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04 août 2014

Évangéliser

images.jpgÉvangéliser

Act 18.1-17


podcast

   À moins de 6 semaines du début du parcours Alpha que notre communauté a décidé d’entreprendre, je voudrais vous faire part de quelques réflexions sur l’évangélisation. Ces réflexions, que je partage totalement, ne sont pas les miennes, mais celles du pasteur Daniel Bergèse. Je les ai trouvées dans la revue Action Communication Évangélisation du printemps/été 2014.


L’auteur développe plusieurs idées qu’il pense être bien fondées dans la théologie Réformée, éliminant d’emblée l’angle de l’efficacité qui est assez courante lorsqu’on se lance dans l’évangélisation.

   Sur les 5 idées qu’il développe, j’en retiendrai 3 :

-          C’est la Parole de Dieu qui engendre la foi

-          L’Évangile n’est pas sans la loi

-          L’élection précède la conversion

C’est la Parole de Dieu qui engendre la foi

  Lorsqu’on lit le récit de la vie d’Abraham, à partir de Gn 12, on se rend compte que la foi de cet homme vient du fait que Dieu lui a adressé la parole. Il est important de comprendre que la foi dérive de la Parole. La foi est attachée à la Parole comme la nacelle sous le ballon qui la porte. Jésus évoque le travail de la Parole en la comparant à une semence qui donne la vie (Mc 4.26). Paul, dans la même optique exprime clairement ceci lorsqu’il écrit : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ. » (Rm 10.17). Cette Parole est ensuite portée par des hommes. Pour Paul, le travail de ces porteurs de Bonne Nouvelle dans le monde est une nécessité et une bénédiction pour le monde : « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui, sans prédicateur ? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? selon qu’il est écrit : qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles » (Rm 10.14-15).

   Comprenons bien ceci : il n’y a pas de « génération spontanée » dans la foi ! La foi ne peut naître que s’il y a semence d’une parole venue d’en haut. Précisons cela en disant qu’il n’y a pas de foi implicite qui sommeillerait en chaque homme et qu’il suffirait de réveiller par une thérapie appropriée. En d’autres termes, l’évangélisation n’est pas dialogue (même si, bien sûr, il peut y avoir évangélisation dans un dialogue. Ce n’est pas Corneille qui a évangélisé Pierre. C’est Pierre qui a évangélisé Corneille car il lui a fait connaître la Parole.

   Évangéliser, c’est nécessairement porter au monde une parole qu’il ne connaît pas et qu’il ne peut pas découvrir par lui-même.

   Évangéliser, c’est nécessairement enseigner ; c’est transmettre une connaissance. On se gardera donc de croire, par fausse modestie, que l’Évangile vient de partout et va partout, et que personne ne peut prétendre en être le dépositaire. Jésus affirme le contraire : « C’est vous qui êtes la lumière du monde ; c’est vous qui êtes le sel de la terre » dit-il dans le sermon sur la montagne (Mt 5.13 et 14).

   Si l’église ne porte pas au monde la Parole qui la fait vivre, personne ne le fera à sa place et elle sera au plein sens du terme une Église démissionnaire !

   Autre point important : Si c’est la Parole de Dieu qui engendre la foi, cela veut dire que ce n’est pas « l’expérience », même pneumatique. Il y a une certaine orientation dans l’évangélisation qui vise avant tout à produire une expérience sensible chez la personne à qui on annonce l’Évangile. Il s’agit là d’un détournement d’objectif, car le Saint-Esprit ne crée pas nécessairement une expérience sensible pour nous amener à la foi. Le Saint-Esprit accompagne la Parole, nous convainc de sa vérité, et par ce moyen nous fait naître à la foi. C’est tout.

   Une certaine « expérience » découlant de cet événement peut s’en suivre légitimement, mais celle-ci est seconde et non obligatoire. J.I. Parker dit, fort justement, qu’une bonne part de ce que Dieu fait en nous n’est pas expérimenté directement. Ainsi notre évangélisation ne visera pas à déclencher une expérience mais tout simplement à produire la foi par le seul pouvoir de la Parole.

Venons-en à la deuxième idées : l’Évangile n’est pas sans la Loi.

   Le Dieu qui se révèle à nous dans la Bible est à la fois Créateur et Sauveur, Législateur et Conducteur, Juge et Avocat.

   Évangéliser, ce n’est pas faire un choix dans ces images, mais au contraire tâcher de transmettre toutes ces images pour une juste vision de la réalité.

   Ainsi, entre Loi et Évangile, nous n’avons pas à choisir. L’une est aussi vraie que l’autre. Et même si la centralité de la grâce est une évidence à ne pas oublier (surtout dans la parole d’évangélisation) il ne s’ensuit pas que nous devons occulter les exigences de la Loi de Dieu. Sans entrer dans le détail de ses diverses fonctions, nous devons nous rappeler que le Christ lui-même a affirmé la pérennité de la Loi dans le Sermon sur la montagne : « En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Mt 5.18).

   En conséquence, nous devons nous garder de la tentation qui consiste à n’annoncer qu’un évangile de la grâce molle, débarassé de tout ce qui pourrait gêner les auditeurs, et adapté aux attentes d’une société de consommation. On peut, en effet, préparer une parole qui soit facilement consommable et dont les chances de succès seront importantes. René Padilla fait remarquer que l’évangélisation « qui marche » aux États-Unis d’Amérique, c’est l’annonce d’un christianisme passé au filtre de la culture où le message se réduit à un minimum afin que tous les hommes désirent devenir chrétiens. Il écrit : « L’Évangile devient alors une sorte de marchandise dont l’acquisition garantit aux consommateurs les plus hautes valeurs : le succès dans la vie et le bonheur personnel maintenant et pour toujours. Le fait d’accepter Christ est le moyen d’atteindre cet idéal gratuitement ».

