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03 février 2013

Mon peuple, que t'ai-je fait ?

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Matthias HELMLINGER

Mon peuple, que t'ai-je fait ?
podcast

Michée 6.1-8

Michée doit transmettre au peuple d’Israël une parole de contestation. Dieu entre en contestation avec ce que le peuple pense de Lui. Nous avons à lutter parfois contre nous-mêmes, quand Dieu s’approche de nous. Nous avons à lutter non pas contre nous-mêmes, mais contre nos forteresses de pensée, contre nos fausses certitudes concernant Dieu. Voire même contre les fausses certitudes nous concernant. Car tout cela est lié : Dieu, l’être humain, comme Calvin le dit explicitement au début de l’institution chrétienne.

 Les fausses certitudes du peuple d’Israël, c’est que c’est fatigant de marcher avec Dieu, ou que c’est même impossible.


D’où cette question de Dieu tellement touchante : « mon peuple que t’ai-je fait ? » verset 3. On sent l’amour de Dieu derrière cette question : « mon peuple ». Tu es à moi. Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu me rejettes ? Dieu poursuit sa question : « en quoi t’ai-je fatigué ? Réponds-moi ! » Nous cherchons souvent le dialogue avec Dieu mais entendez-vous ici cette question de Dieu qui cherche désespérément le dialogue avec nous ? « Réponds-moi ! » « Qu’est-ce que je t’ai fait ? » « Mon peuple ! »

Qui veut répondre à Dieu ? Qui se laissera toucher par son amour qui veut entrer en partenariat avec nous ?

« Mon Peuple », dit Dieu. Israël lui appartient, Il en est le Créateur et le Père. C’est ce qu’il va lui rappeler en utilisant les histoires que tout le monde connaît : sortie d’Egypte, Moïse, Aharon, Myriam, Balaam. Ces histoires font partie du catéchisme élémentaire des Israélites, du Credo que tout le monde connaît par cœur. C’est comme si Dieu nous envoyait aujourd’hui un prophète qui nous dise : Jésus a souffert, il a été crucifié, il a été enterré, il est ressuscité des morts le troisième jour, il est monté au ciel. Que répondrions-nous à ce prophète ? Mais c’est le Credo ! Nous savons déjà tout cela. Nous le savons !?! Israël aussi connaît les histoires de Moïse, Aharon, Myriam et Balaam. Il n’y a là rien de nouveau. Israël connaît ces histoires, mais il n’y puisait plus la « connaissance des justices du Seigneur » (c’est la traduction littérale de la fin du verset 5). Reconnaître dans ces faits la justice du Seigneur, cela nous éviterait de penser de travers quand nous pensons à Dieu. Cela nous éviterait toute une fausse attitude religieuse, comme nous allons le voir. Dieu a fait monter son peuple du pays d’Egypte. Il a envoyé Moïse, Aharon et Myriam comme guides. Moïse chef politique, Aharon prêtre, Myriam prophétesse. La sortie d’Egypte est un miracle de délivrance, de création. Le Peuple d’Israël est ainsi devenu fils de Dieu. Même Balaam n’a pas pu le maudire. Les malédictions de Balaam, qui était un des plus grands sorciers que la terre ait connus, n’ont pas pu atteindre Israël. Les malédictions se transformaient en bénédiction. Qu’est-ce que Dieu pouvait faire de plus pour Israël ? Au lieu de méditer ces événements tellement connus, Israël était plongé dans une fausse conception de Dieu. Il s’était persuadé que c’est fatigant de marcher avec Dieu. Alors que c’est exactement le contraire qui est vrai : c’est exaltant de marcher avec Dieu, c’est même le seul choix qui ne déçoit jamais. Et nous, si un prophète venait nous rappeler le Credo, « Jésus est mort et ressuscité » sommes-nous encore capables d’y reconnaître les justices du Seigneur. Est-ce que nous puisons dans notre Credo la force de nous convaincre nous-mêmes face à os faux raisonnements ? Est-ce que ce que nous affirmons dans le Credo réveille en nous la conscience des justices du Seigneur, combien il nous a fait du bien en ressuscitant Jésus d’entre les morts ? Le résultat est que nous sommes maintenant ses fils et qu’aucune malédiction ne pourra atteindre.

