11 février 2010
Comment prier ?
Prière devant le Mur des Lamentations à Jérusalem
Comment prier ?
Quelqu'un a dit : La prière, c'est la respiration du chrétien. Cette maxime montre exactement l'importance de la prière dans la vie d'un croyant. De même que sans respirer un homme ne peut pas vivre (plus de 4 ou 5 minutes, pour les meilleurs apnéistes), sans prier, la foi d'un croyant est en danger de mort. Mais comment prier ?
Cet article n'a pas pour but de tout dire sur la prière. D'une part, j'en serais incapable, et d'autre part, de nombreux livres existent sur ce sujet qu'il vaut la peine de se procurer si le sujet vous intéresse.
Je me bornerai à examiner un enseignement important de Jésus sur la prière : Mt 6.5-8. Paradoxalement, alors que de nombreux passages du Nouveau Testament nous montrent Jésus en train de prier (Mt 14.23 ; Lc 5.16 ; 6.12 ; 11.1 ; Jn 17.9...), ceux où Jésus enseigne comment prier sont peu nombreux (Mt 6.5-13 ; 23.14 ; Mc 11.25 ; Lc 11.1-13). Lisons d'abord le texte :
5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour se montrer aux hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 6 Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. 7 En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. 8 Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
Vient ensuite un "modèle" de prière, que Jésus enseigne à ses disciples, connue sous le nom de "Notre Père". Ce texte sera l'objet d'un prochain article.
Pour bien comprendre l'enseignement de Jésus, il est nécessaire d'inclure le verset 1 du chapitre 6 qui est une instruction qui concerne les devoirs religieux des Juifs, résumés ici dans l'aumône, la prière et le jeûne. Que dit ce verset ? : Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus, autrement vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.
Que veut dire l'expression "pratiquer votre justice" ? C'est accomplir ses devoirs religieux dans des gestes concrets évoqués au paragraphe précédent. Jésus veut-il dire qu'il ne faut en aucun cas faire ses devoirs religieux en public ? Ou bien qu'il ne faut pas les faire pour être vu des hommes ? Il semble que ce soit cette dernière attitude que Jésus dénonce, car on retrouve cette mise en garde dans les 3 actes dont il parle (v 2,5 et 16). Dans ces 3 versets, ceux qui accomplissent ces actes religieux pour être bien vus des hommes sont qualifiés d'hypocrites.
Il est important de comprendre pourquoi Jésus condamne le fait de faire quelque chose pour être vu des hommes. Je cite ici Pierre Bonnard dans son ouvrage L'Evangile selon Saint Matthieu (Labor et Fides, p. 78)) : L'expression "devant les hommes" est capitale. Dans les écrits bibliques, l'homme est caractérisé non par ses qualités intrinsèques, mais par sa situation devant Dieu, c'est-à-dire devant le jugement de Dieu. S'il oublie qu'il vit et comparaîtra devant Dieu, il risque d'attribuer une importance fatale au jugement des hommes, de se faire une existence tirée de l'appréciation mensongère des hommes. La seconde partie du verset n'affirme pas, en principe, que la piété doit être désintéressée, mais que celui qui recherche l'approbation des hommes se prive, ipso facto, de celle de Dieu.
Revenons au v 5 de notre texte. Ces hypocrites dont parle Jésus, qui prient debout dans les synagogues et au coin des rues, font-ils semblant d'être pieux sans l'être vraiment ? Ou bien sont-ils des hypocrites sincères qui se sont pris au jeu de leur piété et n'ont plus conscience de leur vanité religieuse ?
Prenons conscience que cette dernière attitude peut être celle de n'importe quel croyant sincère à un moment donné de sa vie. Si ce texte nous est donné, c'est justement pour que nous puissions y remédier, car, nous dit l'épitre aux Hébreux : La parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu'aucune épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles ; elle est juge des sentiments et des pensées du coeur (He 4.12).
Dans ce verset 5, Jésus nous montre, de façon ironique, le gain que nous pouvons tirer d'une telle attitude : l'admiration des hommes ! C'est vraiment très peu ! Et pourtant, notre vanité y trouve parfois son compte, au moins passagèrement. Mais tôt ou tard, la petite voix de l'Esprit Saint nous montre que ce "gain" est en réalité une perte dramatique, la distanciation de la communion avec Dieu. C'est alors le moment de reconnaître notre vanité, de nous repentir et de demander à Dieu de nous guérir de cette attitude sournoise pouvant atteindre n'importe quel croyant sincère.
Au verset 6, Jésus nous apprend quelle attitude nous devons avoir lorsque nous prions. Il ne nous recommande pas, obligatoirement, de prier seul dans une pièce de notre maison. En effet, un autre des ses enseignements nous montre qu'il accorde de la valeur à la prière communautaire : En vérité, je vous dis encore que si deux d'entre vous s'accordent pour demander quoi que ce soit, cela leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux (Mt 18.19-20). Alors, que signifie "entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret". Jésus oppose ici l'attitude qu'il a dénoncée au v 5 : prier pour se montrer aux hommes. L'image de la chambre à la porte close veut simplement dire que le croyant qui prie doit rechercher uniquement la présence de Dieu, le dialogue avec Dieu. Cette présence et ce dialogue peuvent évidemment se vivre dans une synagogue, une église, au coin d'une rue, ou au milieu d'une foule, pourvu que celui qui prie ne recherche pas l'admiration de ceux qui l'entourent.
Cette recherche de la présence de Dieu, c'est ce que Jésus appelle, à la fin du v 6 le "secret". Dieu connaît ce qui se passe dans notre coeur et il bénit cette volonté de coeur à coeur avec lui. Cette bénédiction divine contraste avec l'admiration des hommes recherchée par les hypocrites (v 5).
Le v 7 porte maintenant l'accent sur le caractère inapproprié d'une prière qui multiplie les paroles ? Le texte grec parle "d'excès" de paroles et non pas de "vaines" paroles, comme traduisent de nombreuses versions. Cela veut-il dire que Jésus n'accorde aucune valeur à une prière renouvelée plusieurs fois ? Certainement pas. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la parabole du juge inique (Lc 18.1-8), et particulièrement les 2 derniers versets qui concluent : Et Dieu ne ferait-il point justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tarderait-il à leur égard ? Je vous le dis, il leur fera promptement justice.
Alors, que veut dire Jésus au v 7 ? Il met en garde les croyants qui pensent qu'à force de répéter les mêmes prières ils peuvent forcer la main de Dieu. C'est une attitude parfaitement humaine, inscrite en nous dès notre enfance, que les enfants savent utiliser envers leurs parents lorsqu'ils veulent obtenir quelque chose d'eux.
Au v 8, Jésus nous dit que notre Père sait de quoi nous avons besoin avant que nous le lui demandions. Cette situation paradoxale ne doit pas nous décourager à demander et à re-demander la même chose à Dieu, mais nous encourage à prier avec une humble et totale confiance, sachant qu'il sait déjà que nous en avons besoin. Ce sont cette confiance du croyant et cette certitude que Dieu connaît la situation qui nous prévient de faire de notre prière une "pression" sur Dieu. Dieu ne cède pas à la pression. Dieu exauce ou n'exauce pas, selon sa volonté qui est parfaite et juste, même si nous ne la comprenons pas toujours.
Que le Seigneur vous bénisse !
20:33 Publié dans Vie chrétienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prière