christ. Si nous le laissons faire, nous partagerons une vie qui aura été engendrée, non créée, qui a toujours existé et qui existera toujours. Christ est le Fils de Dieu ; si nous partageons cette vie-là, nous serons aussi fils de Dieu. Nous aimerons le Père, comme Christ l’aime, et le Saint-Esprit naîtra en nous.

   Devenir chrétien, c’est ni plus ni moins recevoir la vie même de Dieu au travers de Christ (Jc 1.16-18 ; cf Jn 3.3-7). Gal 2.20 : Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi.

   Christ, le Fils de Dieu, est devenu homme afin que les hommes deviennent fils de Dieu.

   La vie naturelle et la vie spirituelle ne sont pas seulement différentes, elles s’opposent (Rm 8.5-8). La vie naturelle en chacun de nous est égocentrique ; elle demande à être choyée, admirée, à profiter de la vie des autres, à exploiter le monde entier. Elle entend particulièrement être laissée à elle-même, à se tenir à l’écart de ce qui est plus fort ou plus élevé qu'elle, de tout ce qui pourrait lui faire sentir sa petitesse. Elle a peur de la lumière et de l’air du monde spirituel. Et elle a raison, en un sens, car elle sait que si la vie spirituelle s’empare d’elle, tout son égocentrisme et son entêtement seront détruits, et elle est prête à lutter farouchement pour éviter ça.

   Lorsque enfant nous jouions au soldat de plomb ou à la poupée, nous avons imaginé que ce soldat ou cette poupée devienne des personnes vivantes. Eh bien, c’est ce que Dieu veut faire de nous. L’Être éternel qui sait tout, qui a créé l’univers entier, est devenu non seulement un homme, mais a commencé par être un petit enfant, après avoir été formé dans le corps d’une femme. Il en est résulté un homme qui est devenu ce que tous les hommes avaient été appelés à être : un homme en qui la vie créée (biologique), issue de sa mère, se laissait accorder, en toute plénitude et perfection, avec la vie engendrée. La créature humaine en lui fut pleinement recueillie dans le Fils divin. Ainsi, en un exemple unique, l’humanité était-elle parvenue à sa destination : elle était passée dans la vie du Christ.

   Et comme toute la difficulté pour nous est que notre vie naturelle doit être, en un sens, mise à mort, le Fils a choisi une carrière d’homme, entraînant la mort de ses désirs humains, la pauvreté, l’incompréhension des siens, la trahison de ses amis les plus intimes, les moqueries et le mauvais traitement de la police et la mise à mort par la torture. Puis, la créature humaine en lui ressuscita, parce qu’elle était unie au Fils de Dieu. La résurrection de Christ, ce n’est pas seulement la résurrection du Dieu qu’il était. C’est la résurrection de l’Homme. Voilà le fait essentiel. Pour la première fois, on vit un homme véritable, un homme comme Dieu voulait que tous les hommes soient lorsqu’il les a créés.

   En se revêtant du Seigneur Jésus-Christ (Rm 13.14), chaque croyant devient l’homme que Dieu l’a appelé à être depuis toujours. Il n’est plus seulement un être créé par Dieu ; il devient un fils de Dieu, car engendré par Dieu en Christ.

   Cet engendrement spirituel, cette nouvelle naissance spirituelle est indispensable, car voici ce que nous pensons généralement avant de devenir chrétien. Nous prenons comme point de départ notre MOI et ses désirs. Puis, nous admettons qu’ils sont soumis aux exigences de la morale. Être vertueux, c’est reconnaître ces exigences. Il nous faut alors renoncer à certains actes que le moi ordinaire voulait accomplir, et qui apparaissent comme mauvais. D’autres choses, au contraire, que le MOI ne voulait pas faire, apparaissent comme bonnes. Mais nous espérons toujours que lorsque toutes nos exigences auront été satisfaites, ce pauvre moi naturel aura encore une chance et qu’il lui restera du temps pour faire ce que bon lui semblera.

   Tant que nous raisonnons ainsi, il en résulte une des deux conséquences suivantes : ou bien nous abandonnons nos tentatives d’être vertueux, ou bien nous devenons très malheureux. Car si nous essayons vraiment de faire face à toutes les exigences adressées au moi naturel, il ne lui restera plus de quoi vivre. Au bout du compte, soit nous cesserons d’être vertueux, soit nous deviendrons ces gens qui vivent pour les autres,  mais qui sont mécontents, jouent les martyrs, regrettant que les autres ne se rendent pas suffisamment compte de leur dévouement.

Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait (Mt 5. 48)

   Contrairement à beaucoup de traductions, le grec ne dit pas : « Soyez parfaits comme… », mais « Vous serez parfaits comme… ».

   Nombreux sont les croyants qui comprennent : « À moins que vous soyez parfaits, je ne vous aiderai pas ». Comme nous avons conscience que nous ne serons jamais parfaits, cette affirmation de Jésus nous déconcerte.

   C.S. Lewis pense que Jésus a voulu dire : « La seule aide que je vous donnerai sera de devenir parfaits. Il se peut que vous ne m’en demandiez pas tant, mais je ne vous donnerai rien de moins. »

   On peut douter de la justesse de cette interprétation dans la phrase de Jésus si l’on n’a pas compris le plan de Dieu pour chaque homme : faire de lui un fils de Dieu par la nouvelle naissance spirituelle, faire de lui non seulement un être créé par Dieu, mais engendré par Dieu, comme Christ le fut de toute éternité.

   Douter que le croyant vivant de la vie de Christ ne soit pas transformé jusqu’à devenir parfait, c’est douter aussi que Christ soit parfait.

   Être « parfait », c’est devenir ce pour quoi Dieu nous a créé si nous laissons Christ agir en nous, si nous laissons la vie de Christ en nous conduire nos pensées et nos actes.

   Beaucoup de croyants demandent au Seigneur d’être guéris de défauts ou vice dont ils ont honte et qui leur pourrissent la vie. Le Seigneur va les guérir, mais il ne s’arrêtera pas là, parce qu’il veut les rendre parfaits, selon son plan.

   Une seule chose pourrait le faire s’arrêter en chemin : notre volonté de lui dire : « Non, je ne veux pas être parfait ! Je me contente de quelques améliorations ! Ça me suffit amplement ! »

   Si nous laissons le Seigneur agir, il veillera à ce que le travail soit accompli jusqu’au bout.

Comment ne pas se décourager devant la tâche immense que Dieu doit accomplir pour nous rendre parfait ?

   Voici la réponse de C.S. Lewis : Dieu qui veille à ce que son plan de perfection pour toi s’accomplisse, se réjouira aussi du premier, du tout petit effort hésitant que tu feras demain pour accomplir le devoir le plus banal. Comme l’a dit un grand écrivain chrétien, George Macdonals, un père est heureux du premier pas chancelant de son enfant, mais chaque père exigera une démarche ferme, dégagée et virile, de la part de son fils, quand il sera grand.

Conclusion pratique : D’une part, l’exigence de perfection posée par Dieu ne doit pas vous décourager le moins du monde dans vos premiers efforts de faire le bien, ou même dans vos échecs actuels. Chaque fois que vous tomberez, il vous relèvera. Il sait aussi parfaitement que vos propres efforts ne vous rapprocheront jamais de la perfection. D’autre part, vous devez comprendre  dès le commencement que le but vers lequel il vous conduit, c’est la perfection absolue ; et aucun pouvoir au monde, hormis vous-même, ne peut l’empêcher de vous mener jusque là. C’est à cela que vous êtes engagé et c’est très important de bien le comprendre. Sinon, à un certain moment nous nous mettons à tirer en arrière et à lui résister.

   Il me semble que beaucoup d’entre nous, après avoir, grâce au Christ, triomphé d’un ou deux défauts vraiment gênants, pensent, sans oser le formuler, qu’ils sont assez vertueux comme cela. Christ a fait tout ce que nous voulions qu’il fît, et nous lui serions très obligés qu’il veuille bien maintenant nous laisser tranquilles. Nous disons : « Je n’ai jamais voulu devenir un saint, mais seulement quelqu’un de convenable, comme les autres. » Et en disant cela, nous nous croyons très humbles.

   La question n’est pas de savoir ce que nous voulons être, mais ce qu’il a voulu que nous devenions lorsqu’il nous a créés. C’est lui l’inventeur, le peintre, et nous sommes la machine, le tableau.

   Si nous avions été conscients lorsque nous étions un fœtus dans le sein de notre mère, aurions-nous souhaité devenir un enfant ? Sans doute pas. Mais Dieu n’a jamais cessé d’avoir son plan pour nous, et il l’a exécuté entièrement.

   C’est ce qui se passe maintenant sur un plan plus élevé. Nous pouvons bien nous contenter d’être des gens ordinaires, mais il veut exécuter un plan tout à fait différent. Se soustraire à ce plan, ce n’est pas de l’humilité, c’est de la paresse et de la lâcheté. S’y soumettre, ce n’est pas de l’orgueil ou de la mégalomanie, c’est l’obéissance.

16:13 Publié dans Enseignement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : être parfait

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