   Le problème d’un tel système, c’est qu’il n’apporte finalement aucun salut puisqu’il ne permet plus de démasquer le véritable adversaire.

   Dans un autre registre, si l’on dit que « Jésus-Christ libère et unit » (thème d’une récente assemblée du Conseil Œcuménique des Église), il nous faut en même temps préciser de quoi il nous libère et comment il nous unit. Sans quoi toutes les interprétations sont possibles et sous couvert d’Évangile, on se prosternera à nouveau devant de vieux démons.

Venons-en à la 3e idée à propos de laquelle je voudrais particulièrement insister :

L’élection précède la conversion.

   Le thème de l’élection est récurant dans toute l’Écriture. Rappelons seulement ces quelques paroles du début de la lettre aux Éphésiens, par lesquelles l’apôtre rappelle quel est le privilège du croyant : « Béni soit le Dieu et père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adopté, selon le dessein bienveillant de sa volonté. »

   En situation d’évangélisation, cette même réalité va être signifiée par Paul alors qu’il venait d’essuyer un rejet de la part des Juifs de Corinthe : « Le Seigneur dit à Paul en vision pendant la nuit : Sois sans crainte, mais parle et ne te tais pas, car moi, je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal : parce que j’ai un peuple nombreux dans cette ville ».

   Cette parole adressée à Paul doit nous servir de puissant encouragement pour ce que notre communauté s’apprête à faire en organisant les parcours Alpha, et particulièrement dans cette tâche que nous avons tous d’inviter des hommes et des femmes à participer à ce parcours.

   Qu’est-ce que Dieu dit à Paul dans cette phrase ? Il lui dit qu’il a déjà son peuple dans la ville de Corinthe, avant même que ce peuple soit touché par l’Évangile.

   On peut dire d’une certaine manière que Dieu a déjà préparé le terrain sur lequel la semence va être jetée, de telle sorte que la bonne terre est là, prête à accueillir la semence de vie.

   Ne doutons pas que ce qui était valable pour Corinthe l’est aussi pour notre petite ville. Nous sommes les porteurs d’Évangile, et lorsque nous inviterons les hommes et les femmes des villes ou des villages où nous demeurons,  nous allons entrer dans le grand plan mystérieux de Dieu. Et c’est Dieu qui travaillera avec chacun d’entre nous. Pour parodier Paul, nous pouvons dire que les uns vont planter, les autres vont arroser, mais c’est Dieu qui fera croître (Cf 1 Co 3.6).

   Je crois qu’à Thiers comme à Corinthe, Dieu s’est choisi un peuple qu’il va sauver en Jésus-Christ. L’évangélisation constitue alors ce bain révélateur nécessaire pour que l’élection s’incarne dans notre réalité historique.

   En conséquence, cela doit nous encourager et nous stimuler parce que nous savons qu’il y a, dans notre ville et nos villages un peuple (des hommes, des femmes, des enfants) que Dieu a préparés pour qu’ils accueillent la parole de la grâce en Jésus-Christ et qui, elle, portera du fruit. Ils sont, pour ainsi dire, en attente de cette Parole, même si cela ne se révèle en rien dans leur comportement actuel. À nous de ne pas trop les faire attendre.

   L’élection dont nous avons parlé doit nous préserver de nous croire co-rédempteurs lorsque notre évangélisation porte des fruits. L’émerveillement de celui qui voit sa parole accueillie et agir dans la vie d’un individu ne doit pas se transformer en œuvre méritoire. Lorsqu’un pécheur se tourne vers Dieu, la joie est toujours d’abord dans le ciel, là où se trouve le vrai Sauveur. Et nous participons à cette joie céleste comme spectateur de la grâce.

   Si notre évangélisation se doit d’être plus qu’une simple information, si elle est bien un effort pour manier la communication de manière à ce qu’elle soit persuasive, nous sommes gardés, en nous souvenant de l’élection, de toute tentative de manipulation de la personne. En effet, si la Parole n’est pas reçue, ce n’est pas nécessairement parce que notre communication aurait manqué de force et de persuasion. Le rejet de la Parole du Seigneur est une possibilité que Dieu a acceptée : « Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de la Pâque, plusieurs crurent en son nom, à la vue des miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu'il les connaissait tous, et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rende témoignage de quelqu’un ; il savait de lui-même ce qui était dans l’homme. » (Jn 2.23-24).

   L’art oratoire et toutes les techniques que l’on peut mettre en parallèle pour soutenir le discours ne doivent pas avoir pour but de fléchir celui qui résiste (c'est-à-dire de le convertir), mais de le mettre clairement en présence de la Parole de Dieu. Il s’agit, non pas de convertir l’autre, mais de le mettre en situation d’être converti par Dieu.

   Frères et sœurs, nous tous qui sommes ici, nous avons été choisis par Dieu pour appartenir à Christ. Mais nous ne le savions pas avant de rencontrer le Christ.

   Beaucoup d’hommes et de femmes de cette ville sont dans cette même ignorance. Mais Dieu veut se servir de chacun d’entre nous pour leur révéler qu’eux aussi sont enfants de Dieu, et qu’ils n’ont pas grand-chose à faire pour découvrir ce mystère de l’amour de Dieu et cette grâce qui donne un sens à notre vie maintenant.

 

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