 Michée rapporte donc au peuple, la contestation du Seigneur. Le Seigneur conteste ce que les Israélites sont en train de penser de Lui. Dieu conteste ce que nous pensons de Lui, quand nous pensons que c’est nous qui faisons le plus d’efforts pour marcher avec Lui. Nous ne supportons pas Dieu, alors que c’est Lui qui nous supporte sans arrêt. Les Israélites semblent avoir compris que la contestation de Dieu est sérieuse, et ils sombrent dans la culpabilité. Ils se rendent compte qu’ils n’avaient aucune raison sérieuse d’abandonner Dieu. Ils se demandent comment ils pourraient réparer leur culpabilité : « quelle offrande devons-nous apporter lorsque nous venons adorer le Seigneur, le Dieu très-haut? Faut-il lui offrir des veaux d'un an en sacrifices complets? Le Seigneur désire-t-il des béliers innombrables, des flots intarissables d'huile? Devons-nous lui donner nos enfants premiers-nés pour qu'il pardonne nos révoltes et nos infidélités? » Michée 6/6-7. Les religions sont les spécialistes de la culpabilité. Pour calmer sa culpabilité envers son Dieu si haut, si élevé, Israël se demande s’il ne va pas apporter au temple tous les béliers du pays ou même du Moyen-Orient, tous les meilleurs veaux, des hectolitres d’huile d’olive, bref tous les meilleurs sacrifices, et en grande quantité. Dans les religions voisines d’Israël il y avait aussi des sacrifices d’enfants : on sacrifiait le fils aîné pour obtenir la grâce des dieux. Ce sentiment de devoir calmer la colère des dieux par des sacrifices est universel. Mais Dieu, le Dieu élevé très haut ne demande pas de sacrifice à la hauteur de ce qu’Il est, il demande tout simplement : « on t’a fait connaître ô homme ce qui est bien et ce que le Seigneur demande de toi : rien d’autre que de faire le droit et l’amour de la grâce et de marcher modestement avec ton Dieu » verset 8. On est surpris que Dieu ne parle pas du péché, puisque c’était justement la question d’Israël : comment il peut se faire absoudre de son péché. Dieu ne dit même pas qu’il pardonne. Cette culpabilité maladive de l’être humain, il n’en a que faire. La Bible ne parle pas tout le temps du péché. L’évangile de Jean s’ouvre par cette déclaration de Jean-Baptiste concernant Jésus Jean 1/29 : « voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Mais quand on lit la suite de l’évangile, Jésus n’est pas sans cesse en train de rappeler qu’il ôte le péché du monde. Il agit, il vit, il parle en accompagnant son Père dans toutes les situations de détresse qu’il rencontre. Il marche modestement avec son Père. Et dans sa prière finale Jean 17, quand Jésus prie pour ceux qui ont reçu et recevront à l’avenir ses paroles, il ne parle pas du péché. Il demande à son Père que nous marchions comme Lui a marché.

C’est bien de croire que Jésus est mort pour nos péchés à la croix. C’est fondamental, mais il y a aussi la marche avec Dieu tous les jours de notre vie, c’est là ce qui est passionnant à vivre, et non pas fatigant. Ce qui est à vivre passionnément, cette marche quotidienne avec Dieu, cela se fait modestement. De nos jours, quand des gens ont une passion, il y en a qui se croit obligés de le crier sur les toits. Il faut que tout le monde se sache. C’est de l’orgueil. Comme la culpabilité excessive. La culpabilité excessive, c’est de l’orgueil aussi. Parce que c’est croire qu’on est Tout-Puissant comme Dieu. C’est croire que la terre ne tourne qu’en fonction de nous. Or, nous sommes des créatures limitées et Dieu est le Créateur. Même en faisant le mal, nous ne pouvons pas tout. J’ai rencontré un vieux pasteur qui avait reçu une paroissienne profondément tourmentée; elle était une paroissienne extérieurement tout à fait ordinaire. Mais voilà qu’elle confesse une lourde faute : elle pensait que son péché a été le déclencheur  de la seconde guerre mondiale. Cette femme est sortie du bureau du pasteur en étant délivrée de cette fausse culpabilité. Il y a des culpabilités qui viennent de l’Ennemi de nos âmes, et qui doivent être chassées au nom de Jésus.

 Résumons ce que nous venons d’apprendre par le texte de Michée : Dieu a contesté les faux raisonnements d’Israël le concernant. Israël se sentait coupable et était prêt à tous les sacrifices pour retrouver la relation avec Dieu, mais Dieu ne parle pas de sacrifices. La réponse de Dieu est toute simple : « on t’a fait connaître ô homme ce qui est bien et ce que le Seigneur demande de toi : rien d’autre que de faire le droit et l’amour de la grâce et de marcher modestement avec ton Dieu ».

