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03 décembre 2011

Le péché contre le Saint-Esprit

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Dites que l'arbre est bon et que son fruit est bon,

ou dites que l'arbre est mauvais et que son fruit est mauvais,

car on reconnaît l'arbre à son fruit (Mt 12.33)


Le péché contre le Saint-Esprit

 

   Prenez d'abord le temps de lire Matthieu 12.22-37

 

   Je vais plus particulièrement examiner avec vous les v 33-37 qui constituent l’enseignement de Jésus concernant le péché contre le Saint-Esprit. Mais il est important de lire à partir du v 22 pour replacer les paroles de Jésus dans leur contexte. En effet, s’il réagit en prononçant des paroles aussi solennelles et graves (quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir), c’est parce des Pharisiens en apprenant que Jésus a délivré un démoniaque aveugle et sourd-muet, mettent cette guérison, non pas sur le compte de la puissance de Dieu, mais sur le compte de la puissance de Satan. En fait, ces Pharisiens accusent Jésus de faire l’œuvre de Satan !

Comment des chefs religieux en sont-ils arrivés à une telle dérive ?

   De nos jours, beaucoup de chrétiens, qu’ils soient paroissiens ou responsables d’église, ne croient pas à l’existence des démons, malgré tous les récits du NT où l’on voit Jésus ou les apôtres chasser des démons. Ce n’était pas le cas des Pharisiens. Ils croyaient à l’existence des démons ; ils croyaient que les hommes pouvaient être habités par des démons. Et ils croyaient qu’une personne peut être délivrée de démons. La preuve, c’est qu’il y avait à cette époque des exorcistes juifs qui chassaient les démons (cf v 27 et Actes 19.13), sans que les Pharisiens s’opposent à eux.

  Lorsque les Pharisiens de notre texte ont appris qu’un démoniaque avait été délivré par Jésus (v 22), que cet homme avait retrouvé la vue et l’usage de la parole, ils auraient dû avoir la même réaction que la foule qui avait assisté à cette délivrance : être étonnés, émerveillés.  En effet, le bon sens élémentaire ne peut  voir qu’un bon fruit dans cet acte de délivrance d’un homme. C’est pour essayer de leur montrer la gravité de leur hostilité partisane à son égard que Jésus leur dit : Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même, comment donc son royaume subsistera-t-il ? (v 26). Si je parle d’hostilité partisane, c’est que ces pharisiens savent, au fond d’eux-mêmes, que cette délivrance opérée par Jésus vient de Dieu. En effet, ils n’ignorent pas que Satan ne libère jamais les hommes, mais au contraire, oeuvre pour les rendre prisonniers. La preuve, c’est qu’ils savaient et admettaient que des coreligionnaires Juifs chassent eux aussi les démons. Jésus les place devant leur contradictions : Et si moi, je chasse les démons par Béelzébul, vos fils par qui les chassent-ils ? (v. 27).

   Pour essayer de les faire sortir de leur opposition systématique, Jésus va faire appel à leur connaissance du Pentateuque où un récit rapporte qu’à l’occasion de la 3e plaie d’Egypte, les magiciens du Pharaon, incapables de reproduire cette plaie (comme ils l’avaient fait pour les 2 premières), avaient mis en garde le Pharaon contre un endurcissement qui allait se révéler dramatique pour lui et son pays, en lui disant : C’est le doigt de Dieu ! (Ex 8.15). Jésus leur dit : Mais si c’est par l’Esprit de Dieu (= par le doigt de Dieu) que moi, je chasse les démons, le Royaume de Dieu est donc parvenu jusqu’à vous (v 28). C’est comme si Jésus leur disait : Ne soyez pas aussi stupides que Pharaon qui, malgré les avertissements de ses magiciens, a voulu nier que c’est Dieu qui opérait les signes par Moïse.

   Jésus veut placer ces pharisiens devant l’incohérence de leurs paroles et de leur façon de penser pour qu’ils sortent de la spirale infernale de l’opposition à sa personne, cette opposition forcenée qui les entraîne, à la vue d’une œuvre merveilleuse de libération d’un homme, à dire que Jésus opère par la puissance de Satan. On est là au comble de l’ignominie ! Et on mesure la puissance d’aveuglement qui peut tous nous atteindre, quand, pour une raison ou pour une autre, on s’oppose à Dieu.