Remarquons que Dieu s’adresse ici à Adam et non pas seulement à Israël: « on t’a fait connaître, ô homme, ô Adam… ! ». Il s’adresse à l’être humain à travers Israël, sa réponse concerne tout être humain. A tout être humain, Il demande simplement de marcher désormais avec Lui au jour le jour. Il y a un héroïsme du quotidien. Beaucoup d’héroïsmes ne se voient pas. Car marcher avec Dieu, cela se fait modestement. Les rabbins traduisent plutôt par « avec vigilance » le terme hébreu employé ici et qui est unique dans la Bible. Nous gardons les deux sens : marcher avec Dieu se fait modestement et avec vigilance. Le danger ne vient pas tant des autres que de nous, de nos faux raisonnements. Calvin dit que notre cerveau est une usine continuelle à fabriquer des idoles. C’est Dieu qui doit nous guider, le Dieu qui a parlé à Israël, qui nous parle en son Fils Jésus-Christ. Il nous faut l’écouter avec circonspection au jour le jour, marcher modestement. L’écouter toujours à nouveau. Cesser nos fausses conceptions de Dieu. Cesser de ressasser nos péchés, comme si nous étions le centre du monde, comme s’il fallait amadouer Dieu. Le pardon du péché est un miracle réalisé, réel. Le livre de Michée se termine d’ailleurs par cette belle adoration : « qui est un Dieu comme Toi qui ôtes le péché ? » 7/17. Un peu plus loin, Michée dit à Dieu : « Tu jetteras toutes leurs fautes au fond de la mer » 7/19. Les Juifs encore aujourd’hui, le jour de Kipour vont au bord d’un cours d’eau et symboliquement y jettent leurs péchés de l’année, car c’est ce que Dieu fait. Ce qui est noyé est noyé. Ecoutez aussi le dernier verset de Michée : 7:20 « Tu manifesteras ton amour fidèle aux descendants d'Abraham et de Jacob, comme tu l'as promis autrefois à nos ancêtres. » C’est exactement ce que dit Marie dans son cantique d’adoration Luc 1/54-55 : « Il est venu en aide au peuple d'Israël, son serviteur: il n'a pas oublié de manifester sa bonté envers Abraham et ses descendants, pour toujours, comme il l'avait promis à nos ancêtres. »

Dieu n’en a rien à faire de notre culpabilité, maintenant que nos fautes sont ôtées. Par contre, il cherche, il cherche notre main pour nous conduire aujourd’hui, demain, chaque jour au quotidien. « On t’a fait connaître ô homme ce qui est bien et ce que le Seigneur demande de toi : rien d’autre que de faire le droit et l’amour de la grâce et de marcher modestement avec ton Dieu »

Ô homme, ce que le Seigneur demande de toi, il te l’a déjà fait connaître. C’est vrai que ce Michée nous dit, c’est seulement un rappel de ce que Moïse a dit, de ce que le peuple hébreu a reçu dès l’origine, ce qu’Abraham a vécu : marcher avec Dieu au jour le jour.  Faire le droit. Michée donnera quelques exemples de ce que signifie faire le droit Michée 6/11-12 : « Puis-je tenir pour innocents ceux qui utilisent des balances fausses et mettent dans leur sac des poids truqués? Les riches de cette ville recourent à la fraude, ses habitants mentent comme ils respirent pour tromper les autres. » Nous pouvons bien sûr chaque jour nous trouver dans des situations où nous avons le choix d’appliquer le droit ou de tromper notre prochain, de respecter notre prochain ou d’abuser de lui. L’expression qui suit est, elle aussi unique dans la Bible : en plus du droit, Dieu demande que nous ayons « l’amour de la grâce ». Qu’est-ce que c’est l’amour de la grâce ? Le mot hébreu traduit par « grâce » signifie quelque chose de très profond, en lien avec l’alliance : la grâce au sens biblique, c’est l’attachement paisible et profond d’un cœur loyal. L’amour de la grâce, c’est donc aimer le fait de rester attachés aux autres, aimer le fait d’être fidèles aux autres, même quand ils nous font du tort, et à plus forte raison quand ils sont nos amis. Aimer cette fidélité discrète, qui ne fait pas de bruit et qui veut le bien de l’autre en tout temps, c’est cela l’amour de la grâce. Car la grâce est la caractéristique majeure du Dieu d’Israël, c’est son identité profonde : un attachement paisible et profond d’un cœur loyal à ses promesses, l’attachement paisible et profond d’un cœur loyal à ce qu’il dit. Combien Dieu est attaché à Israël, même quand il entre en contestation avec lui ! Combien Jésus est attaché à son Eglise, même quand il doit lui reprocher de l’avoir trahi et abandonné! Cet attachement profond et loyal du Seigneur à Israël est rappelé, comme je vous l’ai dit dans le dernier verset de Michée 7:20 que je traduis ici littéralement, mot à mot :  « Tu donneras vérité à Jacob, attachement paisible et profond de ton cœur loyal à Abraham, comme tu l’as juré à nos pères depuis les jours anciens ».

La Bible ne nous enseigne pas une religion, elle nous dit comment Dieu est entré dans notre histoire, et comment Dieu cherche des êtres humains qui marchent avec lui tous les jours, modestement et en restant vigilants, car l’être humain se trompe facilement. Mais Dieu Lui, est loyalement et très profondément attaché à l’être humain. C’est pourquoi Il lui a promis et juré tant de belles choses. Amen.

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