   Ils auraient dû être les plus aptes à discerner et à proclamer qu’un acte est bon ou mauvais, puisqu’ils connaissaient la Torah et étaient les guides spirituels du peuple. Alors, pourquoi accusent-ils Jésus de collusion avec Satan ?

  Jésus nous donne la réponse au v 34 : C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. Que veut dire cette phrase ?

   Pour bien comprendre, je me sers de l’image que Matthew Henry a employée : Le cœur est la source, les paroles sont les ruisseaux.

   On comprend aisément que si l’eau de la source est pure, l’eau du ruisseau le sera aussi. Mais si l’eau de la source est boueuse, l’eau du ruisseau le sera aussi. Aussi longtemps que la source sera trouble, l’eau du ruisseau le sera aussi.

   Pour nous faire comprendre cette règle qui n’a pas d’exception, Jésus se sert de deux images : L’image de l’arbre et de son fruit, et l’image du trésor que l’on porte en soi.

L’image de l’arbre et de son fruit nous permet de démasquer les apparences, les faux semblants chez les autres, mais aussi en nous. Jésus dit : On reconnaît l’arbre à son fruit. Cela veut dire que pour juger de l’état bon ou mauvais d’un arbre, on doit regarder la qualité de son fruit.

   Nous avons tous fait l’expérience d’arbres fruitiers d’apparence splendide, beau feuillage, belle ramure, et qui pourtant ne donnent pas de fruits ou des fruits rabougris, véreux ou pourris. Aussi beaux soient-ils d’apparence, ces arbres sont de mauvais arbres, car leurs fruits sont mauvais ou inexistants.

   Les Pharisiens de notre texte avaient sans doute une belle apparence religieuse. Et beaucoup d’hommes pouvaient s’y laisser prendre et être séduits par leurs paroles et leurs attitudes pieuses. Mais la réflexion qu’ils font en apprenant la délivrance du démoniaque aveugle et muet (v 24) trahit l’état de leur cœur : En connaissance de cause, ils disent le contraire de ce qu’ils savent être la vérité.  Leur fruit est mauvais. Jésus les démasque : Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, mauvais comme vous l’êtes ? (v 34).

  Ils sont mauvais dans le sens que leur cœur est devenu orgueilleux parce qu’ils ont une haute opinion d’eux-mêmes et de leur rôle de responsables religieux. Ils ne supportent pas que Jésus vienne ébranler leur autorité et attirent les foules à lui en opérant des guérisons et en chassant des démons. Cet orgueil les entraîne dans l’opposition à la personne, à la parole et à l’œuvre de Jésus, ce qui les rend capables de dire que Jésus a opéré cette délivrance par la puissance du prince des démons, alors qu’ils savent parfaitement que ce n’est pas vrai. C’est cela le blasphème contre le Saint-Esprit.

   Mais ils font pire, si je puis dire, puisqu’ils essaient d’entraîner les témoins de la délivrance, qui ont loué Dieu, à adopter leur point de vue, c’est-à-dire à blasphémer comme eux. Remarquons, en effet, qu’ils ne s’adressent pas directement à Jésus, mais clament à qui veut l’entendre : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, prince des démons (v 24). Dans plusieurs autres passages, on voit leur opposition à Jésus se manifester dans leurs tentatives de le piéger, de le mettre à l’épreuve (Mt 22.15 ; 35), de nier l’évidence, dans l’épisode de la guérison d’un aveugle-né (Jn 9.32), ou de comploter pour le faire mourir (Mt 12.14 ; 26.4 ; Mc 3.6).

L’autre image employée par Jésus est celle du trésor que l’on porte en soi. Ce trésor, c’est notre être profond, notre cœur profond. Notre cœur profond s’exprime à travers des mots et inversement, les mots, les paroles que nous prononçons reflètent fidèlement l’état de notre cœur profond. C’est ce trésor, ce cœur profond qui dirige concrètement toute notre vie, en bien ou en mal. Jésus le dit clairement : L’homme bon tire du bien de son bon trésor, et l’homme mauvais tire du mal de son mauvais trésor (v 35). Un commentateur, Pierre Bonnard, écrit : Le blasphème des pharisiens et leur parole contre Jésus ne sont pas accidentels ; ils correspondent à ce que les adversaires de Jésus sont dans leur cœur. Races de vipères, leur dit Jésus, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, mauvais comme vous l’êtes, c’est-à-dire avec un cœur qui s’oppose, en toute connaissance de cause, aux œuvres que Dieu fait à travers moi. L’esprit d’opposition à Jésus engendre automatiquement un aveuglement profond qui place l’homme dans une position peu enviable : Au jour du jugement, dit Jésus, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée (v 36).

 Une parole vaine n’est pas une plaisanterie ou une parole sans importance, mais un mauvais fruit, c’est-à-dire une parole  qui s’oppose sciemment à la personne et à l’œuvre du Christ. Jésus nous montre de nouveau, au dernier verset, la gravité de cette attitude : Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné (v 37).

A quoi nous ce texte nous invite-t-il ?

   A prendre conscience de la puissance d’aveuglement que constitue l’opposition à Christ, à sa parole et à son œuvre. Je suis frappé de voir que des croyants nient la résurrection de Christ, alors que c’est un point central de la foi. Paul a clairement dit les choses : Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes (1 Co 15.17-19). Je suis frappé lorsque j’entends des chrétiens nier l’existence de Satan et parler de lui comme d’un concept, alors que la victoire du Christ sur la mort est aussi le signe de la victoire de Christ sur le prince de ce monde. Nier cela revient à dire que la mort de Christ et sa résurrection n’ont servi à rien, contrairement à la vision de Jean dans Ap 20.10 : Satan est jeté dans l’étang de feu et de soufre d’où il ne pourra jamais plus nuire aux hommes.

   Ce texte nous invite aussi à prendre conscience que nos paroles (mais aussi nos actes) révèlent toujours ce qu’il y a dans notre cœur profond. Et donc, à faire un diagnostic de l’état de notre être profond en « analysant » nos paroles et nos actes. Il ne s’agit pas de faire de l’introspection maladive. Il s’agit de ne pas nous opposer au Saint-Esprit lorsque ce dernier nous montre que nos paroles et nos actes contredisent ce que nous dit l’Évangile. C’est seulement après cette prise de conscience que nous pouvons dire au Seigneur : Toi seul peut purifier la source de mon cœur ; toi seul peut me donner le bon trésor pour faire ta volonté ; toi seul peut me faire porter de bons fruitsSeigneur, j’ai besoin de ton aide, j’ai besoin de ta grâce.

Ne doutez jamais que le Seigneur exauce toujours cette prière.

   Je veux aborder un dernier point pour rassurer ceux qui pensent qu’ils ont pu blasphémer contre le Saint-Esprit et se trouver ainsi sous le jugement terrible exprimé par Jésus : ne pas être pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir (v 32).

   Il faut d’abord comprendre que cette parole de Jésus n’est pas donnée pour nous condamner, mais pour nous prévenir des dangers qu’il y a s’opposer, en toute lucidité, à l’œuvre de salut de Christ. Jésus est mort sur la croix non pour condamner les hommes, mais pour les SAUVER.

  Le corolaire de cela, c’est que celui a peur d’avoir péché contre le Saint-Esprit, par ignorance ou dans une période de sa vie où il a blasphémé contre Dieu, peut avoir la certitude que sa peur même d’avoir commis ce péché est la preuve qu’il ne veut pas s’opposer pas à Dieu, ou qu’il s’en est repenti. Il n’est donc pas sous le coup de ce jugement. En effet, ce qui ne pourra jamais être pardonné, c’est l’attitude de ceux, croyants ou non, qui persistent à s’opposer sciemment à l’œuvre du Christ, parce que cette attitude les met hors d’état de se repentir et donc de recevoir le pardon. Dieu nous laisse libre d’accueillir Christ et son œuvre, ou de les rejeter. Mais son cœur de Père nous dit : Choisis la vie ! (Dt 30.19).


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